Tombouctou crie son ras-le-bol

L’insécurité n’est pas l’apanage de Tombouctou, mais ce sont ses populations qui sont massivement sorties hier pour dire ‘’ça suffit’’. Selon nos sources, ce sont plusieurs centaines de jeunes qui sont sorties ce dimanche pour crier leur ras-le-bol à la face des autorités nationales et à la face du monde.

Tirs d’obus, attentats suicide, vols de voitures, souvent avec mort d’homme, enlèvements des personnes, affrontements intercommunautaires, dans la Cité des 333 saints, la violence a plusieurs visages, mais toujours présente. Cette persistance de la violence, en dépit du renforcement du dispositif des Forces armées maliennes appuyées par les Casques bleus de la MINUSMA, les populations de Tombouctou ne la supporte plus et exigent qu’il y soit mis un terme.
Pour rappel, c’est dans la région de Tombouctou que l’honorable Soumaïla CISSE avait été enlevé quand il quittait Saraféré pour se rendre à Koumaïra alors qu’il était en pleine campagne pour les élections législatives, le 25 mars 2020.
À Tombouctou, une marche a eu lieu ce vendredi matin, elle était organisée par les commerçants des communautés arabe et tamachek, touareg, de la ville. Ils sont régulièrement victimes de représailles lorsque surviennent des attaques terroristes ou tout simplement des actes de criminalité. C’était encore le cas il y a quelques jours à peine.
‘’À chaque fois qu’il y a un incident, un petit problème de braquage, de banditisme, on se sent touchés. À chaque problème, les enfants sédentaires font des casses, saccagent nos maisons. Nous, nous sommes des commerçants, nous ne sommes pas des bandits armés, on est en train de développer l’État, pas de le détruire’’, tel est le sentiment de Cheick Ould Ali, le président de la Chambre des commerçants-détaillants de Taoudéni.
Ailleurs, depuis plus d’une semaine, le village de Farabougou, dans la région de Ségou, est coupé du monde, encerclé par des hommes armés qui en interdisent l’entrée. Des tentatives de médiation ont été entreprises avec des notabilités locales, mais les habitants restent toujours cloîtrés chez eux.
« L’armée est déjà parvenue à un hameau, à environ dix kilomètres de notre village. Ils vont venir. » Cet habitant de Farabougou, qui communique avec l’extérieur grâce à son téléphone, se veut confiant, mais il n’ose toujours pas sortir du village. Il craint la présence des « jihadistes » – c’est ainsi qu’il désigne les hommes armés qui ont attaqué Farabougou il y a plus d’une semaine et empêchent depuis ses habitants d’en sortir. Les villageois joints au téléphone font état d’au moins six personnes tuées et neuf enlevées la semaine dernière.
Selon la primature, l’armée malienne a pourtant effectué des battues ces derniers jours, et mis en place une surveillance aérienne. « C’est désert », affirme cette source, qui explique que c’est l’impraticabilité des routes, à cause des pluies, qui constitue aujourd’hui la plus grande difficulté pour accéder à Farabougou. Un convoi a été préparé pour apporter de la nourriture et de l’argent aux habitants.
En attendant, les notables de la zone – maires, chefs de village, responsables communautaires et religieux – tentent de trouver ensemble une issue pacifique à la situation. Des chasseurs dozos seraient en effet tentés de prendre les armes, selon un chef traditionnel local.
Plusieurs notables de la zone expliquent enfin que la peur incite de nombreuses familles des villages alentours à se réfugier dans des communes plus éloignées.

Info-Matin

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