Moura. L’AMDH se « désolidarise » du rapport de l’ONU et dénonce une enquête « orientée »

La mission de l’ONU au Mali a publié un rapport sur les opérations anti-terroristes menées, en mars 2022, par l’armée malienne dans le village de Moura (région de Mopti). A Bamako, des organisations de la société civile notamment l’Association malienne des Droits de l’homme (AMDH) ne se reconnaissent pas dans ledit rapport.

Maliweb.net – « On ne peut pas rester à Paris où je sais où pour enquêter sur un sujet aussi sensible et aussi sérieux », a dénoncé Me Moctar Mariko, le président de l’AMDH, la principale organisation indépendante des droits de l’homme au Mali qui est affiliée à la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH). Dans une interview vidéo diffusée jeudi dernier sur les réseaux sociaux, le président de l’AMDH est formel : « Aucune mission d’enquête ne s’est rendue sur le terrain pour enquêter sur les exactions présumées de l’armée à Moura ».

« Quand vous appelez par exemple la sœur ou le frère d’un terroriste tué, il vous dira que l’armée tue des femmes et des enfants », a expliqué Me Moctar Mariko. « L’AMDH se désolidarise de ce rapport », a déclaré le militant des droits de l’homme. A ses dires, ce rapport se base sur les articles de presse et les rapports d’autres organisations des droits de l’homme.

Sur la question des Droits de l’homme, Me Moctar Mariko affirme qu’il ne se laissera jamais manipuler pour des agendas géopolitiques. Cependant, il reconnaît être l’objet de critiques, au sein même de son organisation. Membre du Conseil national de la transition (CNT), l’on accuse le militant des Droits de l’homme d’être réduit à être le porte-voix du Colonel Malick Diaw, président de cet organe législatif de la transition.

Selon le rapport de la MINUSMA, il y a des « motifs raisonnables de croire qu’au moins 500 personnes auraient été tuées » entre le 27 et le 31 mars au cours de l’opération militaire à Moura. Le rapport révèle avec la même incertitude des « motifs raisonnables de croire que 58 femmes et jeunes filles ont été victimes de viol et autres formes de violences sexuelles perpétrés par des éléments des Forces Armées Maliennes ». Le rapport reconnaît, cependant, la neutralisation d’une « trentaine de membres de la Katiba Macina » au cours de la même opération.

Autres réactions…

Face à la série de conditionnels employés dans le rapport de la MINUSMA, des chancelleries occidentales à Bamako ont réagi. Les ambassades des Etats-Unis, du Canada et du Royaume Unis demandent au gouvernement malien l’ouverture d’une « enquête indépendante, impartiale, efficace, exhaustive et transparente, dans le but de préserver la vie et la liberté de son peuple ».

En avril 2022, les informations sur les exactions présumées de l’armée à Moura avaient diligenté l’ouverture d’une enquête par le procureur militaire de Mopti. Une enquête dont les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques.

 

Mamadou TOGOLA / Maliweb.net

 

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