Elevage au Sahel : L’ILRI accroît la couverture vaccinale des chèvres et des moutons

Au Mali, l’adoption d’un ancien vaccin serait une nouvelle façon de lutter contre la pauvreté ; des scientifiques ont en effet trouvé un moyen d’augmenter la couverture vaccinale des chèvres et des moutons au Sahel. L’information est révélée par un communiqué rendu public le 8 janvier dernier par l’Institut international de Recherche sur l’Elevage (ILRI).

 

Selon ce communiqué, des chercheurs de l’ILRI ont trouvé un moyen d’accroitre considérablement la couverture vaccinale des ovins et des caprins contre l’une des maladies animales les plus courantes et les plus redoutées dans le Sahel connu notamment sur le nom de   Peste des Petits Ruminants (PPR), une infection virale endémique dans la région qui tue jusqu’à 90 % des animaux qu’elle infecte. L’approche, indique le communiqué, est détaillée dans un article récemment publié dans Frontiers in Veterinary Science par Michel Dione, un chercheur à ILRI.

 

« Le contrôle de la PPR pourrait réduire considérablement la pauvreté dans la région, et l’Office International des Epizooties (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) se sont fixés comme objectif d’éradiquer cette maladie d’ici 2030. » peut-on lire dans le même communiqué selon lequel un vaccin contre la maladie existe depuis des années et a une efficacité à vie de 100 %. Cependant, son adoption dans les pays endémiques de la maladie reste inégale pour plusieurs raisons mises en exergue par l’ILRI. Dans l’ordre du communiqué, il s’agit de son coût élevé, de la faible sensibilisation des éleveurs sur les avantages de la vaccination, de la difficulté d’accéder au vaccin dans les zones éloignées et d’insécurité et d’une mauvaise planification et un mauvais suivi des programmes de vaccination. « Hausser les taux de vaccination permettra non seulement d’inoculer les animaux traités, mais aussi d’aider à obtenir l’immunité du troupeau, en propageant une protection à l’ensemble de la population, y compris les animaux non vaccinés. » annonce l’ILRI dans son communiqué.

Pour le cas concret du Mali, à en croire le communiqué, des chercheurs de l’ILRI travaillant sur place sur les chaînes de valeur du bétail ruminant domestique ont contribué à augmenter les taux de couverture vaccinale des animaux en améliorant les interactions entre les acteurs impliqués dans la chaine de vaccination tels que les éleveurs, les vétérinaires privés /mandataires, les élus locaux et les services vétérinaires publics. « Les chercheurs ont encouragé les divers intervenants à collaborer à la planification, à la mise en œuvre et à l’évaluation des programmes de vaccination ; la promotion du partage des connaissances, dans la communication et le renforcement des capacités. » souligne le message de l’Institut.

Toujours  selon  le communiqué, ces initiatives ont produit des améliorations mesurables. Ainsi en chiffres, après seulement un an, la couverture vaccinale est passée de 40 000 à 140 000 têtes dans les communes cibles de la région de Sikasso et de 10 000 à 160 000 dans la région de Mopti ; le taux de séroprévalence de la PPR est passé de 57 % à 70 % et de 51 % à 57 %, respectivement. « Ce sont des résultats très encourageants », affirmera Michel Dione, chercheur à ILRI, qui a dirigé cette étude. « Si nous pouvons accroitre ces taux à 80 % et à les étendre à l’échelle nationale, nous croyons que nous pouvons atteindre l’immunité du troupeau et ainsi contrôler ou éventuellement éradiquer la maladie. » a t-il déclaré

 Nul n’ignore que les chèvres et les moutons sont importants au Mali et dans tout le Sahel parce qu’ils sont des animaux résistants à la sécheresse et qui nécessitent relativement peu de soins. Ils servent de « banque vivante » à des millions d’hommes et de femmes qui y génèrent leurs revenus. Ils sont un moyen important d’améliorer la subsistance, en particulier pour les femmes et les jeunes.

 « Si nous pouvons réduire la menace de maladies telles que la Peste des Petits Ruminants, nous pourrions contribuer de manière significative à l’augmentation des moyens de subsistance des éleveurs pauvres et marginaux dans ces régions », a déclaré Dione.

 Signalons que l’Institut international de recherche sur le bétail (ILRI) œuvre à l’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement. ILRI est co-hébergé par le Kenya et l’Éthiopie, dispose de 14 bureaux en Asie et en Afrique, emploie quelques 640 personnes et dispose d’un budget de fonctionnement annuel d’environ 80 millions de dollars.

Rappelons que l’ILRI est un centre de recherche du GCRAI, un partenariat mondial de recherche pour un avenir de sécurité alimentaire. Les activités scientifiques du GCRAI sont consacrées à la réduction de la pauvreté, au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à l’amélioration des ressources naturelles et des services écosystémiques. Ses recherches sont effectuées par 15 centres en étroite collaboration avec des centaines de partenaires, notamment des instituts de recherche nationaux et régionaux, des organisations de la société civile, des universités, des organisations de développement et le secteur privé.

laseconde.net 

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