Gestion minière: Quand le Burundi s’inspire du Mali
Récemment, l’actuel ministre malien des mines a tapé du poing sur la table en retirant le permis d’exploitation minière dans la région de Kayes au sud du pays, à une société étrangère n’ayant pas pu respecter ses engagements et présenter les résultats escomptés dans le délai.
Février 2021, alors que le nouveau ministre malien des mines tentait de mieux voir dans certains dossiers cruciaux de son département, une société canadienne MENANKOTO du groupe B2gold, dont le permis d’exploitation minière a expiré, s’attend à un renouvellement telle une lettre à la poste. Et avec des arguments. Déjà, sur le terrain, le constat de l’administration minière est amer : Jusqu’au terme la période de prorogation, MENAKOTO SARL n’a pas fourni son étude de faisabilité. Ce qui a, conformément à l’article 38 du code minier, rendu le permis caduc et favorisé son annulation, qui d’ailleurs relève de l’appréciation des autorités minières, seules compétentes à apprécier,leur fit savoir le ministre Lamine Seydou Traoré.
Mieux encore, il est ressort qu’à l’issue du délai initial de 03 ans et des deux (02) périodes de renouvellement de deux (02) ans chacune, prévus par l’article 38 susvisé, le permis de recherche accordé à la société canadienne MENANKOTO SARL, le 04 février 2014, a pris fin le 04 février 2021, par l’arrivée de son terme, comme l’indique l’article 41 du même code minier. Malgré cette évidence, la société MENANKOTO SARL relançait encore le Ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, en début mars 2021, à propos de cette même affaire de permis de recherche, en soutenant avoir déposé le 04 février 2021, une demande d’attribution d’un nouveau permis de recherche sur le même site et qu’elle devrait donc en bénéficier en vertu du principe « premier venu, premier servi » de l’article 32 du Code Minier de 2019.
Sans attendre à écouter le dilatoire véhiculé par la Société impérialiste qui n’en a que faire des intérêts du Mali, le ministre Lamine octroie le permis du même périmètre à une société nationale appartenant à des Maliens et employant principalement de Maliens. Un acte salutaire pour bon nombre d’observateurs.
Outre le vif émoi que la décision du ministre malien a suscité en remettant à sa place une société étrangère que d’aucuns croyaient intouchable, pour donner la chance à une entreprise locale, l’acte a visiblement servi d’exemple à plus de six mille kilomètres de Bamako. À Bujumbura, le nouveau Président burundais a suspendu lui aussi les permis d’exploitation minières de plusieurs sociétés étrangères.
Le constat est monotone. Comme à Bamako, les autorités burundaises également jugent les gains en deçà de la juste part de l’État. Seule différence, à Bamako, les autorités minières ne veulent plus donner donner l’occasion à des sociétés d’exploitation minières inaptes à présenter de résultats dans le délai couvrant le contrat du permis d’exploitation.
En plus, l’idée de la promotion des entreprises locales a été privilégiée. Et la période de la transition a été la période cruciale pour démêler le plus rentable du moins avantageux. Et d’après des sources autorisées, le ministre Lamine Seydou ira plus loin en renégociant tous les contrats miniers au Mali.
Madou Keïta