Gouvernance 1992- 2023 : La malédiction démocratique

Avant qu’ils ne confisquent la victoire du peuple malien sur la dictature du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991, les démons parés aux couleurs de la démocratie ont juré devant l’Eternel que le système politique pour lequel ils se battent, est le seul chemin pour que le Mali revienne dans le concert des grandes nations. Mais, c’était mal connaître les loups déguisés en agneaux. Ils ont mis le Mali en coupes réglées pour constituer un trésor de guerre volé dans les caisses de l’État, afin de se mettre à l’abri de la misère et prendre le pays en otage par des élections truquées dont ils sont les seuls bénéficiaires.

Au sortir des vingt-trois (23) longues années de dictature du général Moussa Traoré (paix à son âme), renversé par un soulèvement populaire le 26 mars 1991, tout était indiqué pour que le Mali ne retombe pas dans une situation aussi décevante et déshonorante que celle nous vivons  aujourd’hui. Malheureusement, elle est l’œuvre d’une catégorie de femmes et d’hommes sans conviction politique, ni vision, mais instrumentalisés par l’impérialisme occidental pour mettre à terre notre pays. Ils ont réussi à le faire et l’État du Mali ne tient que par un fil. Et malgré cet état de fait, ils continuent à se glorifier de leur gouvernance parsemée de prédation, de vol, de surfacturation, de concussion, de l’affaiblissement de l’autorité de l’État et de dépravation de nos mœurs sacrifiées sur l’autel des droits humains (droit des femmes, droit des enfants, liberté d’expression, etc.). Comme si cela ne suffisait pas, ils tentent de convaincre des gens à les suivre dans d’autres aventures de démolition de notre pays. Que de la félonie !

L’arrivée des démons, qu’ils soient de midi et du midi, au pouvoir en 1992, n’a rien auguré de bon pour le Mali. Pourtant, ils avaient donné du sens à leur lutte contre le régime du général Traoré en s’attaquant aux maux qui rongeaient le système politique de ce dernier mis en place au lendemain du coup d’État contre le premier président du Mali, Modibo Keïta. Parmi lesquels on peut citer entre autres: corruption, népotisme, cooptation,  financement du parti unique (UDPM) sur les fonds publics, chômage, détournements de deniers publics, surfacturation, liquidation des sociétés et entreprises d’État… Le combat était noble. Et il ne pouvait que mobiliser les Maliens qui en avaient marre de la gestion clanique du chef de la soldatesque du 19 novembre 1968. Mais, c’était mal connaître les loups déguisés en agneaux.

 

Case départ

De déboires en déboires, le peuple malien ne savait plus où donner de la tête. Les nouveaux maîtres du pouvoir n’ont pas hésité à montrer leur visage hideux et affreux. Et le sentiment général partagé dans l’opinion nationale était: «ôte- toi de là pour que je m’y mette». Il ne restait plus que de continuer le travail de sape entamé sous Moussa Traoré pour affaiblir de nouveau l’État malien. Et c’est produit avec le président Alpha Oumar Konaré, un ministre du parti unique du général président. Bien huilé dans le système de prédation de l’ancien régime, il a aussitôt mis en place d’autres moyens de spoliation des biens publics en renforçant celui de l’ancien régime. Bonjour les dégâts !

La corruption s’est généralisée à un rythme jamais égalé dans notre pays. Les derniers sont devenus les premiers dans le vol crapuleux des richesses nationales. Ils ont été aidés en cela par la Constitution de 1992 qui les protègent jusqu’à leur dernier souffle. Ils se sont accordé des avantages faramineux: fonds de souveraineté, caisse noire, prise en charge par l’État.  Et surtout avec la prime accordée à la démocratie par leurs mentors français pour transformer notre pays en une succursale à leur service. À cet effet, des dizaines de milliards ont été accordés à des pays africains qui ont accepté de répondre à l’appel de La Baule: la démocratie ou rien. Cet argent a permis au président Konaré d’acheter des opposants politiques à coût de millions, instituant ainsi la corruption politique dans notre culture.

Comme si la malédiction démocratique s’abattait sur notre pays, ils ont cassé tous les ressorts sur lesquels on pouvait s’appuyer pour relancer le développement de notre pays. Ils ont continué avec la même politique de privatisation des sociétés et entreprises d’État qu’ils ont dénoncée sous Moussa Traoré en mettant dans la rue des milliers de chefs de familles. Jusqu’à présent beaucoup d’entre eux courent derrière leurs droits détournés par les hommes de droit de la démocratie. Ils ont mis en lambeaux l’école, la santé, l’armée. Ces trois secteurs constituent à n’en pas douter les piliers essentiels pour développer un pays. L’école est à la merci d’une privatisation derrière laquelle s’ils se cachent pour récolter des millions dits de subventions accordées à l’État aux promoteurs privés aux visages criminels. L’armée a été décapitée en ressources humaines de qualité et de matériels pouvant assurer notre sécurité.

Ces délinquants financiers, au nom d’une prétendue démocratie, ont délibérément fermé certaines de nos sociétés et entreprises d’État qui alimentaient nos marchés en produits de bonne qualité: savon, huile fabriqués par l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA). Le chemin de fer est passé par là. Il a été saboté pour laisser la place aux bus des compagnies de transport écrans. Et cela avec la complicité de l’Union européenne (UE) qui a construit la route Bamako-Kayes. N’en parlons pas de la vente des bâtiments administratifs.

Dans le domaine de l’agriculture, rien n’a été entrepris pour assurer l’autosuffisante alimentaire. Aucune réalisation digne de ce nom dans l’aménagement des plaines, excepté quelques réalisations faites par le président Amadou Toumani Touré (ATT, paix à son âme). Ils ont préféré l’importation en accordant des milliards de F CFA de subventions et d’exonérations à des opérateurs économiques qu’ils ont eux- mêmes fabriqués pour cette entreprise criminelle. Et à la fin de cette opération, l’argent est partagé entre eux, laissant le peuple à la merci de l’augmentation vertigineuse des prix.

La démocratie a été une véritable aubaine pour des crapules qui ont trompé les Maliens sur toute la ligne pour se servir. Et malgré leur forfaiture contre le peuple malien, ils ne sont pas inquiétés. Ils se disent encore acteurs incontournables de la scène politique malienne. Malheureusement, ils sont aidés en cela par la transition qui continue avec la malédiction démocratie en ne luttant contre aucun mal dénoncé sous le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Les rapports des structures de contrôle budgétivores dorment toujours dans les tiroirs. Comme au bon vieux temps des démocrates voleurs, la lutte contre la corruption sous la transition est menée en fonction de la tête du client. Et avec l’impunité, on est retourné à la case départ. Tous les maux combattus sous Moussa Traoré ont pris l’ascenseur.

Va-t-on continuer avec cette malédiction démocratique qui plonge chaque jour davantage notre pays dans le fossé du mécontentement ?

Yoro SOW

 

Inter De Bamako

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