Renforcement de l’axe Mali-Russie: Une option qui n’est pas sans défis dans la coopération de proximité

Le président de la Transition, le Col Assimi Goïta, doit se rendre, en juillet prochain au forum Russie-Afrique à Moscou. Il devrait être accueilli en héros par le président Poutine en véritable pied de nez aux puissances occidentales…

L’axe Moscou-Bamako fonctionne en plein régime, au point que le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, était accueilli récemment, pour la première fois dans l’histoire entre les deux pays, en « frère et ami » au Mali. Et cette visite scellait ainsi une coopération qui s’est beaucoup renforcée, depuis 2021, sur l’option stratégique claire des autorités de la Transition.

En effet, cette coopération qui a, depuis, porté sur le domaine sécuritaire avec la livraison de plusieurs équipements militaires, dont des aéronefs, des radars et véhicules et plusieurs matériels. Et cette coopération se propose de se diversifier en s’étendant dans les domaines économiques et de développement. Et les plus hautes autorités de la transition assurent qu’à travers ce renforcement de l’axe Moscou-Bamako, les intérêts vitaux des populations seront sauvegardés et particulièrement pris en compte. Sauf qu’il est plus que jamais établi, même chez nos amis russes que les Etats n’ont pas d’amis mais seulement des « intérêts ».. Ce qui sous-entend que le pays de Vladimir Poutine ne sera au Mali en enfant de cœur ou en terrain humanitaire. Ce d’autant que le ministre Abdoulaye Diop des Affaires étrangères et de la coopération internationale réaffirmait que les deux Etats s’inscrivaient dans une coopération gagnant-gagnant et que toutes les acquisitions de Bamako étaient achetées sur le budget de l’Etat, donc avec l’argent comptant.

Donc, l’option de coopérer avec la fédération russe, dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine et de la nouvelle bipolarisation est un ralliement au positionnement de la puissance issue de l’éclatement de l’ex-URSS. Ce qui implique que le Mali, malgré le discours officiel de « diversification de ses partenaires » devrait s’imposer un certain nombre de contraintes ou d’hostilité du côté des Etats du bloc occidental. Ceci, surtout que Bamako a clairement choisi  de rétrograder l’axe de coopération avec la France, précédemment allié et partenaire historique.

Ce choix, murmurent les autorités françaises, est une sorte de camouflet à l’encontre de Paris au profit de Moscou. Ce qui n’arrange pas totalement les préoccupations des populations maliennes, surtout dans les secteurs socioéconomique et de développement. Car, avec la suspension de l’activité des ONG françaises, certains pays voisins du Mali, par réflexe d’alliance, freinent les actions de cadres de concertations dans la sous-région. Tel est le cas des activités du G5-Sahel, que le Mali a quitté et qui semble en léthargie avancée, malgré les efforts des autorités tchadiennes à le faire survivre.

Par ailleurs, les Occidentaux, par organisations régionales interposées n’hésitent pas à plomber toutes les ambitions de rapprochement entre le Mali, et certains de ses voisins, simplement pour annihiler tout projet d’extension de l’influence russe dans la région. Tel est le cas du rapprochement stratégique du Mali d’avec le Burkina Faso et la Guinée en vue d’un partenariat à visée fédérative. Un projet rapidement rejeté à peine amorcé par les dirigeants de la CEDEAO.

S’y ajoutent que la Russie en guerre a une pression plus forte de gain de ressources et de calculs méticuleux pour faire face à ses besoins de survie. Ce qui aura des impacts visibles dans des domaines économiques, en particulier les mines, les hydrocarbures, etc. Moscou pourra-t-il (il faire des concessions échelonnées en termes de paiement de ses livraisons et/ou apports de technologies ? Ce n’est pas évident, tant il a des offres de partenariats diversifiées avec des pays comme la Turquie, la Chine, la Syrie, etc ? C’est donc au Mali de trouver des opportunités de l’éternel « meilleur offrant » ou habile « moins disant »… Ce qui n’est pas gagné d’avance pour Bamako confronté à des défis énormes et de grande urgence et de subsistance.

Toutes ces péripéties poussent à conclure que qu’en donnant la main à la Russie, en guerre contre l’Ukraine et farouchement remontée contre les Occidentaux, le Mali peut se mettre dans une voie, qui comporte certains défis. Puisque la France et ses alliés au plan européen, américain et dans la sous-région ouest africaine peuvent s’inscrire dans une dynamique résolue de sabotage des efforts des autorités de la Transition. Ce qui veut dire qu’en se rapprochant davantage de Moscou, Bamako n’a pas délaissé le diable pour se lier à un ange, mais peut-être avec seulement esprit calculateur de ses intérêts du moment. C’est en cela que le Mali doit réfléchir à véritablement diversifier ses partenariats dans l’intérêt exclusif de son peuple. Un combat qui n’est pas gagné d’avance !

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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