Démission d’IBK: les déserteurs en première ligne

Comme dans la vie de toute nation, le Mali traverse des moments très difficiles. Le navire Mali tangue et les rats se sauvent. Pendant ces moments difficiles pour le régime, des convives désertent, sans faire la vaisselle. Dans la contestation en cours, le paradoxe est que la première ligne est occupée par des anciens compagnons de route qui se retournent contre le Président de la République et exigent sa démission.

Le régime est actuellement éclaboussé par une vague de contestations menée en grande partie par des anciens proches du pouvoir. Beaucoup d’entre eux sont comptables d’un bilan qu’ils contestent aujourd’hui pour avoir occupé des postes ministériels et d’autres postes de responsabilité de haut niveau. Certains ont été remplacés et d’autres chassés pour insuffisance de travail. Aujourd’hui, ces frustrés du régime veulent prendre leur vengeance sur le pouvoir en décidant de démettre le chef de l’État, à travers la pression de la rue.
C’est une évidence palpable, le régime IBK a failli dans beaucoup de domaines. Que ce soit sur le plan sécuritaire, scolaire, alimentaire ou de la lutte contre la corruption, les attentes les Maliens sont loin d’être comblés. Pire encore, la situation ne semble pas prête à s’améliorer, sauf par miracle.
Malgré cette réalité tangible, les meneurs de la présente contestation sont loin d’être une alternative crédible pour des observateurs. Aujourd’hui, ces mêmes personnes qui ont eu à servir le peuple avec des résultats médiocres veulent se faire une nouvelle virginité, en trompant le peuple pour revenir dans les affaires.

Presque toutes les têtes d’affiche du M5-RFP ont collaboré avec le régime en place, d’une manière ou d’une autre, à commencer par l’imam Mahmoud DICKO ; Choguel Kokalla MAIGA ; Oumar MARIKO ; Konimba SIDIBE ; Mme SY Kadiatou SOW ; Cheick Sidi DIARRA…
Lors de l’élection présidentielle de 2013, l’imam Mahmoud DICKO a appelé à voter pour IBK. Pendant une bonne partie du premier mandat d’IBK, DICKO était en bon terme avec le pouvoir. Etat le président du Haut conseil islamique du Mali, il a été mis en mission de ‘’bons offices à Kidal et dans le Centre’’ pour négocier avec les jihadistes (Iyad et Kouffa). Cette mission a été interrompue avec l’avènement de Soumeylou Boubeye Maïga, à tête du gouvernement.
Depuis lors, le chef religieux devient très virulent contre le régime. Les manifestations et les déclarations hostiles se sont multipliées. Lors du grand rassemblement du 5 juin dernier, DICKO a lancé un ultimatum à IBK, en ces termes : « Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, il en prendra en compte. (…) Pas de casse ni d’insulte, nous demandons à IBK et à son gouvernement de partir ».

Choguel Kokalla Maiga, un autre meneur de la contestation, a beaucoup collaboré avec le président de la République. Depuis son éviction du gouvernement, il est devenu très virulent contre son ancien Boss.
Lors du rassemblement du 5 juin, Choguel Kokalla MAIGA a déclaré que le président IBK, de par sa gestion, est en train d’exposer le Mali à une disparition.
« Les Maliens souffrent de faim, de l’insécurité, du problème d’école… Un gouvernement qui ne peut assurer ces services à son peuple n’est pas légitime. Donc, c’est un gouvernement qui est incapable de résoudre les problèmes des Maliens. Alors, on ne peut pas accepter un gouvernement illégitime », a lancé Choguel Kokalla MAIGA.
Le combat d’un autre ancien ministre du régime IBK, en l’occurrence Konimba SIDIBE, est aujourd’hui de faire partir IBK, à travers la rue. Après le rassemblement du 5 juin, il a déclaré qu’« IBK doit entendre la voix de ce peuple qui l’a plébiscité en 2013 et qu’il a trahi par une gouvernance corrompue, clientéliste et calamiteuse qui a précipité le Mali dans le gouffre. ET DÉMISSIONNER immédiatement ».
De même, l’ancien ministre de la Justice, Mamadou Ismaeil KONATE, ne cache pas son désaccord avec le régime. Dans un récent post, il a écrit : « excès et arrogance sont mauvais conseillers en politique. Pas besoin d’oracles pour dire que la CC et l’AN sont à l’origine de la crise. Dissoudre la 1ère et que la 2ème signe sa fin permettent d’envisager le nouveau sort politique du pays et de la nation.#Mali#Crise#Demission ».
Le cas Oumar Mariko, qui avait rejoint le camp présidentiel après la présidentielle de 2013, n’étonne pas les Maliens, le sport favori de ce dernier étant la contestation sans être en mesure de faire des propositions concrètes.
Un autre cas moins étonnant est celui du président du Mouvement Anw bè Faso do, Cheick Sidi DIARRA. En fait, celui-ci n’a jamais été du côté du pouvoir malgré sa nomination à la tête de la Commission d’organisation du Dialogue national inclusif.
La plateforme Anko Mali dron de Mme Sy Kadiatou SOW a également fait allégeance aux contestataires. Une autre proche du pouvoir, à travers l’ADEMA PASJ, un parti de la majorité présidentielle, dont elle est ou a été membre.
Tous ces responsables du M5-RFP, qui ont été, à un moment donné, proches du pouvoir, ont quitté le navire sans faire la vaisselle. Ils sont devenus aujourd’hui très critiques voire virulents, vis-à-vis de ce régime dont ils ne sont pas étrangers du bilan. C’est ça aussi la politique au Mali. L’on mange avec le régime, au moment où le navire prend de l’eau, au lieu de s’assumer, on déserte tout bonnement pour ne pas être comptable, ou pour mieux critiquer. Mais l’histoire jugera.

Rédaction

Info-Matin

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