« Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent… » : Moussa Sinko Coulibaly donne sa recette pour subjuguer la crise malienne.

La mauvaise gouvernance mise en évidence par l’insécurité, le mauvais système éducatif et l’inadéquation entre le système d’offre d’emplois et celui du marché de la demande. A ces maux, s’ajoutent la corruption et l’impunité. Tel se présente le triste tableau que le Général Moussa Sinko Coulibaly a peint de l’état actuel de notre pays. Dans une interview à nous accordée, cet ancien officier supérieur de l’armée malienne prescrit à ces maux une connaissance réelle des problèmes de la nation, une refondation de la démocratie ainsi qu’une proposition concrète de sortie de crise, autant d’axes sur lesquels le président IBK a échoué selon lui.

« Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple malien », dixit l’ancien patron de l’Ecole de maintien de la paix, devenu chef de parti politique et ayant participé aux dernières élections présidentielles. Avec un courage de militaire, Le Général Moussa Sinko COULIBALY n’a pas mâché ses mots sur la situation sécuritaire indélicate que traverse notre pays. Il a par ailleurs dénoncé le mauvais soutien de l’Etat aux forces de défense ainsi que l’incompétence du régime à redonner du goût à la vie aux Maliens et Maliennes.

Lisez plutôt !

Mr COULIBALY Moussa Sinko, vous êtes homme politique dans l’arène au Mali. Qu’est-ce-qui a conduit un militaire de classe exceptionnelle comme vous à la politique ? 

 

D’abord je suis militaire avant de devenir homme politique. Et être militaire c’est accepter servir sa nation, c’est aussi pouvoir se sacrifier pour sa nation, c’est éventuellement tout abandonner pour une cause noble. Nous, nous comprenons la politique de la même façon. La politique c’est donc servir et non se servir. Donc si un militaire vient à la politique, pour nous c’est une suite logique. Il est utile que sur la scène politique qu’on ait des gens qui ont une connaissance réelle en matière de sécurité. Il y a beaucoup d’hommes politiques avec des spécialités mais très peu ont un passé militaire pouvant avoir des opinions éclairées sur des questions de sécurité qui sont les vrais défis auxquels nous faisons face. Donc aujourd’hui un militaire avec son expérience et surtout moi avec la chance d’avoir vécu la période de transition et post-transition d’être arrivée à un niveau qui puisse éclairer les choses en respectant les règles du jeu démocratique, c’est un atout.

 

« Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple malien » parole d’un officier supérieur de l’armée avec un parcours exceptionnel qualifiable d’hors commun. Ce qui vous a valu une convocation au camp I. êtes-vous surpris de la réaction des autorités ?

 

Non je ne le suis pas. Parce que ça confirme la logique de ce régime qui ne veut pas comprendre la souffrance des maliens, de ne pas entendre les propositions de sortie de crise, de ne pas entendre les voix contradictoires qui peuvent exister. Tout ce que ce régime souhaite c’est la pensée unique, c’est peut-être la conservation du pouvoir mais pas forcément trouver une solution à la crise que traversent les Maliens et Maliennes. Nous, nous essayons d’être les porte-voix des Maliens, nous essayons d’être leur messager. Aujourd’hui les Maliens souffrent énormément et il est de notre devoir de le faire savoir. Ce régime a démontré son incapacité à gérer les problèmes des Maliens et nous le dénonçons. Sachant que cette population est impatiente de voir résolus les problèmes liés à l’insécurité grandissante, les problèmes liés à l’éducation, aux difficultés d’accès aux services sociaux de base dont ils veulent trouver des solutions rapides. Nous avons envoyé une étude qui n’est autre que le reflet de ce que la population malienne vit actuellement et c’est ce que nous avons dit. Donc qu’il y est des gens qui le comprennent d’une autre façon, ça ne nous surprend pas. Puisqu’eux ils sont dans une autre logique contraire à ce que les Maliens veulent.

 

Devant la presse, après votre sortie du Camp I, vous avez dit que le Procureur de la commune V aurait signifié que ‘’quelqu’un’’ a pensé que votre tweet était une incitation ou une insurrection ou encore un soulèvement ou un coup d’Etat. De qui s’agissait-il ?

En la matière, ce que nous faisons pour le peuple malien est le plus important. Mais comme nous le disons ceux qui ont envie de s’accrocher au pouvoir sans apporter de solution aux problèmes ne peuvent qu’être les auteurs de ces interprétations. Mais peut-être qu’il leur faudrait des cours de français pour mieux comprendre les choses. Nous, nous restons concentrés sur la recherche de solutions aux problèmes des Maliens et Maliennes.

« Nous avons toujours souhaité un changement de régime pour le bonheur, la liberté et la paix pour tous et rien ne va nous dévier de notre chemin ». Sur quoi comptez-vous pour offrir tout cela au peuple malien sachant que vos prédécesseurs ont eux aussi fait des promesses qu’ils n’ont jamais pu tenir et qu’est-ce qui vous différencierait ?

 

Justement, nous avons constaté que tout ce qui a été dit n’a jamais été fait. Et ce sont ces erreurs que nous voulons éviter. Voilà pourquoi nous nous demandons une refondation complète de la démocratie malienne. La démocratie actuelle qui nous a été servie depuis 1991 n’a apporté que du chao, du désordre et actuellement la guerre civile avec le Président IBK. Nous voulons sortir de ce cercle vicieux qui n’est point bénéfique aux Maliens. Il est inutile de dire qu’on est de bonne foi si on n’arrive pas à changer les choses et si ce qu’on fait est en deçà des besoins, il est inutile de vouloir continuer. C’est pourquoi les Maliens ont constaté avec nous que ce régime n’apporte que du problème au lieu des solutions. Donc c’est ce que nous demandons depuis le début au Président IBK de démissionner et de laisser le peuple aller à une autre étape. Parce-que la démission fait partie de la démocratie. Puisque quand on vous donne une mission que vous n’arrivez pas à accomplir vous devez faire le constat et rendre les choses. Nous avons développé un projet de société que nous avons soumis au peuple pendant les campagnes présidentielles, lequel projet est axé sur certains piliers dont l’éducation, l’économie, la coopération avec les pays voisins … afin de changer le visage du Mali.

 

Plusieurs formations politiques ont condamné cette manière trop cavalière de convoquer un chef de parti.  Trouvez-vous-en cela un soutien ou un encouragement pour des éventualités ?

 

Nous pensons que ces formations politiques ont compris ce que nous disons par rapport à ce qui se fait et se sont ainsi levées contre la dérive dictatoriale du Président IBK. Parce-que la liberté d’expression de pensée ou d’opinion est garantie par la constitution. C’est aussi garanti par la charte des partis politiques et par le statut de l’opposition. Il est inconcevable pour ces partis tout comme pour le nôtre de voir ces libertés bafouer. Et nous les remercions d’avoir compris les choses.

 

Y-a-t-il un lien entre votre carrière actuelle et votre démission de l’armée ?

 

 Bien évidemment, nous sommes militaires et nous avons la fibre de militaire. Nous tirons nos inspirations de ce que nous avons reçu comme formation ou par expérience au cours de notre carrière. Et comme nous le disions nous comprenons la politique comme servir sa nation et non se servir. Donc oui, Il y a un lien direct.

 

Lors d’un entretien accordé à une Radio de la place, vous avez évoqué une (histoire) de construction d’hôpital militaire comme un projet asphyxié et laissé dans les oubliettes …. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Nous rappelons par-là aux Maliens qu’il y a une loi qui a été votée qu’on appelle loi de programmation militaire dans laquelle il était prévu la construction d’hôpital militaire à hauteur de plusieurs dizaines de milliards mais en date d’aujourd’hui rien n’est fait mais les sommes allouées au projet ont disparu sans laisser de trace. A part cela, d’autres militaires comme nous pendant que nous étions à l’Ecole de Maintien de la Paix avons eu l’opportunité de pouvoir discuter avec des partenaires et leur soumettre un projet de construction d’hôpital militaire qui serait unique dans la sous-région. Nos partenaires ont effectivement accepté le projet et nous l’avions conduit à la phase finale mais contre toute attente, le projet n’est pas réalisé juste parce qu’au sommet de l’Etat, on a dit que permettre au Général Sinko de conduire à bien ce projet lui vaudrait une renommée, une popularité ou une sympathie vis-à-vis de la population.  Bref on a empêché la construction de deux hôpitaux aux Maliens dont le premier parce-que l’argent a disparu et le second parce-que ce n’est pas eux qui l’ont voulu.

 

Avez-vous toujours de bonnes relations avec vos anciens camarades d’armes ?

Oui, nous avons de bonnes relations avec tous. Notre combat politique est une chose et nos relations d’avant ou actuelles en sont une autre.

 

Vos perspectives d’avenir

 

Nous faisons confiance aux Maliens et nous avons l’assurance que ce pays renaitra de ses cendres. C’est pourquoi nous encourageons tous les Maliens à travailler dur et à garder espoir. Et dans des situations où l’action oblige, maliens et maliennes n’ont qu’à se mobiliser. Le développement d’un pays n’est pas dans l’or ou le diamant mais dans la prise de conscience et la détermination.

 

Entretien réalisé par  Matthieu Yawovi HAYEFO pour La Seconde.net

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