Mali, Niger, Côte d’Ivoire : De la tension à la normalité
Les tensions entre les autorités de la transition malienne et ses voisins du Niger et de la Côte d’Ivoire n’auraient duré qu’une année. Niamey et Abidjan ont repris leurs traditionnelles relations économiques et de lutte contre le terrorisme avec le Mali malgré le maintien des militaires au pouvoir.
Entre Niamey, Abidjan et Bamako, c’est le retour à la normalité. Telle est la lecture qu’on pourrait faire sur la coopération bilatérale entre le Mali et ses deux voisins qui s’étaient illustrés il y a un an par des diatribes à l’endroit du pouvoir militaire malien. Clash dans les médias interposés, discours incendiaires dans les tribunes de l’Union africaine et dans les palais présidentiels. L’occasion ne manquait pas sans que les dirigeants des trois pays ne se livrent à des scènes que le commun du mortel n’aurait imaginé entre le Mali qui est lié d’une part au Niger par le désert, la culture, les conditions climatiques très difficiles, et d’autre part à la Côte d’Ivoire par le vaste espace géographique de l’ethnie Sénoufo divisé entre les frontières issues de la colonisation.
Aujourd’hui, les dirigeants de ces pays semblent tourner cette page. Le Président Mohamed Bazoum a dépêché à Bamako en mars le chef d’état-major des armées du Niger, le Général Salifou Mody, quelques jours après avoir perdu près d’une vingtaine de ces militaires dans les frontières maliennes. Il a été reçu à Bamako par son homologue malien et par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Au centre des discussions, « la coopération en matière de sécurité » le long des plus de 800 km de frontière entre les deux pays, selon l’état-major nigérien. Le retour du Général Salidou Mody a été suivi par une vaste opération engagée par les éléments de l’opération antijihadiste nigérienne Almahaou dans la zone de Tiloa. Cette opération menée par les forces aéroterrestres a pris en partie les terroristes jusqu’à la zone de Hamakat au Mali. Selon les médias nigériens, cette zone est réputée d’être le lieu de refuge du responsable présumé de l’embuscade du 10 février à Intagamey qui a causé la mort de moins 17 soldats et la disparition de douze personnes.
Et quant aux autorités ivoiriennes, elles ont pratiquement tourné la page de l’histoire des 49 militaires. Abidjan a repris les échanges commerciaux avec Bamako. Une délégation ivoirienne a récemment séjourné dans la capitale malienne, où elle a tenu avec la partie malienne la réunion de la 4è session de la grande commission mixte de coopération. L’occasion a été indiquée par les deux parties de rappeler au renforcement des liens commerciaux notamment à travers l’éradication de toute entrave à l’implantation des activités dans les milieux d’affaires nationaux entre les deux pays et de faciliter l’accès mutuel à leur marché respectif. Il ressort également de cette rencontre que le Mali est le premier client mondial de la Côte d’Ivoire avec un chiffre d’affaire qui s’élève à 913,4 milliards de FCFA en 2022, soit une hausse de 45% par rapport à 2021.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net