Guinée: les mobilisations entraînent un ralentissement des activités économiques

Dimanche, les Guinéens choisiront leurs députés et se prononceront également lors du référendum sur une nouvelle Constitution. Demain une nouvelle journée de mobilisation est prévue. Reportage au marché Niger, dans le centre-ville de Conakry.

Avec notre envoyée spéciale à Conakry,  Bineta Diagne

Assise sur un tabouret, Salimata Sylla a le regard vide, lorsque les clients pressent le pas sans s’arrêter devant son étal de courgettes et de manioc. Depuis janvier, les activités tournent au ralenti. Cette vendeuse est désarmée. « Dès qu’on annonce une journée de manifestation, il n’y a pas de client. Rien ne marche. Les maigres recettes que je perçois à la fin de la journée, je les utilise pour nourrir ma famille », se désole-t-elle.

Depuis plusieurs semaines, le Front national pour la défense de la Constitution cherche à insuffler une mobilisation citoyenne. Les dernières mobilisations ressemblent à des « journées villes mortes » : les commerces et les banques ferment, tandis que par endroits, des heurts très localisés sont parfois signalés dans certaines communes de Conakry et de l’intérieur du pays. Le FNDC déplore plus d’une trentaine de victimes.

Mariama Camara, prépare du riz et des haricots, sans trop d’enthousiasme : ses clients, dit-elle, se font plus rares à cause des manifestations. « Le marché est vide, car les gens ont peur d’être pris à partie dans les violences. Les manifestations n’arrangent pas mes affaires. Lorsque je rentre sans le moindre bénéfice, j’emprunte de l’argent chez des voisins ou des amis afin de nourrir mes enfants. Je les rembourserai lorsque je gagnerai à nouveau de l’argent. »

L’inquiétude se lit aussi sur le visage d’Adjia, une fonctionnaire, qui négocie du poisson et des condiments pour tenir le coup ce week-end d’élections. « Avant, si tu avais 50 000, tu pouvais t’en sortir. Mais aujourd’hui, quand tu vas au marché, tu n’as pas 80 000 francs, tu peux pas… »

Une fonctionnaire fait ses courses : « étant mère de famille, j’aime anticiper beaucoup » pour faire ses provisions.

Le Groupe organisé des hommes d’affaires, dont environ 80 commerçants sont membres du Front national pour la défense de la Constitution, estime à près de 150 milliards de francs guinéens (environ 14 millions d’euros) l’ampleur des pertes liées aux pillages et aux incendies contre des marchés, ces dernières semaines.

RFI

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