À la conférence régionale du parti Yéléma à Sikasso, Moussa Mara dénonce et propose : “Ce n’est pas avec l’armée seulement qu’on peut résoudre les problèmes du Centre du pays” “Il ya des gens à la Cofop qui ne se réjouissent que quand le pays a des problèmes”
C’est par la région de Sikasso que le top départ des conférences régionales du parti Yéléma a été donné. Des assises similaires se tiendront dans presque toutes les régions du Mali pour faire l’état des lieux de cette formation politique. Présidée par le président du parti, Moussa Mara, la rencontre, tenue à l’hôtel Zanga, a été mise à profit pour aborder les sujets d’actualité comme la situation sécuritaire, sociale et politique du pays.
Pour cette conférence régionale, qui se tenait en prélude à la conférence nationale prévue au mois de novembre, les délégués sont venus de toutes les localités du pays. Faisant l’état des lieux, le coordonnateur du parti pour la 3e région a rappelé que Yéléma se porte bien à Sikasso.
“Avec plus de 500 cellules de base implantées, 81 conseillers communaux dont un maire et des milliers de militants et sympathisants, Yéléma est présent dans les 147 communes de la région. Ce résultat est l’œuvre des soldats du changement qui, dans la région, depuis le début, n’ont jamais cessé de se battre pour la cause du changement positif et graduel à qui je rends un vibrant hommage”, a souligné M. Diarra.
Il a salué l’initiative des conférences régionales, car elles permettent assurément de faire l’état des lieux du parti et de recueillir les préoccupations à la base. “Cela est la traduction d’une des valeurs du parti. Travailler de la base vers le sommet et non le contraire. Comme vous le savez, on n’a jamais commencé à construire une maison par le toit, c’est toujours par la base, le soubassement qu’il faut commencer.
Cette conférence salutaire, à cette heure de la marche de notre parti, servira de cadre de rassemblement des élus, responsables, militants et sympathisants pour échanger sur les principes du parti, faire l’état des lieux du parti, solliciter et formuler des recommandations pour faire face aux difficultés et aux défis auxquels le parti est confronté.
Il s’agira aussi de remobiliser et réarmer les militants pour les échéances futures dans lesquelles le parti sera engagé. Tout cela sera abordé à la lumière de sept thèmes qui seront débattus pendant cette conférence”, a détaillé M. Diarra.
“La situation actuelle du pays est préoccupante”
A la suite du coordonnateur régionale du pays, le président du parti Yéléma, l’ancien Premier ministre n’a pas porté de gang pour décrire la situation actuelle du pays qu’il a jugé préoccupante.
“L’insécurité est très forte au centre. On ne voit pas d’issue favorable à court terme, de changement de stratégie. Les autorités semblent même être perdues face à l’ampleur des problèmes du pays. Les problèmes ne sont pas seulement qu’au centre, il y a les grèves, toutes les catégories sociales sont mécontentes, notamment l’enseignement, les personnels de DFM… il y a aussi la crise financière. Le Premier ministre a dit clairement qu’il n’y a pas d’argent que si les gens veulent, ils peuvent faire tomber le gouvernement par contre qu’il n’y a pas d’argent. Pour remédier à ces problèmes, nous avons suggéré aux autorités de décrisper la situation politique, toute chose qui a commencé et nous souhaitons que cela soit accéléré pour que le milieu politique donne des perspectives au pays”, a soutenu Moussa Mara.
Pour lui, il faudrait que le président IBK et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, s’entendent sur une voie de sortie de crise et se fassent accompagner par une partie de la classe politique pour mettre cela en œuvre afin de régler la question du Nord, la crise au centre, la crise financière, stabiliser l’atmosphère sociopolitique, mettre les Maliens ensemble.
Moussa Mara a aussi invité l’Etat d’arrêter de compter sur les milices, de désarmer toutes milices. “Que les donzo arrêtent aussi d’attaquer ! Ce n’est pas leur rôle. Il est temps que le gouvernement siffle la fin de la récréation. La deuxième chose que l’Etat doit faire, c’est l’occupation du territoire au centre, au nord, cela veut dire accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix pour désarmer les groupes armés, réinstaller l’armée et cela va soulager l’armée au centre. Mais en réoccupant le territoire, il faut respecter les droits de l’Homme, en évitant les exactions, il faut une équité absolue entre les populations. En somme l’Etat qui revient ne doit pas être le même Etat que nous avons connu pendant les 59 dernières années”, a conseillé Moussa Mara.
En tout cas, il s’est dit convaincu que les problèmes du Centre ne seront pas résolus seulement avec l’armée. “Il nous faut un l’Etat qui viendra avec un autre état d’esprit. Les policiers, les gendarmes, les magistrats… que tous ces gens là viennent avec un autre état d’esprit. Qu’ils viennent pour servir les populations, pour être équitables entre les populations. Considérer aussi que tout est question de terroriste au centre, s’est se tromper lourdement”, a-t-il ajouté.
Un gouvernement de mission
Pour le président de Yéléma, les gens mettent toujours la charrue avant les bœufs. En ce sens, il soutiendra que certains parlent déjà de gouvernement d’union nationale. Avant de poursuivre : “Je préfère plutôt un gouvernement de mission pour se donner des objectifs dans deux ans. Même si on ne sortait pas des difficultés, on serait rassurés”.
A la question de savoir si Yéléma est prêt à participer à un gouvernement, Moussa Mara de répondre en ces termes : “Si le président IBK, Soumaïla Cissé et le camp FSD se mettent d’accord, nous nous serons là pour accompagner, partout où on nous sollicitera on sera là. Nous ne sommes pas des chercheurs de place, mais si on pense qu’on a besoin de nous pour sortir le pays ce cette crise, avec le rassemblement de la classe politique nous allons répondre présent”.
Au cours des travaux de cette conférence régionale, Moussa Mara a tenu à clarifier sa position sur le regroupement Cofop. Selon lui, ce regroupement n’a pas été mis en place pour chercher le pouvoir mais pour contrer la violation du prolongement du mandat des députés qui est pour eux une violation de la Constitution. “Comme nous avons vu que nous avons une convergence du vue avec d’autres formations politiques comme le parti d’Housseini Amion Guindo, d’Oumar Mariko, nous nous sommes mis ensemble pour contrer cette prolongation. Mais à notre grande surprise, nous avons vu que les députés de certains partis membres de la Cofop ; à savoir : la Codem ont voté la prolongation des mandats des députés. Et les députés de Sadi ont aussi fait marche arrière sur la question en rejoignant l’hémicycle, alors nous avons dit que même si nous participons aux réunions de la Cofop ce regroupement n’a plus sa raison d’être. Mais au parti Yéléma, notre plus grand problème avec la Cofop, c’est qu’il y a des gens dans ce regroupement qui ne se réjouissent que quand le pays a des problèmes. Par contre, au parti Yéléma nous, nous sommes pour la stabilité et le dialogue”, a révélé Moussa Mara.
Il a aussi souligné que son parti avait invité le président de la République à engager un dialogue franc avec l’ensemble de la classe politique pour une sortie de crise, mais il a regretté que cette position ne semble pas être partagée au niveau de la Cofop.
“Mais ce qui m’a pas du tout plu, c’est le fait que ce regroupement s’est fendu d’un communiqué pour dire que le dialogue entamé par le président IBK est du leurre et a mis le parti Yéléma parmi les signataires dudit communiqué tandis que je ne connaissais même le contenu de ce communiqué. Pire, j’étais en mission au Tchad. En clair, la Cofop nous a fait signer un communiqué auquel nous n’avons été ni de près ou loin associé à la rédaction”, a déploré Moussa Mara. Pour lui, s’il avait signé ce communiqué cela traduirait que le parti Yéléma n’est pas cohérent dans ses prises positions pour la simple raison que c’est leur formation politique qui a invité le président à prendre langue avec la classe politique.
Les travaux ont été mis à profit par le président du parti Yéléma pour rappeler son vœu de vrai changement. “Et ce changement comme nous l’avons dit à la veille de l’élection présidentielle de 2018 ne sera ni une réalité ni avec IBK ni avec Soumaïla Cissé, c’est pourquoi il a urge pour les forces du changement de se mettre ensemble”, a conseillé M. Mara.
Il faut rappeler que dans le cadre des conférences régionales, le président Mara et sa délégation dont des membres du comité exécutif sont attendus ce week-end à Kayes.
Kassoum Théra, envoyé spécial