Sans Tabou: cours à distance, l’engouement des apprenants s’estompe
Pour pallier le vide de la fermeture des établissements scolaires publics et privés du pays, à cause de la maladie du COVID-19, le Gouvernement a initié, depuis le 14 avril dernier, un programme de cours à distance, à travers la télévision nationale pour assurer dit-il «assurer la continuité pédagogique». Plus d’une semaine après, le constat est amer ! Sans l’accompagnement des parents, les enfants nourrissent très peu d’intérêt pour ce nouveau système.
Cette décision a été prise après la fermeture des écoles, suite à la menace persistante de la pandémie du COVID-19. Une semaine après son lancement, cette initiative des autorités semble vouer à l’échec. Pour cause !
Grâce aux nombreuses réactions des téléspectateurs, parents, enfants, enseignants et éducateurs, il ressort que l’enseignement à distance pose ainsi la question d’adaptabilité à nos réalités. En plus, il pose également un problème d’égalité de tous dans l’accès à ce type d’enseignement.
Des témoignages de certains jeunes apprenants, il ressort que ces cours sont difficiles à comprendre comparés aux leçons qu’ils ont l’habitude de suivre en classe.
De notre part, nous estimons que les organisateurs de ces cours doivent comprendre que le Mali s’étend sur 1 241 238 km². Alors combien de quartiers dans les villes sont électrifiés ? Combien de villages ne sont pas électrifiés ? Combien de localités ont une couverture d’internet ? Combien de foyers maliens sont capables de se procurer d’un téléviseur ?
Ce qui est évident, c’est que la façon dont tout a été orchestré au niveau national, sans prise en compte des disparités, pose problème.
Malgré la bonne volonté du département et des organisateurs de ces cours, la dématérialisation des cours nécessite une attention particulière des familles, ne serait-ce que pour s’assurer de la présence et du suivi des cours par les enfants. Or, il se trouve que les enseignants n’ont pas l’habitude de travailler avec les parents et beaucoup de parents n’ont pas non plus l’habitude de travailler avec les enseignants.
À ce stade, les avis divergent quant à l’« efficacité » de cette mesure. Pour les autorités scolaires, « il s’agit de corriger une faille du système éducatif malien, à travers la mise en œuvre d’un plan de la continuité pédagogique ».
Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que dans la grande majorité de l’opinion nationale, on voit dans cette initiative du chef du Gouvernement, tentative de cacher son incapable de résoudre la question enseignante, qui reste une grosse épine dans le pied des autorités respectives du Mali, depuis la deuxième république.
Ainsi donc, après l’échec cuisant du plan B qui consistait à expérimenter les enseignants volontaires, c’est l’improbable cours à distance qui est à son tour à rude épreuve. En tout cas, les expériences ont montré, même en France, que ce genre d’initiative a du mal à prospérer, sans l’accompagnement des parents d’élèves. Or, dans notre cas, précis, ces derniers sont soit analphabètes pour pouvoir guider les enfants, soit trop occupés par la recherche du pain quotidien pour être aux côtés des apprenants pendant les heures de cours à la télé.
Aussi, du côté des syndicats de l’éducation, préoccupés par le blocage de leurs salaires pour fait de grève, on trouve tous les moyens de saboter l’initiative.
Les responsables syndicaux rejettent cette initiative en laquelle ils n’ont pas été associés. Dans une déclaration, les syndicats de l’éducation se démarquent de cette ‘’fuite en avant de l’État’’ et déplorent son caractère discriminatoire et inégal vis-à-vis de tous les enfants du Mali.
Par Abdoulaye OUATTARA
Inf@Matin