Mali : Des politiques en déphasage avec leur peuple !
Une horde d’hommes politiques en total déphasage avec le peuple s’agitent dans tous les sens, au sein du landerneau politique national, à travers une gymnastique sonore et nauséabonde, créant à tour de bras des mouvements tout aussi hétéroclites qu’éphémères, proposant des remèdes miracles à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays de toute part. Ils oublient un instant que cet état de fait est la résultante des années d’égarement qui ont ponctué l’histoire récente de ce pays sous des gouvernances auxquelles ils ont pourtant activement pris part, sans avoir l’honnêteté intellectuelle de décrier quoique ce soit en quelque moment que ce soit. Ils sont restés muets comme des carpes face aux prémices d’une descente aux enfers entamée sous leur regard indifférent et complice. Cela est un secret de polichinelle.
Les voilà, tout d’un coup, amnésiques, au point de renier leur propre responsabilité en tentant de jeter l’opprobre sur le pouvoir en place, dont ils contribuèrent à l’avènement à travers un manque manifeste de cohésion, qu’ils tentent pourtant de faire miroiter présentement pour éviter une disparition certaine du paysage politique. Certains ont d’ailleurs activement pris part, dans un passé très récent ; ils n’hésitaient alors pas de calomnier l’opposition, ignorant qu’ils seraient dans l’obligation de rejoindre celle-ci afin de laver l’affront des limogeages pourtant justifiés, mettant en exergue leur manque de cohérence politique, dans une absence totale de démarche intellectuelle qui devrait être de mise à ce niveau. Nonobstant les voies détournées et autres strapontins à la faveur desquelles ils veulent se refaire vainement une virginité politique.
Œuvrer en bon samaritain, en proposant des solutions factices qui n’ont jamais quitté la phase théorique, serait-elle la nouvelle voie empruntée par certains pour accéder autrement au pouvoir que par la quête d’une véritable légitimité populaire ? Les lois de la démocratie sont parfois impitoyables et ne laissent guère d’issues à ceux qui n’ont su se faire comprendre et adopter par leur peuple, en œuvrant à son bien-être global et non en accentuant les clivages entre riches et pauvres à travers l’émergence de deux systèmes parallèles de santé et d’éducation, jetant aux calendes grecques l’espoir de pans entiers d’un peuple qui croyait pourtant trouver son salut dans cette démocratie chèrement acquise, sous la houlette d’hommes politiques hybrides, mus par l’accaparement impitoyable de richesses, au détriment des forces laborieuses du pays.
Pour en venir aux problèmes qui secouent aujourd’hui le pays, les germes de bons nombres d’entre eux furent semés depuis belle lurette, par ceux-là qui s’improvisent aujourd’hui en convoyeurs de solutions.
Il est temps que le peuple se réveille et prenne entièrement possession de sa souveraineté idéologique, sortant des sentiers battus de la manipulation outrancière d’une minorité apatride, qui ne se soigne pas dans nos hôpitaux, qui n’envoie pas ses enfants dans nos écoles, qui ont fait de l’Hexagone leur Mecque, qui ont des propriétés en Occident, sont pour la plupart munis d’une double nationalité et n’auront finalement besoin de leur terre natale que pour leurs funérailles.
Que peut-on attendre d’une élite complexée qui snobe régulièrement ses origines au profit de forces néocolonialistes qui se réimplantent progressivement sur des terres dont leurs ancêtres ont jadis spolié les habitants, ironie du sort que de voir les descendants de ces derniers accourir vers eux, sous le regard complice de pseudos intellectuels et le silence coupable d’une élite en proie à un complexe constricteur de l’émergence des qualités endogènes, qui ne font pourtant pas défaut. Ce qui vient confirmer le succès de ce processus d’acculturation dont leurs aïeuls avaient entamé et dont les séquelles sont encore présentes et visibles au sein de cette pseudo intelligentsia qui avait pourtant pour mission primaire de remédier à son expansion, en proposant des alternatives crédibles, mais la montagne accoucha d’une souris et les peuples se sont infailliblement trouvés pris au piège.
Face à ce constat amer, le salut ne viendra-il pas des acteurs du secteur privé et de la société civile naissante ? Qui d’ailleurs ne cessent de manifester leurs velléités à aller à la conquête du pouvoir, en décriant un fonctionnariat corrompu, qui empiète sur l’éclosion économique du pays.
Il serait inexact de dire que rien n’a été fait, mais, il est à constater que bon nombres d’actions furent posées dans une totale irresponsabilité, dans un dédain total de la dimension prospective sensée enrobée les actes de décideurs patriotes, dans le mépris total de l’intérêt des générations futures.
Et pourtant, la réaction au délitement du tissu socio-économique résultant de cette irresponsabilité n’est autre aujourd’hui que l’expatriation massive et éhontée vers d’autres cieux, pour y avoir accès à des soins de qualité ou encore à une éducation de qualité.
Voici où nous en sommes après plus d’un demi-siècle d’indépendance, sous le leadership d’une élite incapable de promouvoir un quelconque essor économique. Il est donc temps de passer à autre chose, d’essayer de faire autrement en s’inspirant des pays en voie de développement qui, bon an mal an, tentent de sortir de l’ornière en se réappropriant leur souveraineté à travers l’émerge de véritables capacités d’adaptation et d’innovation.
Kalifa Dienta
Le Démocrate