Gouvernance de transition et refondation de l’Etat : Le combat contre la corruption et le favoritisme, l’autre grand défi

Le changement du système de gouvernance passera nécessairement par la fin des pratiques de favoritisme et de « petites corruptions ». Bref, un changement de mentalité de l’homme malien.

Avec le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita, le 18 août 2020, l’écrasante majorité des Maliens s’est inscrite dans une dynamique de refondation de leur pays. Cela doit passer notamment par une lutte farouche contre toutes les formes de corruption, dont le favoritisme, le népotisme.

En effet, la récente actualité de la suspension de l’attribution des logements sociaux a ouvert les yeux sur l’enracinement de pratiques malsaines dans la vie des Maliens. Il s’agit d’un système dit « d’arrangements » qui caractérise les relations entre administrations et usagers.

A titre d’exemple, la petite corruption dans les services comme au niveau de la police. Celle-ci pousse l’usager de la route à promptement glisser un billet de 1000 F CFA au policier de la circulation routière pour échapper à la verbalisation. Combien de fois ces pratiques honteuses ont pignon sur rue dans la circulation routière ? Comment faire pour freiner ces genres de corruption ? Ne faut-il pas un véritable changement de mentalité tant de l’agent de police que de l’usager pour éradiquer de telles pratiques ? Quel rôle nos autorités doivent-elles jouer dans ce sens ?

Idem pour l’usager du service public qui donne un billet de banque à l’agent public pour bénéficier de la délivrance d’un document administratif auquel il a pourtant droit. Ceci souvent pour faire diligenter le service dont il doit légitimement bénéficier. La situation est aussi similaire quand par exemple un opérateur économique doit être payé pour des prestations ou des fournitures de services au sein de certaines administrations.

Il urge que le nouveau Mali que tous les Maliens appellent de tous leurs vœux prévoit des dispositions sévères pour mettre fin à ces pratiques qui n’ont d’autres noms que la corruption et entrent dans la catégorie des cas de mauvaise gouvernance. Et le processus de refondation de l’Etat doit se préoccuper de trouver des mécanismes pour dissuader ces pratiques.

Par ailleurs, la question de l’enrichissement illicite et de la mauvaise répartition des richesses nationales doit être au cœur du renouveau auquel le peuple aspire. Comment comprendre que lors de divers concours de recrutement dans la fonction publique ou dans différents corps socioprofessionnels, des pratiques de favoritisme et de népotisme soient encore de mise ? Ne signale-t-on pas des cas présumés ou avérés dans le dernier concours d’entrée à l’EMIA et dans le concours de recrutement à la fonction publique ? Quid des soupçons de pratiques du genre dans la récente attribution des logements sociaux qui a finalement été suspendue ?

Les plus hautes autorités du Mali doivent, dans le cadre des réformes politiques et institutionnelles à venir, tout mettre en œuvre pour proscrire les pratiques frauduleuses ou de corruption dans l’accès à toutes les fonctions ou tous les privilèges de l’Etat. C’est à ce prix aussi que le nouveau Mali sera crédible et digne d’intérêt. Sans des dispositions courageuses dans ce sens, de nombreux Maliens prendront simplement les discours sur le Malikura comme un vœu pieux.

Source : Maliweb.net

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