Crise malienne : Ce qui oppose Choguel à la CEDEAO
Le lundi 07 février 2022, le Premier ministre, Choguel Maiga, a rencontré pour la deuxième fois le corps diplomatique. C’était dans la salle conférence de la primature. Il y a tenu un discours fleuve dans lequel il a chargé une fois de plus Paris. Auparavant, il a martelé ce qui l’oppose à la CEDEAO. Nous vous proposons les pages consacrées à la communauté, « dont certains chefs d’Etat veulent vassaliser le Peuple malien pour le compte de l’agenda cachée de puissances extra-africaines »
Je considère l’état actuel de nos relations avec la CEDEAO, dont le Mali est membre fondateur, comme la résultante d’une brouille passagère, comme cela peut arriver entre les membres d’une même famille, sans que cela altère irrémédiablement le substrat des liens qui les unissent.
Ce qui nous unit à la CEDEAO est, en effet, bien plus fort que la conjoncture politique et transcende les vicissitudes du moment. Car la vocation du Mali est l’Afrique, son unité, son intégration politique et économique.
L’engagement panafricain est une constance qui habite notre pays depuis son indépendance. Il est gravé dans le marbre, au travers de toutes les Constitutions dont le Mali s’est doté, depuis le 22 septembre 1960, date officielle de la proclamation de la République du Mali en tant qu’Etat indépendant et souverain.
Pour ce faire, le peuple malien a usé de son droit constitutionnel à la désobéissance civile prévue par l’article 121 de la Constitution. Il a protesté dans la rue à travers des rassemblements grandioses dans toutes les villes du Mali et au sein de la diaspora, des manifestations organisées par les forces du changement réunies au sein du M5-RFP.
Pendant le soulèvement populaire, qui a duré des mois, des manifestants aux mains nues ont été tués de Kayes à Bamako, y compris dans des lieux de cultes, en passant par Sikasso, à travers un usage disproportionné et frauduleux de la force publique, notamment l’utilisation d’unités de la Force Spéciale Antiterroriste qui n’ont pas vocation à faire le maintien d’ordre.
Les jeunes officiers patriotes qui, au risque de leur vie, ont mis à fin à la dérive et à l’imminence d’une situation de guerre civile ont, dès le lendemain du changement de régime le 18 août 2020, dit haut et fort, avoir parachevé la lutte héroïque du Peuple. Ils ont su fédérer autour d’eux l’ensemble des Forces de Défense et de Sécurité, ainsi que les Forces vives autour d’un objectif : Sauver le Mali du chaos.
Pour montrer leur bonne foi, fait inédit, ils ont maintenu en l’Etat la Constitution en vigueur. Qui a été plus tard complétée par la Charte de la Transition issue des concertations des Forces vives de la Nation tenue en septembre 2020.
Dans ces conditions et nous ne cesserons jamais de le dire, on ne peut pas ramener raisonnablement la Transition, sauf à être dans une approche réductrice, parcellaire ou binaire, à la tenue seulement et uniquement d’élections ; en occultant le fait que depuis 1992, notre pays a régulièrement organisé divers scrutins, qui ne l’ont pourtant pas épargné les ruptures à répétition de l’ordre constitutionnel.
surtout, en occultant le fait que la grave crise politique, sociale et sécuritaire qui a conduit à la démission de l’ancien Président de la République en 2020 (paix à son âme ! ) était née justement d’une crise électorale, celle des législatives de mars et avril 2020, illustration magistrale des limites et des déficiences qui caractérisent la gouvernance électorale dans notre pays.
Source : 22 Septembre