Référendum du 18 juin prochain : Va-t-on vers un raz de marée en faveur du oui ?

Au moment où la campagne de vulgarisation du texte constitutionnel bat son plein comme une campagne référendaire anticipée, les pôles politiques opposés au projet d’adoption de la future Constitution de la IVème République semblent s’effacer.

Si le débat démocratique laisse la possibilité pour les partisans et les opposants d’une réforme de s’exprimer librement au sein de l’opinion, pour le référendum du 18 juin, l’on peine à entendre les voix discordantes.

En effet, au sein des médias publics et même des médias privés de Bamako et du pays profond, une bonne partie des intervenants sont acquis à la réforme constitutionnelle en phase de finalisation.. Ce constat est marqué d’abord par le grand renfort médiatique enclenché par le gouvernement comme campagne de vulgarisation du projet de la Constitution.

Cette initiative a permis aux membres du gouvernement, avec les moyens de l’Etat, de se lancer dans une campagne électorale anticipée dans le but de convaincre les uns et les autres à adopter cette réforme. C’est ainsi que différents corps socioprofessionnelles ont été approchés par les ministres et leurs collaborateurs afin de leur expliquer le bien-fondé de cette nouvelle Loi fondamentale ouvrant au pays la IV ème République.

En dehors de cette vulgarisation par le gouvernement, de nombreux acteurs sociopolitiques proches du pouvoir sont en train de mouiller le maillot afin d’aider au succès de cette initiative référendaire du président de la Transition, le Col Assimi Goïta. C’est dans ce sens que le raccourci volontaire a consisté à faire croire que « tous les vrais patriotes sont d’accord avec cette nouvelle Constitution et seuls les traites et les apatrides devraient s’y opposer ». Il s’agit là d’un discours assez  porteurs, surtout que la majorité des Maliens estiment que cette transition doit ouvrir les portes du futur mieux-être pour le pays. Donc, ceux qui rejetteraient cette réforme constitutionnelle s’identifient ipso facto aux nostalgiques du pays ou aux politiques rétrogrades qui ont fait sombrer le pays.

Ce tableau caricatural savamment peint fait mouche et incite les états-majors politiques, qui étaient au départ en désaccord avec l’initiative, à revoir leur stratégie. C’est dans ce sens que les partis comme l’ADEMA-PASJ, le RPM, les FARE Anka Wuli, le PARENA YELEMA évitent à présent d’exprimer des positions trop ostensibles de rejet du référendum. Ils commencent même à manquer même de courage pour se positionner frontalement contre le prochain référendum.

Certaines formations politiques finissent par trouver une stratégie osée consistant à demander à leurs bases – ) travers les sections du parti) si elles doivent prôner le oui ou le nom lors du scrutin référendaire du 18 juin prochain. Comme pour dire « prudents et embarrassés, nous voulons tenir compte de vos avis » : Alors que la démarche habituelle consiste à ce que la direction du parti donne la consigne de vote aux électeurs et militants !

Cette stratégie de prudence s’explique par le fait qu’il existe depuis un moment une crise de confiance ou un fossé entre les militants à la base et de nombreux partis politiques. C’est au point que, l’on se rappelle qu’au moment de la tenue des assises nationales de la refondation, des militants ont ignoré le mot d’ordre de boycott de leurs directions politiques. Et, apparemment solidaires des initiatives du pouvoir de Transition, de nombreux Maliens semblent se retrouver dans des décisions du Colonel Assimi Goïta et de son gouvernement. Ce qui constitue des camouflets aux partis politiques en perte de vitesse sur plusieurs chantiers des réformes.

C’est ce climat de méfiance et de doute qui a fait sombrer les nombreux mécontents contre le processus référendaire. Même la Plateforme sociopolitique Appel du 20 février pour sauver le Mali n’arrive pas à donner de la voix pour rejeter le référendum du 18 juin prochain. Conséquence, l’on peut prévoir qu’avec l’ouverture de la campagne massive et vigoureuse du pouvoir, l’on se dirigera vers un vote massif en faveur du oui.

Car, pour les hautes autorités de la Transition, cette consultation référendaire aura un rôle de jauge de la popularité du Colonel Assimi Goïta. Celui, malgré les voix dissuasives, devrait nourrir discrètement l’ambition de devenir le prochain président de la République du Mali. Pourra-t-il réaliser cette ambition contre « vents et marées » -expression chère à Moussa Mara de YELEMA ? L’avenir nous le dira !

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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