Hausse du taux de contamination de COVID 19 au Mali : Les éclairages du Pr. Bourema Kouriba, Directeur du Centre d’Infectiologie Charles Mérieux, membre du Comité scientifique du Mali.

Depuis quelques jours, on constate une recrudescence du taux de contamination de COVID-19 dans notre pays. Cette tendance commence à susciter beaucoup d’interrogations par rapport à cette maladie infectieuse. Pour en savoir plus, l’équipe du Centre National d’Information d’Education et de Communication pour la Santé (CNIECS) a approché le Pr. Bourema Kouriba, Directeur du Centre d’Infectiologie Charles Mérieux, membre du Comité scientifique du Mali.

CNIECS : Pourquoi une remontée spectaculaire des cas de COVID-19, ces derniers temps, Pr. Kouriba?

Pr. Bourema Kouriba: Il n’y a pas de remontée spectaculaire mais plutôt une augmentation des cas positifs qui n’est pas extraordinaire par rapport à l’historique de cette maladie. Il y a plusieurs explications :

  • le changement environnemental avec l’humidité qui favorise les infections respiratoires ;
  • l’abandon des mesures de prévention comme les gestes barrières liées à la baisse des cas positifs qui a fait croire que l’épidémie est finie ;
  • la fin des vacances scolaires et universitaires en Europe qui a relativement augmenté le nombre de personnes testées. Ajouter l’augmentation du nombre de tests à la base aussi de la hausse du nombre de cas

Mais il n’y a pas à paniquer car jusque-là nous n’avons pas enregistré de cas nécessitant une hospitalisation.

CNIECS : Peut-on s’attendre à ce phénomène aussi longtemps possible ?

Pr. B.K: Nous ne pouvons pas le prédire mais le ministère de la Santé et du Développement social prendra les mesures nécessaires afin de réduire ce phénomène de façon qu’il ne soit pas préoccupant.

CNIECS : Selon vous, quelles peuvent être les conduites à tenir ?

Pr. B.K: Ce sont toujours les mêmes mesures édictées par le ministère de la Santé, à savoir :

  • renforcer les mesures de prévention ;
  • maintenir la surveillance épidémiologique ;
  • renforcer les campagnes de vaccination qui sont en cours depuis des mois ;
  • intensifier la communication et la sensibilisation de la population sur la pandémie qui n’est pas encore terminée ;

CNIECS : Quels sont les différents types de vaccins contre la COVID-19, disponibles à ce jour?

Pr. B.K: le Mali a reçu trois différents types de vaccins de 5 fabricants :

  • les vaccins à base de vecteur viral des firmes AstraZeneca et Johnson and Johnson/ Janssen ;
  • les vaccins inactivés des firmes chinoises Sinopharma et Sinovac ;
  • le vaccin à ARN de la firme Pfizer/BioNtech.

CNIECS : Le Comité scientifique a-t-il donné son quitus pour l’administration de tous ces vaccins à nos compatriotes ?

Pr. B.K : Oui, le Comité scientifique a été régulièrement saisi par le Ministère de la Santé et du Développement social et il a donné son avis favorable à l’utilisation de tous ces vaccins au Mali. Pour preuve, le Ministère de la Santé vient de nous saisir par rapport à un vaccin iranien qui vient d’être donnée au Mali. Donc, les autorités s’entourent du maximum de précaution avant d’autoriser l’utilisation des vaccins au Mali.

 

CNIECS : Pourquoi certains de ces vaccins sont fait en deux doses, tandis que d’autres en une seule dose ?

Pr. B.K: cela dépend du type de vaccin. En général, à part les vaccins vivants atténués comme celui de la fièvre jaune, la plupart des vaccins nécessitent deux doses pour être efficaces. Une première dose permet à l’organisme de se préparer contre le virus et une seconde dose permet d’affiner la réponse de l’organisme. C’est comme aiguiser le couteau pour mieux affronter l’adversaire (ici l’adversaire est le virus). Dans certains cas dès la première dose l’organisme est bien armé pour réagir, donc il n’est pas nécessaire de faire une seconde dose. N’oubliez pas que les vaccins coutent chers et il ne faut pas les gaspiller. Dans le cas des vaccins contre la COVID-19, les vaccins de Pfizer/BioNtech, d’AstraZeneca, les vaccins de Sinovac et Sinopharm nécessitent 2 doses. Le Johnson and Johnson se fait en une seule dose. Il faut donc suivre ce calendrier vaccinal.

CNIECS : Quels messages pour ceux qui hésitent encore à se faire vacciner ?

Pr. B.K: je leur lance un message de compréhension. La vaccination a apporté beaucoup à l’humanité (la variole a été éradiquée et la poliomyélite bientôt). Le vaccin est le moyen le plus efficace pour prévenir une maladie infectieuse comme la COVID-19. Les vaccins contre la COVID-19 ont été développés rapidement grâce à un effort mondial mais aussi grâce aux nouvelles plateformes technologiques mis en place par les firmes pharmaceutiques. Aujourd’hui, les autorités sanitaires mondiales sont très exigeantes sur la sécurité des vaccins et ne tolèrent aucun effet secondaire grave dû à un vaccin.

Quand le maximum de personnes sera vacciné, l’immunité de groupe sera atteinte et elle permettra d’empêcher la propagation du virus dans la population malienne. Donc, j’invite tous ceux qui hésitent à nous aider à atteindre l’immunité de groupe qui va permettre une résilience à la pandémie au Mali.

J’encourage les populations à se faire vacciner surtout que maintenant nous avons une certaine expérience sur la sécurité de ces vaccins.

Propos recueilli par Beydi Koné

CNIECS/22 septembre

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