Mahmoud Dicko : le Mollah qui défie la République

De Thycidide à Carl de Souza, on peut retenir que «l’histoire (étant) un perpétuel recommencement…seule l’acceptation de la défaite signifie la fin de tout. Tant et aussi longtemps que l’on sait recommencer, rien n’est totalement perdu.”
S’estimant le seul, l’unique et vrai tombeur de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga qui a eu l’arrogance de traiter les Oulémas d’hybride, en bombant la poitrine d’orgueil, de rancœur, l’ancien président du Haut Conseil Islamique, l’Imam de la mosquée verte de Badalabougou, Mahmoud Dicko croit son heure arrivée.
Le plus activiste des religieux politiques du Mali veut voir dans l’annonce du dialogue avec les djihadistes maliens (Kouffa et Iyad) par le président de la République Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita une bérézina de l’Etat et une fenêtre d’opportunité pour enfin accomplir son dessein et son destin.
Croyant son heure donc arrivée Mahmoud Dicko se présente encore comme l’éclaireur, le Guide et le sauveur du peuple amorphe du Mali qu’il appelle au soulèvement et au martyr comme dans une guerre sainte : Mourront ceux qui mourront, et vivront ceux qui vivrons.
Voici un extrait de sa déclaration de guerre à l’État souverain du Mali :
« …Avant le vendredi prochain, si on n’a pas eu de suite favorable, j’invite tous les maliens à sortir. S’il plait à Dieu, le vendredi que tous  maliens manifestent partout dans le Pays de Kidira à Kidal.
Il faut qu’on se lève nous-mêmes ; même si on doit prendre des cailloux, et des gourdins, des haches. Personne ne peut faire de ce pays ce qu’il veut, si nous n’acceptons pas. Il faut que la situation que le pays vit aujourd’hui s’arrête.
… Que chacun prenne son bâton ou sa hache. Il ne faut pas qu’on reste immobile.  Nous sommes des nobles, il ne faut pas que nous soyons indignes et devenir des esclaves. Non, nous n’acceptons pas ça.
… Si l’Etat ne nous dit pas un autre langage sur la situation du pays d’ici à vendredi, le peuple Malien prendra son destin en main. Nous comptons plus de 20 millions de Maliens, si tout le monde se lève, ceux qui doivent mourir, vont mourir. Et ceux qui doivent être vivants, vont vivre s’il plaît à Dieu. »
Certains ont appelé cela ultimatum, mais ce n’est pas moins une déclaration de guerre de la part de l’ancien président de la Commission de bons offices à l’État souverain du Mali.
En plus de la défiance et l’injure à l’autorité, le Chef religieux appelle clairement à l’émeute et à la révolte contre les autorités légitimes et l’autorité de l’État du Mali. Vis-à-vis de la loi, les déclarations de l’Imam Mahmoud Dicko qui ne sont pas moins incendiaires que celles de son compère Bandjougou Doumbia, sont plus qu’une incitation à la violence, c’est un appel à la révolte et au meurtre.
Pour quelle fin ? Selon l’Imam dont on dit très sage et très respecté, pour que le peuple prenne son destin en main s’il le faut au prix de cadavres enjambés. Parce que pour celui qui vient de demander à ses partisans de renoncer à participer aux législatives, le chemin pour accéder au pouvoir ne passe point par les suffrages, mais par la guerre sainte, le Djihad avec des bâtons, des haches, des gourdins, des cailloux… Restait pour lui de dire comme Bandjougou que ceux qui vont mourir iront au paradis !
Ce dangereux islamiste dont tous les services de renseignement du monde attestent qu’il est en accointance avec les émirs maliens et étrangers du dji-hadisme international et qui certainement lui « Le crépuscule des pensées » de Emil Michel Cioran, dans la voie qui est la sienne, croit plus que Kouffa et Iyad, que « tout désespoir est un ultimatum à Dieu ».
Calé sur son agenda et cabré sur un chimérique destin national dont il serait prédestiné, l’Imam Mahmoud Dicko ne peut se résigner d’exister sans être… le Guide suprême, le Mollah, l’Amir el Mouminin de Katibas fédérés du Mali.
Le peuple du Mali, pour lui, ne se résume qu’à lui seul et son ambition morbide de voir tout et tout le monde pas sous son magistère mais sous sa domination.
Ce samedi 29 février 2020, l’histoire du Mali retiendra qu’au nom de ce peuple digne, qui ne lui a nullement donné mandat, qu’un chef religieux, Mahmoud Dicko appelle ses frères d’armes et de djihad, Kouffa et Iyad, à une trêve unilatérale. Si la trêve est acceptée, chacun devra alors comprendre que Mahmoud Dicko pouvait arrêter le bain de sang et qu’il n’a pas levé le petit doigt pour épargner les vies innocentes au Centre et ailleurs.
Ce samedi 29 février 2020, l’histoire du Mali retiendra que l’activiste islamiste , l’ami d’ATT et d’IBK, le père de Boubou Cisse jongle avec la République a engagé le peuple paisible et pacifique du Mali à réinventer la voie de la révolution sanglante pour le porter au pouvoir.
Les rues inondées de cadavres de femmes et d’enfants alors porteront une signature celle de Mahmoud Dicko, celui qui dix ans durant a été chef de la communauté musulmane du Mali qu’il a dupé pour perpétrer un pronunciamiento.
Ce samedi 29 février 2020, l’histoire du Mali retiendra enfin qu’au nom de son agenda et de son ambition étalés au grand jour depuis la Transition de 2012-2013, notamment du Palais de Kosyam, Mahmoud Dicko promet aux enseignants et se porte garant de l’application de l’article 39 avec une incidence financière de 58 milliards… Et ces enseignants qui avaient le respect et la sympathie de ce peuple reconnaissant paraitront comme des patins instrumentalisés au service de l’obscurantisme et de la fin d’un Mali un et indivisible.
Et l’Etat démocratique du Mali, tolérant jusqu’à la connivence avec les religieux portera la responsabilité historique d’avoir permis l’émergence et le triomphe d’un Etat islamique dirigé par un islamiste aux ordres dans la région ouest-africaine avec toutes les conséquences que cela va entrainer.
Le régime du président IBK même affaibli avec la pernicieuse crise sécuritaire va-t-il permettre cela ?
Dans son livre « Politique universelle », Emille Geraldin s’agissant des dirigeants et de leurs capacités à faire face aux situations les plus complexes estime que «gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ». Or, avait déjà fait remarquer Anatole France «« il n’est pas de gouvernements populaires. Gouverner, c’est mécontenter. » Autrement dit, gouverner, c’est assumer entre plusieurs équations, priorités et urgences.
C’est pourquoi dans son discours d’investiture prononcé le 3 juin 1953, Pierre Mendès France lance sur le sujet sa pensée qui restera célèbre : «gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix. Choisir, cela ne veut pas dire forcément éliminer ceci ou cela, mais réduire ici et parfois augmenter ; en d’autres termes, fixer des rangs de priorité ».
Plus de 50 ans après, l’équation pourrait ainsi se résumer pour le président IBK et son régime à cette pensée du florentin exprimée dans son célèbre libre « Le Prince » : «gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser. En tout cas, il s’agira dans le cas de Mahmoud Dicko de se convaincre que : «gouverner, c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous. »
Bakary Mariko, France

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