INTERVIEW « A l’occasion de l’Eid, Le Président Alpha Condé se devait de gracier les manifestants du FNDC et zapper les calculs politiciens pour contrer le COVID 19 » déplore Honorable Fodé Mohamed Soumah

Suite à l’interview accordée par le Chef de file de l’opposition parlementaire Mamadou Sylla, il en sera autant pour les autres membres de l’Alliance Patriotique. C’est au tour du Président de la Génération Citoyenne (GECI) l’Honorable Fodé Mohamed Soumah non moins porte-parole de s’exprimer sur l’actualité de la Guinée. Cet habitué de MALIZINE déplore l’incapacité d’interpeler l’Exécutif dans ce contexte sanitaire ainsi que la sortie mitigée de l’ex chef de file de l’opposition à l’endroit de l’honorable Mamadou Sylla désormais aux commandes.

1/ Bonjour Honorable, et merci de nous accorder cette interview téléphonique depuis Bamako.Quels sont vos sentiments de représenter le peuple après l’expérience manquée de 2013 ?

C’est le sentiment du devoir accompli, dans la constance, le courage et la confiance placée en moi, malgré un brin de déception, car nous avons bossé pour avoir de nombreux députés.
Mais en politique, il faut savoir regarder devant. La GéCi tenait à être à l’hémicycle sous sa propre bannière, et c’est fait.

Donc, je mesure la charge de ma mission, qui est de représenter le peuple, et je constate un renouvellement salutaire de la classe politique, qui devrait favoriser une respiration démocratique, en l’absence d’un réel contrepouvoir dans le pays.

J’ose espérer que nous serons à la hauteur pour ce qui est des propositions de lois, du contrôle de l’action gouvernementale, des commissions d’enquêtes, de l’analyse des budgets et de l’expertise des projets de lois, entre autres. Nous mettrons un point d’honneur à ce que toutes nos critiques et motions, soient assorties de propositions concrètes.

J’espère que la majorité écrasante du RPG sera à nos côtés, lorsqu’il s’agira de défendre le peuple.
A contrario, et en cette période cruciale, je regrette vivement que les textes en vigueur ne nous permettent pas d’interpeller le gouvernement sur l’applicabilité des mesures prises, ou de convoquer les décideurs qui gèrent la pandémie du Coronavirus. La réactivité doit être inscrite à travers de nouvelles dispositions à intégrer dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, à la hauteur de l’Exécutif qui peut légiférer par ordonnances, en cas de nécessité absolue.Au moment où je vous parle, l’Assemblée est désarmée face à l’urgence d’informer le peuple, et d’agir en son nom, au fil de l’eau.

D’ores et déjà, je me réjouis de la confiance portée sur ma personne, pour être le porte-parole de l’opposition parlementaire.

2/ En ce début de mandat, le FNDC appelle à manifester en cette période de Coronavirus, qu’en pensez-vous ?

La liberté de manifester est consacrée dans notre Constitution et les mœurs politiques.
En tant qu’opposant, je serai la dernière personne à m’offusquer, et je suis toujours prêt à battre le pavé si nécessaire. Mais face au risque de regroupement pendant cette période critique, le Président de la République est la personne la mieux indiquée pour désamorcer la situation. Son gouvernement ne se rend pas compte qu’il est impossible de gérer une crise sanitaire, sociale, politique et économique à la fois.

Au lieu d’être sur tous les fronts, il ferait mieux de travailler à anticiper les conséquences économiques désastreuses de la Covid-19, sachant que la récession bat déjà son plein. Vu la pression populaire qui gronde partout, ce sera chacun pour soi. Sans compter les gouvernements qui vont tomber, et les manifestations monstres qui vont suivre.


Le Président Alpha Condé aurait dû profiter de l’Eid, pour gracier les manifestants du FNDC condamnés ou arrêtés, et libérer les prisonniers non dangereux en fin de peine.
La priorité absolue étant accordée au combat contre le Coronavirus, les problèmes et calculs politiciens devraient être relégués au second plan. Comme j’aime souvent le dire, il faut savoir transformer une accalmie en paix.

3/ Parlez-nous du chef de file de l’opposition, avec qui vous partagez le même groupe ?

 

Franchement , je ne le connaissais pas du tout. Mais à son contact, il est facile de cerner sa personnalité et sa vision. Il a fait preuve de grandeur en se mettant en retrait volontairement, lors de la distribution des postes à notre alliance. En fait, c’est le côté managérial qui a pris le dessus, sur l’aspect purement politique, afin de renforcer notre alliance.

4/ Son prédécesseur Cellou Dalein Diallo a laissé entendre lors d’une sortie médiatique, qu’il ne reconnaissait pas le statut de l’honorable Mamadou Sylla. Peut-on dire que l’opposition est divisée ?

A la décharge de Cellou, il dit ne pas reconnaître les élections ; donc, tout ce qui en découle.
Mais c’est une attitude qui me dérange fortement, quand on sait qu’il veut briguer la magistrature suprême. Il y a un temps pour le combat et la contestation, et un autre qui est d’avoir une attitude républicaine, face à des institutions démocratiques en l’état, ou mises en place.
Mais pour le reste, c’est un faux débat.

 

Le Chef de file est celui qui a obtenu le plus de députés, après le parti au pouvoir. De ce fait, notre coalition représente l’opposition parlementaire. Nous avons tendu la main à tous ceux qui ne siègent pas à l’Assemblée nationale et qui se reconnaissent dans notre charte. J’ose espérer que nous formerons un bloc transversal de l’opposition plurielle, face au pouvoir.

5/ Le Vice-président que vous êtes est en réflexion au sein du bureau parlementaire sur la digitalisation de l’Assemblée Nationale. Quelles sont les perspectives ?

Nous sommes partis du constat, que la seconde institution de la Guinée, ne pouvait pas être absente de la Toile, ni travailler en dehors des nouvelles technologies. A présent, le travail est engagé pour pallier ce manque, afin de doter l’Assemblée de l’arme numérique, transparente et accessible à tous.
Désormais, la réflexion porte sur les aspects novateurs qui nous feront aller de l’avant.
La Guinée doit arrêter de rester en marge, du concert des nations modernes, ambitieuses et émergentes. Les NTIC sont incontournables.

6/ Le chef du groupe parlementaire sortant du RPG est devenu le Président de votre institution. Que vous inspire cet état de fait ?

Il n’y a rien de surprenant à ce qui semble être une promotion, voire une récompense. Il a mouillé le maillot, comme on dit !Pour lire dans votre esprit, je dirais que l’Honorable Damaro au discours véhément du militant de base, et je ne sais quoi encore, est loin du Président qui a pris conscience de sa posture actuelle.

Il a donné le ton, pour marquer cette Législature de son empreinte, et œuvre déjà à donner jour à notre siège, dans un pays où les institutions sont en location partout. C’est incroyable, après plus de 60 années d’indépendance. Il est à l’écoute du Bureau de l’Assemblée, et de la conférence des Présidents des commissions.

Je suis agréablement surpris, et je souhaite que l’Assemblée soit un lieu de débats contradictoires, et non pas l’endroit des règlements de comptes, et autres images dégradantes. S’opposer, c’est d’abord s’écouter et se respecter dans la tolérance, pour enfin accepter la décision majoritaire.
C’est ça la démocratie. C’est ce que j’appelle le pacte républicain.

5/ Votre mot de la fin s’il vous plait !

C’est de rendre un témoignage appuyé à l’une de nos icônes nationales, que le monde artistique et culturel pleure, à travers les médias du monde entier. Un showman hors pair, généreux, humble, professionnel, et habillé d’un humanisme religieux.

Mory Kanté a rejoint le panthéon de la race des seigneurs, que l’humanité se partage. Le Guinéo-africain-mondialiste qu’il a toujours revendiqué, comme Manu Dibango, Bob Marley, Youssou N’Dour, Salif Keita…, est devenu un citoyen du monde. Paix à son âme.

Je vous remercie Honorable, Président Soumah.
Tout le plaisir est pour moi. Merci à vous.

Bamako- le 26 mai 2020.
Interview réalisée par Idrissa Keita

Source : Malizine

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