Afrik’actu : Niger : et après ?
Avec la désignation de l’ancien patron de la Garde présidentielle, Général Abdourhamane Tchiani, par l’armée nigérienne comme Président du Comité National de la sauvegarde de la Patrie (Cnsp) le coup d’Etat du 27 juillet 2023 contre le régime de Mohamed Bazoum est désormais effectif. Cette nouvelle donne au Niger, pays considéré comme le dernier repli du dispositif militaire et logistique de l’Otan déployé dans la zone sahélo saharienne, pourrait avoir des répercussions sur la situation sécuritaire et géopolitique au Sahel.
Chassées du Burkina Faso et du Mali, les troupes françaises ont été accueillies en grande pompe par le président déchu. Une partie des forces françaises Barkhane est redéployée au Niger. Indésirables au Burkina Faso, les soldats de l’opération Sabre y sont également redéployés. Le Pays de l’Oncle Sam dispose d’une base militaire à Agadez, où sont déployés quelque 800 militaires effectuant des rotations chaque 6 mois. La 201 Air Base dispose d’un Centre de surveillance du Sahel et est équipée d’une importante flotte de drones.
Le narratif des chancelleries et de leurs analystes fait croire que ce sont ces différentes présences militaires qui apportent ‘’une grande stabilité sécuritaire’’ au Niger. C’est ce narratif que met à nu le commandement militaire qui s’est emparé du pouvoir à Niamey. En effet, dès ses premières déclarations, Général Abdourhamane Tchiani a motivé la décision du coup d’Etat militaire par “la détérioration continue de la situation sécuritaire». Tout comme au Mali et au Burkina Faso ! Cela, en dépit d’une impressionnante présence étrangère! Le Niger va-t-il chasser à son tour ces forces étrangères ?
Si l’on se réfère à leurs déclarations, la probabilité est forte que les militaires de Niamey remettent en cause leur présence sur le territoire de ‘’bras cassés’’ ainsi que les qualifie une majorité de l’opinion nationale.
Et si elles étaient également chassées du Niger, quelles seraient les conséquences de leur départ sur la lutte contre le terrorisme au Sahel ? Le Burkina Faso, le Mali et le Niger pourraient-ils se remettre à coopérer militairement contre un ennemi commun : le Terrorisme international ?
Dans la zone des ‘’trois frontières’’ des millions de personnes sont en insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique. Il y a des millions d’autres déplacées voire en exil. Il n’y a plus école ni administration d’Etat. Le G5 créé pour faire face au terrorisme à l’origine de ces drames à ciel ouvert n’a jamais su donner les réponses souhaitées. D’ailleurs, avec le retrait du Mali en 2022, cette organisation militaire du Sahel est tombée dans la léthargie. Beaucoup d’analystes panafricanistes estiment que si le Niger arrivait à se débarrasser des forces armées occidentales néocolonialistes, les trois pays du Liptako-Gourma pourraient remettre en synergie leurs capacités de Défense et de Sécurité pour lutter plus efficacement contre ces terroristes instrumentalisés.
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger