Justice et lutte contre la mauvaise gouvernance : L’épée de Damoclès pour scier des têtes ?
A force d’être simplement cités dans des affaires où les fonds publics ont été visiblement mal gérés, de hauts responsables du pays vont devoir passer des nuits blanches. Ce qui va paralyser certains d’entre volonté de servir autrement le pays.
Malgré le sacro-saint principe de la présomption d’innocence, les hauts responsables cités dans ces affaires auront du mal à être sereins, tant il pourrait être difficile pour certains de prouver leur innocence. Mais la justice peut-elle aussi démontrer leur culpabilité ? Cela n’est pas évident. Mais du fait qu’il s’agit d’une réouverture de dossiers, il se peut que les juges arrivent à se donner les moyens de leur poursuite.
Dans son communiqué du 27 mars, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune III du District de Bamako, chargé du Pôle Economique et Financier de Bamako, portait à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale des informations intéressantes.
On lit dans le document qu’en Décembre 2019, suivant instructions écrites du Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, le Parquet a décidé de la réouverture des enquêtes dans l’affaire relative à l’acquisition d’un nouvel aéronef ( avion présidentiel) et à la fourniture aux Forces Armées Maliennes d’un important lot de matériels d’Habillement, de Couchage, de Campement et d’Alimentation (HCCA), ainsi que des véhicules et pièces de rechange; laquelle affaire avait préalablement fait l’objet d’un classement sans suite.
Les investigations complémentaires menées par la Brigade Economique et Financière du Pôle Economique et Financier de Bamako, indique le communiqué, ont permis de conforter les graves manquements à l’orthodoxie financière et comptable, relevés par le Bureau du Vérificateur Général, avec des faits de détournements de deniers publics sur fond d’opérations frauduleuses pour un montant de 9 350 120 750F CFA et de surfacturation par faux et usage de faux pour un montant de 29 311 069 068F CFA.
Après exploitation des différents documents, le Parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire et un Cabinet d’instruction spécialisé du Pôle Economique et Financier de Bamako a été désigné pour instruire sur les faits de faux en écriture, usage de faux et complicité de ces faits, de complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux et autres malversations et de complicité de favoritisme., contre les nommés Sidi Mohamed KAGNASSY, Amadou KOUMA, Nouhoum KOUMA, Soumaïla DIABY, Mahamadou CAMARA et Marc GAFFAJOLI.
Par ailleurs, en raison des graves présomptions de faits de faux en écriture, usage de faux, atteinte aux biens publics, corruption et délit de favoritisme, qui ont pu être relevées à l’encontre des nommés Soumeylou Boubéye MAIGA, Madame BOUARE Fily SISSOKO et Moustapha BEN BARIKA, qui étaient tous Ministres au moment des faits, le Parquet a procédé à la transmission des éléments d’enquêtes au Procureur Général de la Cour Suprême pour saisine de l’Assemblée Nationale, conformément aux dispositions pertinentes des articles 613 du code de procédure pénale et 15 de la Loi portant composition, organisation et fonctionnement de la Haute Cour de Justice.
Le Procureur tient à rappeler que les personnes citées sont présumées innocentes à ce stade de la procédure et que des investigations objectives, transparentes et diligentes seront menées pour faire toute la lumière dans cette affaire. S’agissant des autres affaires portées à la connaissance du Parquet, notamment celle relative aux avions cloués au sol, les investigations suivent normalement leurs cours et feront l’objet d’une communication ultérieure.
Le Procureur sait pouvoir compter sur la bonne compréhension et la bonne collaboration de tous au service d’une justice indépendante et crédible.
Source: Mali-Horizon