MALI : SÉRIEUX DOUTE SUR LA RÉUSSITE D’UNE TRANSITION CIVILE DANS LE CONTEXTE ACTUEL

En analysant la situation, il y a lieu de constater une certaine indélicatesse de la part du président Bah N’Daw et de son Premier ministre, qui ont fait l’objet de critiques.
Il y avait une volonté manifeste d’écarter, vaille que vaille, le vice-président de la Transition, le colonel Assimi Goïta.
La nomination du gouvernement, qui a vu le remplacement des ministres respectifs de la Défense et de la Sécurité sans consultation du vice-président, s’est faite en ne respectant pas la Charte de Transition, sur laquelle avait prêté serment le chef de l’Etat malien, Bah N’Daw.
Des sources rapportent aussi que les deux hommes à la tête de l’exécutif malien, dans leur désir d’indépendance, avaient pris plusieurs décisions tendant à écarter Assimi Goïta.
Cette mafia qui sévit au sommet de l’Etat est née bien avant la formation du nouveau gouvernement. Elle avait pour objectif d’écarter tout militaire proche du CNSP et leur proche civile. Ainsi en a-t-il été pour le limogeage et le remplacement des directeurs du Pari mutuel urbain, du Trésor, du Budget et des marchés publics, sans avoir l’élégance républicaine d’en informer le ministre des Finances, Alfouseyni Sanou,, à ceci on ajoute l’annulation du décret d’attribution du permis attribué à Little Big mining au profit de B2Gold, premier décret signé par Moctar Ouane alors que le pays était paralysé par les différentes grèves dont celle de l’UNTM.
Evidemment, il est légitime qu’un président civil, fut-il de Transition, et qui est supposé être le chef suprême des armées, veuille prendre son indépendance vis-à-vis des ex-membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Mais, la politique, dans le contexte malien, ne suppose pas seulement légitimité. Il faut beaucoup de tact pour mener la Transition à bon port.
Bah N’Daw et Moctar Ouane, ont manqué de tact, nous ignorons a ce jour les détails de ce projet sombre visant écarter les militaires.
L’épilogue de cette crise de la Transition malienne qui a mené à la démission de Bah N’Daw aura le mérite de montrer plusieurs choses. D’une part, une cohabitation entre les civils et militaires est une gageure.
D’autre part, les colonels de Kati ne renonceront pas à prendre part à cette Transition, surtout après qu’au Tchad, l’Union africaine, la France, la Cemac et la communauté internationale toute entière ont laissé s’installer un régime militaire pour une transition.
Et enfin, ramener un nouveau chef de l’Etat civil, voire un autre gouvernement, retardera davantage la transition qui disposait initialement d’un délais de 18 mois pour organiser des élections. Il faut que le pragmatisme de l’ONU aille jusqu’au bout et qu’au plus vite, les 121 membres du Conseil national de transition, qui joue le rôle de Parlement, se réunissent pour donner pleins pouvoirs au vice-président de la Transition pour la formation d’un nouveau gouvernement.
La Rédaction

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