Mots pour maux

la chute du régime IBK n’est pas une fin en soi, mais l’expression d’un ras-le bol général du peuple malien. Cela ne signifiait pas que le Mali deviendrait comme par magie un El Dorado, mais juste une étape vers un nouveau départ. Je ne soutiens pas la junte et abhorre les coups d’Etat, seulement l’acte est là, tirons-en quelques conséquences :

Il est incohérent de demander à cette junte de résoudre les problèmes de sept ans de mauvaise gouvernance. Ce n’est pas son rôle. Superman c’est au cinéma. Sa mission est uniquement d’organiser des élections libres et transparentes afin qu’une nouvelle équipe choisie par les Maliens vienne redresser le pays.
Soyons réalistes. Si un groupe d’individus, soldats ou pas, pouvait se lever du jour au lendemain et développer un pays, il ne servirait à rien que d’autres hommes et femmes depuis l’adolescence se préparent pour cette même mission en apprenant chaque jour, en évoluant chaque année, en se renforçant et même apprenant de leurs erreurs. On ne peut s’improviser docteur, mais beaucoup pensent que l’on peut s’improviser Chef d’Etat ou membre d’un gouvernement. Un peu comme le loto, un peu comme les Tuches.
Il y a bien sur le cas d’individus géniaux, Soundiata, Napoléon, Sankara… mais la vérité est que, même eux, se sont préparés des années durant.
Aussi, bien que les grèves soient légitimes, que les revendications soient justes, soyons convaincus que ce n’est pas au régime de transition de les résoudre, mais à un Président de la République légitimement élu.
Si vous vous trompez de séquence, la junte oubliera sa mission qui est d’organiser les élections. Il ne lui appartient même pas de toucher la Constitution, car la nouvelle architecture permettant aux Maliens de vivre ensemble est trop importante pour être confiée à des personnes qui non seulement n’ont aucun compte à rendre à la nation, mais ne sont pas préparées pour cela.
Bien sûr, à l’époque des mouvements démocratiques, les transitions ont rédigé des constitutions, mais c’était parce qu’il n’y avait pas d’architecture démocratique avant. Il appartiendra à une nouvelle mandature présidentielle d’organiser un référendum soumis à la volonté du peuple.
Pour l’heure, que la junte assume ses responsabilités au nord et au centre du Mali, que la transition s’assure que nos enfants vont à l’école, que nos salaires soient payés, que les coupures d’électricité incessantes cessent, que les routes soient praticables, qu’il n’y ait pas de catastrophe sanitaire et sorte par la grande porte en organisant de vraies élections.
Je ne sais pas pour vous, mais normalement, les Maliens ne doivent plus se satisfaire des petits bricolages et des petites manœuvres, qu’elles viennent des politiciens ou des soldats. Dieu veille.

Madani TALL

Info-Matin

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