L’Afrique veut se “libérer à tout prix de la politique néocoloniale de la France”
Paris formule les axes de sa “politique révisionniste” en Afrique comme si l’on était à l’époque du colonialisme, estiment auprès de Sputnik des experts africains en géopolitique. Ils pointent les échecs subis par la France au Sahel et sa perte d’influence “dans son pré-carré”.
Dans un discours anticipant sa tournée africaine, Emmanuel Macron a présenté son nouveau paradigme de la politique française en Afrique suite à la fin de l’opération Barkhane.
Alors que le Président a évoqué “une diminution visible” des effectifs français et “une montée en puissance dans ces bases de [ses] partenaires africains”, le président de la planète des jeunes Panafricanites (PjP) Bidossessi Katakenon dénonce auprès de Sputnik “la pagaille” et “la moquerie” de son intervention.
“L’Afrique n’est pas sa colonie. […] Nous ne sommes pas dans les années 1960 [ni] dans les années 1940 pour qu’un Président français vienne nous présenter sa politique africaine étant en France. L’Afrique n’est pas un sujet de Paris pour qu’il vienne présenter sa politique de fonctionnement.”
L’armée française “fait un semblant de ratissages”
M.Katakenon est certain que “l’armée française est chassée dans certains pays du Sahel” parce que leur mission n’a pas apporté les “résultats attendus”.
“Quand il y a des attaques, cette armée fait un semblant de ratissages. […] On n’a pas besoin d’une armée qui va s’installer dans nos pays pour nous influencer. […] Les terroristes continuent de gagner de l’espace, [et] l’armée française [leur] donne des renseignements”, fustige-t-il.
Un avis similaire a été exprimé au micro de Sputnik par le politologue ivoirien Jean Lionel Kouakou. Celui-ci dénonce la “politique révisionniste” de l’Hexagone et explique ses échecs sur le continent africain.
“Dans les accords de défense entre Paris et ses ex-colonies, il est aussi question de mieux équiper ses nouvelles armées aux équipements militaires modernes. Malheureusement, là aussi, Paris a failli à sa promesse.”
Il est d’autant assez logique que “ces pays se détournent de Paris en cherchant d’autres partenaires pour assurer la sécurité de leur population”, argumente M.Kouakou.
Et de poursuivre que “la seconde raison est d’ordre géopolitique”, puisque Paris se sent “menacé et en perte d’influence dans son pré-carré” face au “rapprochement de la Russie vers les pays d’Afrique”.
Quel futur pour les liens franco-africains?
Le président de la PjP considère que la coopération franco-africaine ne sera possible que dans le cas où son partenaire accepte leurs conditions:
“Nous n’avons pas besoin d’une réorientation politique de Monsieur Macron. Nous n’avons pas besoin de signer de nouveaux accords coloniaux et rester dans cette domination durant un siècle encore […]. Nous voulons nous libérer à tout prix de cette politique néocoloniale de la France.”