Transitions politiques en Afrique : Doit-on remettre la démocratie en cause?

La vague de coups d’Etats  en Afrique pousse de nombreux observateurs à s’interroger sur l’efficacité ou la pertinence des systèmes démocratiques sur le continent.

Si la démocratie a été adoptée par de nombreux pays comme le système politique qui favorise plus rapidement  le développement, pourquoi des pays comme la Russie, Chine, la Corée du Nord, entre autres, sont très avancés, sans ce système de gouvernance ? Pourquoi la Libye khadaffienne, qui était sous la dictature, était une Eldorado en termes de bien-être socioéconomique ? Quid du Rwanda reconnu aujourd’hui comme un pays émergent, malgré son système politique étouffant les valeurs démocratiques ?

En effet, avec la multiplication des renversements de « régimes  démocratiques », l’on finit par se demander si la démocratie ne prête pas le flanc à ces crises.

A titre d’exemple, le système démocratique a fait croire à des décideurs politiques que des investissements pour renforcer le système de défense nationale ne sont point nécessaires. Ce qui a fait qu’au Mali, sous le régime du président Alpha Oumar Konaré,  le secteur de la Défense n’a pas  bénéficié de dotations budgétaires conséquentes. Et comme conséquence, c’est l’effondrement des capacités opérationnelles des forces armées et de sécurité.

De même, certains pays africains comme la Côte d’Ivoire sous les présidents Felix Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, ont presque négligé d’apporter les investissements nécessaires à l’outil de défense. Et, lorsque qu’éclata la rébellion dans ce pays dans les années 90, les gouvernants se sont rapidement rendus compte des graves conséquences de cette gouvernance.

Par ailleurs, l’on a l’impression que les systèmes démocratiques ont favorisé l’émergence d’une politique de laisser-aller ou de laxisme dans plusieurs domaines de gestion  des ressources publiques.  La démocratie n’a-t-elle pas favorisé la corruption et la délinquance financière dans plusieurs pays ? Quid de ceux qui ont été qualifiés au Mali de « milliardaires de la démocratie » ? La lutte contre cette mauvaise gouvernance n’a-t-elle pas été plombée dans de nombreux pays par des arrangements politiques ? Un dirigeant de l’ADEMA-PASJ, le parti politique d’Alpha Oumar Konaré, n’avait-il pas déclaré que le parti devrait soutenir un dirigeant pour ne pas avoir la justice sur le dos ? Quel aveu de ce  climat de complaisance politicienne sur le dos du peuple ? Et la conséquence de ces magouilles c’est des crises politico-institutionnelles ou des  coups d’Etats militaro-populaires…

C’est aussi dans ce contexte que, en respect du principe des libertés fondamentales, des groupes de pressions se sont installés et ont fini par fragiliser les pouvoirs. Alors que dans de nombreux pays ou le système politique est plus verrouillé (appelés des dictatures), les libertés sont plus limitées et contrôlées comme du lait sur le feu.

Par exemple, l’utilisation des réseaux sociaux, qui sont un puissant outil d’expression de certaines libertés, est sérieusement limitée dans ces dictatures supposées. C’est le cas en Chine, en Corée, en Russie, en Thaïlande et ailleurs dans le monde. Car, l’abus dans la jouissance de certaines libertés, comme la liberté d’expression peut favoriser la diffusion des facteurs de déstabilisation d’un pouvoir. C’est pourquoi de nombreux pays ont fini par adopter des législations relatives à la cybercriminalité, pour essayer de freiner le mal.

Sur un autre plan, le concept des droits de l’Homme, qui est foncièrement lié à la démocratie, ne cesse de faire des dégâts sous nos tropiques. C’est ainsi qu’au Mali, face à des menaces terroristes pernicieuses, l’Occident tance les autorités sous le prétexte de « graves violations des droits de l’Homme ». Sans oublier que les USA ne pipe mot sur ses « activités militaires stratégiques » en Iran, en Afghanistan, etc. Quid de la peine de mort que l’on dénonce comme une atteinte aux droits de l’homme, alors que les USA l’ont gardé dans leurs législations ?

Tous ces constats incitent certains experts de la gouvernance africaine à plaider pour une dose de dictature à visage humain pour pallier les insuffisances du système démocratique sur le continent.

Boubou SIDIBE /maliweb.net

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