EDUCATION EN ZONE RURALE : « La majorité des élèves sont issus des milieux sociaux difficiles à cause du chômage croissant et s’ils doivent prendre les cours dans des conditions inadéquates, ce sera les encourager à échouer » interpelle Beda Brou Vivien, cadre Ivoirien de la région de la Mé
L’ÉDUCATION et la BONNE FORMATION des apprenants sont la condition sine qua non pour le développement de nos régions et par ricochet de l’émergence tant souhaitée de nos pays africains. C’est dans cette lancée que ce fils d’Affery basé en France a offert un lot de 2500 livres contenant plus de 1000 manuels scolaires. Mr Beda expliquera ses motivations à notre micro ainsi que sa lecture des défis de l’école ivoirienne.
Présentez-vous ?
Je suis Vivien BEDA, Cadre et Opérateur économique, Ivoirien et originaire de la région de la ME plus précisément d’Affery.
Expliquez-nous l’acte posé à l’endroit de votre région à l’endroit de l’école ivoirienne. Qu’en est-il ?
Dans une perspective d’accompagnement au renforcement des capacités d’outils pédagogiques de nos élèves, étudiants et bien étendues à toutes couches sociales de la région de la ME, un don de livres est prévu. En effet, cette action consistera à offrir gracieusement 2500 livres dont 1315 manuels scolaires pour équiper des bibliothèques des établissements de formation ainsi que celles des mairies.
Ce grand stock de livres est composé entre autres de manuels scolaires, de livres de littérature et de culture générale, adaptés aux réalités africaines locales, régionales et internationales. Cette action est réalisée avec notre partenaire français l’association « LE BOUQUIN VOLANT » qui a pour objectifs de faciliter la pratique de la langue française, de lutter contre l’illettrisme et de développer la culture française.
L’organisation pratique de la cérémonie de remise de ces dons sur le terrain était coordonnée par la Mutuelle des Fils et Filles d’Affery (MUFIA) dont l’une de ses missions majeures est le soutien de l’excellence en milieu scolaire. Je suis également membre d’honneur de cette importante mutuelle.
Pourquoi avoir choisi le monde de l’éducation ?
Mon choix s’est porté sur le secteur Education-Formation d’autant plus qu’il est primordial pour tout pays qui se veut émergent. Aujourd’hui plusieurs des problèmes sociaux qui minent certains pays africains sont dus à la qualité des formations dispensées aux apprenants pour rehausser le niveau, mais cela n’est pas suffisant. Il faut que le secteur formation-Education soit une priorité des priorités des Etats.
Alors en Côte d’Ivoire notamment dans la région la Mé, la qualité de la formation reçue à l’école jadis a permis l’accroissement du nombre de cadres et très hauts cadres qui ont amorcé le développement de la région.
Toutefois ces dernières années, les scores des examens de fin d’année enregistrés par la Direction Régionale de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle d’Adzopé (chef-lieu de région de la Mé) laissent à désirer.
Jetons ensemble un coup d’œil au tableau récapitulatif des résultats des examens des 3 dernières années 2018-2020.
Source : DRENET-FP ADZOPE / STATISTIQUES ENREGISTREES AUX EXAMENS DE 2018-2020
2018
2019
2020
Inscrits
Admis
%
Inscrits
Admis
%
Inscrits
Admis
%
CEPE
13051
12072
92.50
10632
9861
84.52
12929
12586
97.35
BEPC
10683
4216
39.46
10140
4429
43.68
10809
3973
36.76
BAC
4009
1483
36.99
3870
1144
37.31
4423
1346
30.43
Nous observons tous, que l’année 2020 a enregistré le plus bas score sur les 3 dernières années. Cela pourrait se justifier par la crise sanitaire de la COVID-19 que tous les pays du monde ont connue. Cependant les années antérieures, on a enregistré moins de 50% d’admission aux examens du Brevet d’Etudes du Premier cycle (BEPC) et au Baccalauréat.
Parmi les raisons évoquées, (outre l’abandon de l’école, le taux d’alphabétisation qui s’accroit ; le manque d’engouement des élèves pour l’apprentissage) qui pourraient justifier ces résultats peu reluisants sont inscrits le manque de manuels pédagogiques et d’autres équipements didactiques. C’est pourquoi, dans un premier temps, j’ai jugé utile d’offrir des livres multiniveaux pour aider déjà au renforcement des capacités individuelles des élèves pour espérer atteindre un score pertinent et satisfaisant voire record en cette année académique 2020-2021.Bien d’autres projets pourront se réaliser pour développer ce secteur, mais déjà le renforcement de la culture de la lecture constitue une première piste non négligeable.
Présentez-nous sommairement votre localité et ses atouts ?
Située au sud de la Côte d’Ivoire, la Région de La Mé (du nom d’un fleuve côtier de 140 km de longueur), est née du nouveau découpage administratif de la Côte d’Ivoire (cf. Décret n° 2011-263 du 28 septembre 2011 portant organisation du territoire national en Districts et en Régions).
Elle est limitée au nord par l’Indenié-Djuablin, au nord-ouest par le Moronou, au sud-ouest par l’Agnéby-Tiassa et le district d’Abidjan et au sud –est par la région du Sud-Comoé.
Elle constitue en association avec la Région de l’Agnéby-Tiassa et la Région des Grands Ponts, le District des Lagunes.
En outre, au niveau économique, pratiquement tous les chefs-lieux de communes et sous-préfectures disposent chacun d’un marché permanent de vivres à grande ou moyenne capacité (Adzopé : 600 places, Afféry : 642 places ; Akoupé : 3500 places, Bacon : 300 places, Assangbadji : 200 places etc). Les marchés hebdomadaires du dimanche d’Afféry, Ananguié et Bonahouin sont de notoriété avec d’importants volumes de produits vivriers de saison (manioc, banane, légumes etc) à prix bord champ.
On compte aussi les épiceries, quincailleries et autres magasins, le commerce de produits pétroliers (stations d’essence) et produits agricoles d’exportation.
Les villes d’Adzopé, d’Afféry et d’Agou sont également équipées chacune d’un abattoir municipal. Ces trois (03) villes précitées ainsi que celle d’Akoupé disposent de gares routières.
Au niveau de l’industrie, la transformation du bois dont les entreprises sont situées dans les communes d’Adzopé (FIP–avec succursale au Cameroun-, NSA, INPROBOIS et Tropical Bois) et d’Akoupé (SNTRA et NSKF) qui emploient environ 3500 personnes et transforment en moyenne 277 000 m3 de grume par an.
L’approvisionnement en bois est assuré dans un rayon de 150km autour des villes concernées. Mais la diminution des ressources forestières locales et la recherche d’espèces particulières amène lesdites entreprises à s’approvisionner également à Bongouanou, Abengourou et M’batto.
Parmi les structures industrielles, citons la société ITRAD-TALIN qui ayant pour matière première les fruits d’un certain arbre ainsi que ses feuilles (qui servent à attacher l’attiéké), approvisionne une industrie pharmaceutique en Grande –Bretagne, ADAM-AFRIQUE qui fait de l’extraction d’huile de palme, son activité principale. Ses structures sont implantées dans le département d’Alépé.
Les industries agro-alimentaires sont de quatre (04) types : l’unité de pressage de citron à Bécouefin, les boulangeries modernes, les unités de fabrication d’attiéké de Diapé, d’Andé-Akoudzin et d’Alépé, l’usine de banane douce de Bana-comoé et la plantation EGLIN (bananeraie) de Motobé.
Les activités minières proprement dites qui sont connues dans la Région de la Mé sont essentiellement la recherche et l’extraction de l’or dans les sous-préfectures d’Assikoi et de Yakassé-Attobrou par la société GASTRO-CI. Notre région possède aussi de nombreuses carrières de graviers et de sable parmi lesquelles celle de la sous-préfecture d’Agou, exploitée par la société GAMA-QUARTZ et celle de Abousékakoi.
Qui a été associé à votre action citoyenne ?
Toutes les parties prenantes de l’éducation et de l’enseignement sont associées à ce don. C’est-à-dire, La Direction régionale de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle (DRENET) d’Adzopé, le conseil régional de la MÉ, la chefferie traditionnelle, les autorités municipales, politiques, les autorités préfectorales, les responsables d’établissements scolaires : du primaire, du secondaire et de l’enseignement supérieur sans oublier les élèves et étudiants ainsi que leurs enseignants et parents.
Cette action citoyenne résulte de ma volonté manifeste de contribuer au renforcement des capacités de nos lecteurs et au développement du système éducatif en Côte d’Ivoire en général.
Mot de la fin.
Je remercie toutes les parties prenantes qui participent de près ou de loin à lune coordination pratique de la distribution des dits ouvrages. Mes remerciements vont aussi à l’endroit du partenaire français pour leur coopération qui a facilité la collecte des ouvrages qui serviront effectivement à faire ce don tant attendu.
J’aimerais inciter nos jeunes frères et sœurs, nos aînés à aimer lire et de faire bon usage des livres. La lecture se fait à tout âge.
Je voudrais clore mes propos en réitérant mes sincères condoléances aux différentes familles endeuillées lors des troubles liés à l’élection présidentielle dans mon pays la Côte d’Ivoire. Mes vœux de prompt rétablissement à tous les blessés et manifester tout mon soutien aux familles ayant perdu des biens.
Merci à votre équipe pour l’opportunité de m’exprimer!
Idriss Keita Pour Malizine