Confédération des producteurs de coton : Bakary Togola met sur écoute téléphonique un ex-collaborateur
Bakary Togola, le président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC) et président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) est décidément abonné aux scandales. Il s’est arrogé le droit de mettre sur écoute les communications téléphoniques de Fadiala Coulibaly, celui-là même qu’il a licencié de son poste de responsable administratif et financier (Raf) de la C-SCPC.
Sacré Bakary Togola. Il est déjà empêtré dans de salles affaires comme des soupçons de détournement d’une vingtaine de milliards de F CFA en sa qualité de président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton et en même temps d’imitation de la signature du PDG de la CMDT, Baba Berthé, dans le cadre d’une commande d’engrais de mauvaise qualité avec un réseau de distributeurs d’intrants agricoles. La nouvelle forfaiture à son arc est cette affaire d’écoute téléphonique orchestrée de son propre chef sur la personne de Fadiala Coulibaly, son ex- Raf, qu’il a licencié abusivement en juin 2019.
Le mardi 30 juillet 2019, Fadiala Coulibaly domicilié à N’Kouralé, dans la Commune rurale de Kalabancoro, près de l’université de Kabala, échappe in extremis à une tentative d’enlèvement des policiers du 4è arrondissement. Ces derniers lourdement armés à bord d’un véhicule débarquent chez lui. En son absence, les policiers en mission trouvent sur place l’une de ses épouses à qui ils déclarent être à la recherche de leur époux et qu’ils sont en mission. Ils ne tardent pas à rebrousser chemin lorsqu’ils ont été informés que Fadiala Coulibaly est parti en ville. Sur leur chemin du retour, ils croisent leur proie accompagnée de deux de ses frères vers le marché de Niamakorokourani. Comme s’ils avaient à faire à un malfrat, les policiers sautent de leur véhicule en pointant leur arme sur M. Coulibaly tout en le forçant à monter à bord de leur engin sous prétexte qu’ils ont un mandat d’amener contre lui, décerné par le procureur de la République près le tribunal de la Commune V. M. Coulibaly refuse d’obtempérer en leur expliquant qu’il souhaite se rendre de lui-même au commissariat puisqu’il n’est pas un bandit de grand chemin.
Arrivé au commissariat du 4è arrondissement, M. Coulibaly s’est vu signifier une plainte du président de la C-SCPC pour “violation du secret professionnel”. Le commissaire abasourdi, puisque mis devant un fait accompli, n’avait rien compris de l’interpellation de M. Coulibaly. A son arrivée, il a rétorqué à ses agents que ce monsieur n’avait pas besoin d’une méthode musclée d’interpellation. Apparemment, bien qu’il ait eu une convocation du procureur de la Commune V, l’arrestation de M. Coulibaly a été organisée par une main invisible au commissariat, à l’insu du commissaire lui-même.
Pour ce qui est de l’accusation de “violation du secret professionnel”, prévue et punie par l’article 130 du code de procédure pénale, le plaignant à en croire son avocat, s’est référé aux entretiens téléphoniques entre Fadiala Coulibaly et un journaliste (votre fidèle serviteur dont une copie est versée au dossier du plaignant) où il a été question des détournements d’argent par Bakary Togola, ses décaissements frauduleux, sa gestion patrimoniale de la confédération, entre autres. La “violation du secret professionnel” est effectivement punie au plan pénal, mais des exceptions sont prévues pour des régisseurs, comptables, responsables administratifs et financiers, etc., qui ont obligation de dénonciation de certains manquements à l’orthodoxie financière au risque de se rendre complices des mêmes pratiques délictuelles.
Le comble dans cette affaire est que la plainte de Bakary Togola était accompagnée d’une copie de la prétendue conversation entre Fadiala Coulibaly et le journaliste que je suis. Il faut normalement une réquisition du procureur pour mettre un citoyen sur écoute téléphonique quel que soit le motif. Si ses conseils lui rendaient service, cette plainte devrait être étouffée avant d’atterrir sur la table du procureur puisque cousue d’irrégularités. Il oublie qu’il peut lui-même être l’arroseur arrosé dans cette affaire, si tout se passait normalement. Son agissement est vraisemblablement la concrétisation de ses propres propos où il dit qu’il ne peut perdre aucun procès au Mali, en ce sens qu’il a les moyens de se payer tous les procureurs de notre pays (diantre !). Comprendre qui pourra.
Il faut noter que la plainte pour licenciement abusif intenté contre lui par M. Coulibaly, s’ouvre ce mardi au tribunal du travail de Bamako. Certainement que sa plainte en “violation de secret professionnel” visait tout simplement à noyer le poisson dans l’eau.
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune