Face à la l’urgence du retour à l’ordre constitutionnel… Le pouvoir de Transition vers un bras de fer avec les acteurs politiques ?
Le pouvoir du Col Assimi Goïta semble s’inscrire dans la logique d’un mandat présidentiel avant d’aller aux élections. Ce qu’une partie de la classe politique s’apprête à dénoncer comme « confiscation du pouvoir ».
Hissé à la tête du pays par un double coup d’Etat (août 2020 et mai 2021), le pouvoir du Colonel Assimi avait désiré mener une « transition de refondation » d’au moins 5 ans. Cette ambition avait suscité un tollé au sein d’une partie de l’opinion, non sans avoir provoqué l’ire des dirigeants de la CEDEAO et de la communauté internationale. Et, après de premières négociations, un délai de 18 mois avait été accordé aux autorités de cette transition, mais cela n’a pas été respecté. La concession fut faite sur une période supplémentaire de 24 mois à partir de mai 2022. Ce qui prévoyait la tenue des élections générales pour la période de mars à mai 2024. Mais, à la date d’aujourd’hui, les préparatifs des élections sont à un point qu’il est certain que cet agenda est encore intenable.
Puisque le dispositif électoral est à peine mis en place. C’est le cas de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), l’organe unique d’organisation et de gestion du processus électoral, qui n’est installé qu’à Bamako. Alors que le problème même du financement des élections se pose avec acuité. Le président de la Cour constitutionnelle n’a-t-il pas avoué récemment que son institution n’a pas encore de moyens financiers pour jouer sa partition dans la tenue d’un scrutin ?
Cet aveu d’impuissance corrobore les difficultés ou peut-être même le manque de volonté politique réelle du pouvoir actuel d’aller vers l’organisation des élections devant sanctionner le retour à l’ordre constitutionnel. Surtout que la loi électorale précise que l’AIGE et ses démembrements doivent être mis en place six mois avant la tenue du premier scrutin de l’agenda électoral, à savoir le référendum constitutionnel. Or, à la date de ce lundi 20 février, aucun des démembrements de l’AIGE n’est encore installé. Et dire que, selon les experts, au moins 3 à 4 mois sont nécessaires pour installer tout ce dispositif d’organisation et de gestion dans les régions, cercles et représentations diplomatiques et consulaires du pays. Sans compter les ressources financières énormes dont l’Etat a besoin pour ce travail.
Tout cela fait que les prévisions les plus optimistes tablent sur la fin de cette année 2023 pour la tenue, le cas échéant, du référendum sur la nouvelle Constitution, dont le texte n’est pas encore finalisé.
Ce retard excessif met en colère de nombreux responsables politiques, qui n’ont de cesse appelé le pouvoir à abandonner l’initiative référendaire. Ce à quoi le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale, Colonel Abdoulaye Maïga oppose une fin de non-recevoir. En indiquant qu’il faut laisser le peuple se prononcer sur le futur texte. Ce qui exacerbe la colère de nombreux partis politiques et des acteurs de la société civile,, qui comptent monter au créneau dès ce lundi, pour fustiger ce qu’ils appellent la volonté de « confiscation du pouvoir ».
Ils projettent de mener des actions de contestation pour pousser le pouvoir à hâter la marche du pays vers le retour à l’ordre constitutionnel. Et Issa Kaou N’Djim du parti ACRT, non moins ancien vice-président du CNT, de souligner qu’il faut « aider les militaires à regagner les casernes ». Ce qui augure d’une forme de bras de fer entre le pouvoir et ses alliés face à des contestataires, impatients de voir la Transition conduite à son terme.
Boubou SIDIBE/maliweb.net