Sénégal : trois morts, dont un policier, en marge du procès d’Ousmane Sonko
Il s’agit d’un policier accidentellement touché par un véhicule et de deux manifestants
Trois personnes, dont un policier, ont perdu la vie lors d’affrontements entre forces de défense et de sécurité et sympathisants de l’opposant Ousmane SonKo, leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité (Pastef).
Des centaines de pro-Sonko se sont regroupés lundi à la devanture du domicile de leur leader à Ziguinchor, au sud du pays, pour s’opposer à une éventuelle arrestation (mandat de prise de corps) de leur leader en prélude du procès.
Les heurts avec les forces de l’ordre, qui en ont découlé, ont causé la mort du policier Hassime Diédhiou, touché accidentellement par un char, selon le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome.
Diome a annoncé, mardi matin, deux nouveaux décès à la suite des manifestations qui s’étant propagées dans plusieurs autres localités du pays, lundi.
Il s’agit de ceux d’un manifestant ayant succombé à ses blessures à Ziguinchor et d’un autre, faisant suite à une blessure par arme blanche, à Keur Massar dans la banlieue de Dakar.
Des scènes de casse ont été aussi enregistrées à Pikine et aux Parcelles Assainies (banlieue dakaroise) en début de soirée.
Dans ce climat de tension, un groupe de facilitation dans lequel figure Alioune Tine du think-tank Africajom Center a appelé à la désescalade afin de préserver les fondamentaux et valeurs de la République.
Ils ont appelé les parties au dialogue inclusif dans le communiqué ayant sanctionné leur rencontre, lundi.
Le procès qui cristallise les attentions a finalement été reporté au mardi 23 mai, a constaté le correspondant d’Anadolu à Dakar, de source judiciaires.
« La chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar vient de renvoyer l’affaire de viol. Un renvoi d’office prononcé par le président de la chambre qui a fixé la date de la prochaine audience au mardi 23 mai », a indiqué El Hadj Diouf, avocat de la victime présumée, à sa sortie de la salle d’audience.
Pour Moussa Sarr, avocat de Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire du salon Sweet beauté accusée de proxénétisme dans cette affaire, le renvoi fait suite à un vice de forme dans la procédure.
« Entre l’interrogatoire et l’audience, il faut au moins 8 jours et notre cliente n’a été interrogée qu’hier. Le président a ainsi estimé que le renvoi est d’office. Mardi on viendra pour voir », a dit Sarr, déplorant un délai trop court.
L’audience s’est ouverte en l’absence du principal accusé actuellement à Ziguinchor et qui a déclenché une campagne de désobéissance civile.
« La justice nous fait trop mal. Nous avons décidé d’engager une campagne de désobéissance civile vis à vis de cette justice », a annoncé début mai Sonko, disant en être arrivé « au terminus » pour ses affaires pendantes devant la justice.
Il n’a pas dans cette logique participé au procès en appel l’opposant le 8 mai au ministre du tourisme Mame Mbaye Niang. Il y a écopé d’une peine de prison de six mois avec sursis et le paiement de dommages et intérêts d’un montant de 200 millions francs CFA (332 mille dollars) ; verdict qui, en cas de confirmation en cassation, le rendrait inéligible pour la présidentielle de 2024 pour laquelle il s’est déclaré candidat.
L’affaire Sweet beauté a défrayé la chronique au pays avec la plainte introduite en février 2021 par la jeune employée accusant Sonko de viols répétitifs et menaces de mort à l’intérieur du salon où elle travaillait.
Le leader des Pastef a fermement récusé lesdites accusations en brandissant la thèse d’un complot « orchestré au plus haut sommet de l’Etat » et qui aurait été ourdi pour ternir son image et briser son ascension politique.
Son arrestation en mars 2021 dans cette affaire a débouché sur des affrontements sanglants ayant causé la mort de 14 personnes. Il avait finalement été placé sous contrôle judiciaire en attendant la suite.
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