Le président du mouvement Baguiné So, Hamidou Djimdé, à propos de la crise au centre du pays : “L’espoir suscité par la nomination de Boubou Cissé à la Primature tend vers le désespoir”

Le Mouvement Baguiné Sô a organisé, le dimanche 18 août dernier, dans la salle de spectacle de la Maison des Ainés, un grand meeting d’information sur la situation sécuritaire dans le centre de notre du Mali décliné sous le thème : ” Détérioration de la situation sécuritaire au pays dogon “. La cérémonie était présidée par le président de l’Organisation, Hamidou Djimdé, en présence des représentants des cercles de Koro, Bandiagara, Douentza et de Bankass.

Après les interventions des représentants des différents cercles du pays Dogon qui ont tous dénoncé la détérioration de la situation sécuritaire dans la localité, suite à l’indifférence de nos autorités, de certains cadres Dogons et de la Communauté internationale, le président Hamidou Djimdé a déclaré que lors de ses différentes sorties, le Mouvement Baguné Sô avait alerté les plus hautes autorités de notre pays de la menace qui plane sur la production agricole et céréalière de cette année dans le pays Dogon, compte tenue de l’inaccessibilité des populations aux zones de culture du fait de l’insécurité. Aussi, il a rappelé que son organisation avait dénoncé les allégations mensongères portées à l’égard des vaillants chasseurs qui demeurent, jusqu’à preuve du contraire, les défenseurs et les protecteurs des populations civiles contre les attaques. “Cette menace dans le pays Dogon demeure une réalité parce que plusieurs des terres cultivables ont été tout simplement abandonnées”, a-t-il déploré.

A propos de l’appellation “pays dogon” qui suscite la colère de certains, le président du Mouvement Baguine sô est formel : “Le pays dogon a existé, il existe et existera. Il n’est à cacher à personne qu’il existe un conflit entre les Dogons et leurs frères Peulh. Ce conflit nous a été transporté par eux et nous ne faisons que nous protéger. Ce conflit a créé une situation d’amalgame et de suspicion en mettant en mal le vivre ensemble des deux communautés”, a-t-il ajouté.

Le président du mouvement a saisi l’occasion pour se prononcer sur l’espoir suscité par la nomination du Premier ministre Dr Boubou Cissé à la primature. Ainsi, sans ambages, il dira que le nouveau Premier ministre a amené une nouvelle approche de gestion de la crise, notamment celle d’aller vers les populations à la base, voire les vrais acteurs et les ressortissants sur le terrain. “Nous avons accepté malgré la réticence de certains quand nous avons été sollicités. Nous sommes allés et nous avons pu rencontrer nos acteurs sur le terrain (Danan Ambassagou) qui ont même accueilli le gouvernement. C’était pour témoigner notre volonté d’aller vers la paix. Cela devrait être fait pour nos frères peuls, mais hélas !”.

Selon lui, les Dogons ont été surpris par le manque de sincérité du gouvernement à travers cette nouvelle approche du Premier ministre. Car, à peine est-il retourné à Bamako que la base de pré cantonnement de Wadouba de Danan Ambassagou a été attaquée par les Forces armées maliennes (FAMA). “Ce qui a entrainé l’indignation totale, à la limite la révolte. Aujourd’hui, les jours passent et se ressemblent pour les Dogons. Nonobstant notre velléité d’aller vers la paix, nous sommes traqués et fusillés dans nos champs. Et mêmes cueillis jusqu’au fond de nos cases avant d’être égorgés dans notre sommeil, voire abattus sur la route des foires”, a renchéri l’orateur.

Aux dires du président, certains militaires retirent les armes des membres des groupes d’autodéfense des dogons qui montent la garde pour que les autres puissent cultiver, ainsi que ceux qui accompagnent les femmes et les enfants d’un village à un autre. Et d’ajouter que ces désarmements forcés rendent la communauté Dogon vulnérable face aux attaques récurrentes perpétrées par des hommes armés dits non-identifiés.

“Le changement du gouvernement intervenu nous avait donné une lueur d’espoir avec à sa tête le Dr Boubou Cissé. Cette lueur d’espoir tend vers une lueur de désespoir. Alors qu’aucun dogon n’a tiré un seul coup de fusil depuis le voyage de Boubou Cissé au pays Dogon”, a-t-il martelé.

Et au conférencier de déplorer la mort de plus d’une cinquantaine de Dogons suite aux attaques des bandits armés peuls sans omettre des milliers de bétails emportés. “Nous invitons le gouvernement au désarmement de tous les détenteurs illégaux d’armes de guerre, à la sécurisation des champs de culture, à la prise des mesures pour protéger les civils menacés par cette violence communautaire en particulier des patrouilles et installation des postes supplémentaires dans les zones vulnérables et au dédommagement des victimes civiles”, a-t-il proposé.

Boubacar PAÏTAO

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