Résolution de la crise sociopolitique : IBK peut-il encore sauver sa place ?
La question demeure posée. Mais face à un président en manque de légitimité qui, au lieu de lâcher du lest, parce que contesté par une large majorité de la population sous l’égide d’un vaste mouvement de contestation tracté par le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), s’appuie sur la répression des forces de l’ordre pour se maintenir au pouvoir, cette option est toujours envisageable. Cela, même si l’on n’ignore pas qu’à l’issue, ce vendredi 10 juillet, de la troisième journée de manifestations sanglantes, place de l’indépendance à Bamako, le M5-RFP a rendu caduc son mémorandum qui permettait son maintien à la tête de l’Etat mais avec un pouvoir réduit. Comment IBK peut-il encore rester à sa place, en dépit de nombreuses tueries des manifestants pacifiques perpétrées par les forces de l’ordre ?
Aussitôt, le Chef de l’Etat doit immédiatement cesser sa politique de fuite en avant en mesurant le vrai poids de la contestation à lui opposée pour faire des concessions de taille. « Le Mali est dessus de tout », n’a-t-il pas toujours clamé ! Cela permettrait de donner assez de chances aux diverses médiations nationales et internationales qui cherchent à sauver notamment son poste de président et la continuité de l’Etat de droit au Mali. Il ne doit donc plus jouer sur la montre en espérant sur un épuisement de la contestation populaire pour reprendre la main. Puisque au regard de la détermination des manifestants (la jeunesse des forces républicaines du M5-RFP a informé tous ses militants d’opérer instamment les 10 recommandations jusqu’à la victoire finale : sa démission et la fin de son régime), ses chances s’avèrent très minces.
IBK doit largement dépasser les propositions de sa dernière intervention : destitution de faite de la Cour Constitutionnelle par l’abrogation du décret de nomination de ses membres restants ainsi que la promesse d’élections partielles pour les députés dont la Cour a inversé les résultats proclamés par l’Administration territoriale. Pour donner plus de gage à l’arrêt de la contestation, il doit impérativement, outre la dissolution de la Cour Constitutionnelle, dissoudre l’Assemblée nationale (la Constitution lui donne cette prérogative).
Cette condition fondamentale permettrait certainement de décrisper le climat politique très tendu. Elle servirait de point de départ pour des négociations futures qui permettraient d’amorcer de vrais changements politiques dont réclament désormais une majorité de ses compatriotes. IBK pourrait garder son PM Boubou Cissé, juste le temps de tomber d’accord avec ses contestateurs pour le choix d’une personnalité consensuelle pour lui succéder. Pour que tout cela puisse être possible, le président doit d’abord accepter de concéder assez de son pouvoir régalien à ce Premier ministre consensuel. La réussite de cette hypothèse permettrait ainsi de faire l’économie d’éventuelles pertes en vies humaines et de dégâts matériels qui surviendraient si jamais le climat sociopolitique continuait à se dégrader.
Toutefois l’opposition politique incarnée par le M5-RFP doit aussi impérativement prouver qu’elle est en mesure de fournir les instruments d’une alternance politique pour une meilleure gouvernance du pays. Le M5-RFP doit notamment donner des gages à ses détracteurs nationaux et internationaux qui craignent l’instauration d’un Etat Islamique au cas où il accéderait aux rênes de l’Etat. On ne doit pas commettre la faute d’aller vite aux nouvelles élections législatives afin d’éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dans cette nouvelle gouvernance politique, aucun citoyen malien ne doit rester à quai.
Falaye Keïta
Source: Le Pélican