Pr Issa N’Diaye : « l’accord d’Alger s’inscrit dans la dynamique de partition de notre pays»

A l’appel de l’Unité de Réflexion et d’Action pour le Mali, (URDAC -MALI), des centaines de personnes se sont mobilisées pour participer à une conférence-débat. C’était le samedi 24 août 2019, à la Maison de la Presse et sous une forte pluie.

Elle était organisée par l’Unité de réflexion et d’action Djeka Wili, regroupant les associations suivantes : (Debout pour le MALI, Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne, Association Yeelen, Réseau des citoyens actifs du Mali et le Collectif des Sans Papiers de Paris), cette conférence-débat avait pour thème : l’Accord d’Alger, Enjeux et perspectives pour le Mali. Le Professeur Issa N’Diaye, ancien ministre de l’Education Nationale, était le principal conférencier. Il était entouré de Yamadou Kéita, président du Bureau URDAC France, Garba El Haki Keita du RECAM, Mohamed Cherif Haidara du CSDM et du président National de l’URDAC – Mali Oumar Sekou Coulibaly.
Les organisateurs ont fait observer à l’assistance une minute de silence en hommage à toutes les victimes civiles et militaire de la crise du Mali. Dans son exposé liminaire, le Professeur Issa N’Diaye a déclaré que l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, signé entre l’Etat du Mali et les groupes armés est un document signé et concocté à l’extérieur, qui s’inscrit dans la dynamique globale de partition de notre pays. Pour preuve, il a énuméré les dispositions accordant des quotas dans la fonction publique aux ressortissants du nord, et dans le recrutement au sein des Forces armées et de sécurité dans les régions du nord du pays. De telles dispositions, pour cet ancien ministre, mettent en péril l’unité nationale et favorisent l’ethnisation et la régionalisation de l’armée nationale, creuset de l’unité nationale. Issa N’Diaye a déploré les dispositions de l’Accord qui prévoient que l’Etat central octroie 40% de ses revenus aux régions nord qui peuvent paradoxalement, au-dessus de l’Etat, signer des conventions avec les partenaires extérieures pour l’exploitation de ses ressources nationales.
Devant une assistance visiblement médusée par son aura et l’étendue de sa culture, le Professeur a vivement remercié le parti du Dr Zoumana Sacko, le CNAS FASO qui aurait été la seule formation politique à fournir l’analyse la plus complète sur l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger à travers une déclaration. Concernant la signature de l’Accord, le conférencier a dénoncé le fait que le Gouvernement ait signé ce document sans consulter son peuple. Comme perspective, le conférencier a appelé de tous ses vœux à la mise en place d’un rassemblement patriotique dénommé Conseil National de Resistance Populaire face à l’Accord d’Alger. Dans la même lancée, le Professeur Issa N’Diaye, connu pour ses prises de position tranchée, suggère également la tenue d’assise nationale, populaire et souveraine pour résoudre le défi de la Gouvernance.
Le doyen Ali Nouhoum Diallo a vivement félicité les organisateurs de la rencontre et le Professeur Issa N’ Diaye pour les éclaircissements, avant d’appeler tous les patriotes de tous bords à se retrouver pour mener la bataille pour la souveraineté nationale, économique et sociale. Pour sa part, le Professeur Kaourou Doucoure a invité les organisateurs à faire la lecture de tous les accords pour la paix, signés par l’Etat du Mali dans le cadre de la gestion des différentes rebellions depuis celle de 1957 et qui ont le même dénominateur commun : leur inapplicabilité. L’ancien Premier ministre, Zoumana Sacko a mis en relief les enjeux géostratégiques de l’Accord d’Alger qui, selon lui, attribue plus de pouvoirs aux régions que la Constitution Soudanaise de 1958 n’en accordait à la République Soudanaise.
Pour conclure, les organisateurs Yamadou Keita, Oumar Sekou Coulibaly ont tous remercié le conférencier et les participants pour la grande mobilisation qui a rehaussé l’éclat de l’évènement, avant d’inviter la presse à relayer largement l’information auprès de l’opinion nationale et internationale.

 

Source: Le Canard Déchaîné

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