CHOGUEL KOKALLA MAÏGA/COLONELS Coup de poignard !
Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a récemment lancé un discours qui semble révéler les signes préoccupants d’une possible rupture entre lui et les cinq colonels au pouvoir. Dans une courte vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, Choguel a exprimé un sentiment de panique et d’impuissance face aux défis qui se profilent à l’horizon.
Dans ses déclarations, le Premier ministre Choguel admet ouvertement que son gouvernement est désespérément centré sur la situation économique du pays. Il fait l’éloge du patriotisme et du nationalisme comme à ses habitudes, mais reconnaît que cette posture à la limite manipulatrice, ne suffit pas à leur renouveler un délai de grâce.
« Le discours patriotique et nationaliste, ça peut tenir un an, deux ans, trois ans, sur la durée, mais à la longue, c’est l’économie qui tient », a-t-déclaré.
À cette étape où les militaires sont à la croisée des chemins, les mots du PM viennent traduire à la face du monde, sa crainte d’être déchu qui le pousse non pas à dire ce qui lui semble vrai, mais, à intimider les militaires.
Dans une moindre mesure, l’aveu d’impuissance de Choguel, si on peut lui accorder le bénéfice du doute, avec inquiétude, ne doit être qu’interpellateur.
« Nous sommes prêts à tout, parce que notre peuple est mobilisé. Donc, la défense, la diplomatie… Ce qui nous reste maintenant, c’est le problème de développement. Parce que de tout ce qu’on parle, tout ce qu’on dit là, les citoyens cherchent à manger. Tous ceux qui nous soutiennent aujourd’hui-là, s’ils n’ont pas à manger demain, c’est les mêmes qui vont prendre les cailloux pour nous renvoyer. Il vaut mieux travailler et quitter à temps, avant d’être renvoyés. Parce que ceux qui vous applaudissent aujourd’hui, demain, c’est les mêmes qui vont vous dire que nous avons apprécié ce que vous nous avez donné, mais nous voulons encore mieux, si vous n’êtes pas capables, quittez. Donc, il faut faire en sorte qu’on fasse tout sur le plan du développement économique et social », a longuement déclaré le Premier ministre.
Eu égard à ses propos, et un bénéfice du doute lui est accordé, tout laisse croire que le Chef du Gouvernement malien craint des conséquences de l’inaction du gouvernement.
« Ce n’est pas le discours d’un leader confiant et déterminé, mais plutôt d’un homme qui se trouve dans une position de faiblesse et d’incertitude », persifle un militant soutien de la transition qui se dit abattu par la sortie du premier ministre.
Pour un autre soutien de la transition qui a requis l’anonymat, le Premier ministre est dans une logique de faire porter les militaires le chapeau de l’échec qu’il voit se profiler sur le plan économique et social. En d’autres termes, « Il les (militaires) met en garde contre une éventuelle révolte populaire et les appelle à quitter le pouvoir avant que la situation ne devienne incontrôlable », explicite cet interlocuteur qui entrevoit surtout une fissure qui vient de déposer ses valises entre les forces politique et militaires du régime de transition.
« Choguel manque de leadership et de vision pour relever les défis auxquels le pays est confronté. Au lieu de proposer des solutions concrètes et un plan d’actions, solide, il se contente des discours creux et de déclarations alarmistes. Un véritable leader devait être capable de mobiliser son gouvernement pour mettre en œuvre des politiques efficaces et agir de manière décisive pour améliorer la situation économique et sociale du pays », discoure un ancien ministre de la transition.
Ni plus ni moins, « la sortie de Choguel sonne comme un appel au pied désespéré et une tentative de détourner l’attention de ses propres échecs en pointant du doigt les cinq colonels, plutôt que d’assumer la responsabilité de ses actions et de ses décisions, il préfère chercher des bouc-émissaires et des excuses pour justifier l’échec de son gouvernement à résoudre les problèmes du pays », croit savoir un politologue sous anonymat.
Somme toute, les récentes déclarations du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga révèlent à bien des égards, la posture d’un leader en proie à la panique et à l’incertitude. Plutôt que de faire preuve de leadership et de jeter les bases des solutions concrètes, il préfère lancer un appel désespéré aux cinq colonels qui ont d’ailleurs jeté leur dévolu sur lui sans sourciller. Cette attitude qui ne rassure aucun malien, ne fait que renforcer les inquiétudes quant à la capacité de Choguel à changer les choses qu’il a toujours dénoncées.
DCA
Le Soft