État d’urgence, Covid-19 et le contrôle de la Presse: la colère légitime des médias
Les responsables des organisations faitières de la Presse ont organisé ce 20 décembre 2020, une Assemblée générale d’information, suite au communiqué du ministère de l’Administration territoriale, en date du 8 décembre, portant sur le contrôle du contenu médiatique, dans le cadre de l’état d’urgence décrété, pour faire face à la pandémie du coronavirus, qui se propage dans le pays.
Cette rencontre était présidée par Dramane Aliou KONE, président de la Maison de la Presse, qui avait à ses côtés Basidiki TOURE, président de l’ASSEP ; Modibo FOFANA, président de l’APPEL-Mali et de Bandiougou DANTE de l’URTEL, ainsi que plusieurs autres responsables des faitières.
Le but de la rencontre était de clarifier la position de la presse par rapport au « communiqué du gouvernement ».
Elle a été une occasion pour les responsables des faitières de rendre compte de leur rencontre avec les autorités qui a eu lieu, à la veille, sur cette question.
Dans ses propos, Bandiougou DANTE, Président de l’URTEL a dit ceci : « Nous nous sommes demandé en quoi la lutte contre la maladie à coronavirus peut donner droit au contrôle de contenu médiatique, de communication téléphonique. Nous n’avons pas compris. Nous avons effectivement eu les messages de manifestation de bonne foi venant de la Primature, du ministère de l’Administration territoriale et celui de la Communication. Les explications qui ont été données peuvent être plus ou moins être diffusantes et convaincantes dans les mesures où comme vous le savez, ce sont les communiqués classiques qui sont souvent reproduits. Mais nous pensons que le contexte est tellement sérieux que le communiqué qui doit sortir d’un ministère doit être un communiqué véritablement sérieux. Nous pensons vraiment, si c’est une erreur, d’accord. Si c’est un communiqué classique, on peut comprendre. Mais nous pensons qu’au nom de la lutte contre la maladie à coronavirus, nous n’allons jamais accepter de qui que ce soit, la remise en cause des libertés essentielles, notamment celle de la presse ».
Pour sa part, Fakara FAÏNKE, président de l’Union nationale des journalistes du Mali (UNAJOM), a dénoncé une restriction au droit à l’information et à la communication.
« Nous nous sommes dit que ce sont des mesures ostentatoires à la liberté de la presse. Ces mesures ne sont pas normales pour celui qui veut une presse libre, indépendante et démocratique. Donc, nous nous sommes dit qu’il faut organiser une conférence de presse pour échanger avec les confrères journalistes qui, déjà, à la suite de publication du dudit communiqué, ont pris peur. Heureusement que ceux-là qui ont fait ce communiqué ont vite compris de retirer le communiqué. Mais néanmoins, les responsables des organisations faitières de la Presse ont décidé d’échanger avec les journalistes sur la question afin de prendre des mesures et dénoncer cette pratique du Gouvernement », a-t-il dit.
Aux dires des conférenciers, une importante rencontre avec les deux ministères concernés, à savoir : le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation ainsi que celui de la Communication est prévue ce lundi 21 décembre 2020, à 10 heures pour aplanir les différends.
Au cours de cette réunion, les représentants de la presse malienne entendent exiger le retrait pur et simple des dispositions relatives aux restrictions à la liberté de la presse dans ce communiqué du Gouvernement.
« Nous allons approcher les autorités pour travailler ensemble afin de trouver un terrain d’entente sur cette question. Dans le cas contraire, nous allons battre pour le respect de ce droit inaliénable au Mali, depuis mars 91 », a prévenu Bandiougou DANTE, Président de l’URTEL.
Par SABA BALLO
Info-Matin