Cherif Ousmane Madani Haidara : « Si on ne résout pas la situation des enseignants, je sortirai… »
Ce jeudi 11 juin 2020, le Haut conseil islamique a abrité un point-presse dans le but d’informer l’opinion nationale sur son point de vue sur la situation sociopolitique du Mali. La rencontre a réuni les responsables des différentes confessions religieuses.
Selon Ibrahim Kontao, vice-président du Haut conseil islamique, suite à la manifestation du juin 5 dernier, le HCI a entrepris des démarches pour la cohésion nationale. Ce n’est nullement pas une prise de position pour X ou Y. Mais pour sauver le Mali. Selon le secrétaire général du HCI, Dr Diamoutani, face à la dégradation de la situation sociopolitique que travers le Mali, particulièrement depuis l’organisation des dernières élections législatives, les religieux et la société civile ont décidé de réunir leurs forces au sein d’un cadre dénommé « Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile ». Objectif : contribuer à l’apaisement du climat sociopolitique ; la recherche de solution durable aux problèmes majeurs auxquels le Mali est confronté.
Selon leur déclaration, le Cadre dénonce avec force la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays ; la crise scolaire ; la mauvaise gouvernance ; la mauvaise distribution de la justice ; les problèmes de santé et la mauvaise gestion des élections législatives. Le Cadre appelle les autorités et l’ensemble des acteurs à la retenue pour sauver le Mali du chaos et du vide constitutionnel. Le Cadre dit soutenir et appuyer toute initiative visant la stabilité du pays, notamment le dialogue qui constitue un mécanisme de gestion de crise. Il invite le président de la République à accorder plus d’attention aux revendications légitimes et aux problèmes du pays.
Aussi, dans la même déclaration, les confessions religieuses demandent aux autorités de prendre des mesures tendant à instaurer un climat de confiance et de transparence dans la gestion dans la gestion des affaires publiques.
Par ailleurs, elles s’engagent davantage à jouer leur partition dans la recherche de solutions définitives à la crise. Et cela, à travers des pourparlers et des négociations avec les plus hautes autorités du pays et les principaux acteurs pour une sortie de crise durable.
Selon le Cardinal Jean Zerbo, Archevêque de Bamako, l’homme de Dieu doit être une sentinelle pour la cohésion et l’entente. Travailler à la stabilité est la meilleure issue pour l’entente nationale. Aussi, ajouta-t-il que le pouvoir doit être à l’écoute du peuple.
Selon Ousmane Madani Haïdara, nous n’avons que Mali. « Aujourd’hui les gens souffrent. Les autorités sont injoignables. Donc, souvent, il est impossible de dialoguer, a-t-il fait savoir. Ce que je dis n’engage que moi et non le Haut conseil islamique. Le problème du pays, ce sont les dirigeants. Donc, je n’accuserai personne d’avoir manifesté contre ce régime. Et pour une meilleure solution, les autorités doivent être joignables. Puisqu’elles sont généralement aux abonnés absents. Ma stratégie, c’est de tenter de résoudre les problèmes dans la discrétion. On m’a promis des terrains pour la construction d’une école, mais rien. D’autres promesses ont été faites, mais on n’a rien vu. Tout ce que nous faisons, c’est par patriotisme. Sinon, si ça ne tenait qu’à ce régime, je serais déjà devant les marcheurs. Car s’il y a quelqu’un qui devrait marcher contre ce régime, c’est moi. Mais, je préfère des pourparlers et le dialogue d’abord. Le remède d’un mal de tête n’est jamais la décapitation », a renchéri Haïdara.
Et le chérif d’ajouter : « On ne veut pas que le président démissionne. Car, telle n’est pas la solution. Mais, il devrait changer de stratégie de gouvernance. On ne dirige pas avec les muscles. Sa stratégie, c’est seulement prendre en compte les revendications de ceux qui sortent leurs muscles. Je le dis haut et fort. Il faut que les autorités changent de comportement. Ma vison de la situation est que je propose et réagis. Aujourd’hui, Ançar Dine a déjà fait un don de plus de 76 millions FCFA aux veuves de militaires. Les gens souffrent au quotidien. Je le répète, le ras-le-bol est général. Et les gens souffrent. Les gens crient partout à l’injustice et à la mauvaise gouvernance. Les plus hautes autorités doivent changer de stratégie. Toutefois, je n’approuve pas la démission du président. On peut tenter de négocier pour les autres postes. Une fois de plus, que les autorités soient intègres. Nous appelons les acteurs à la retenue », a-t-il fait savoir. Dans un ton menaçant, il avertit le gouvernement : « Si on ne résout pas la situation des enseignants, je sortirai, non pas pour demander la démission du président, mais pour montrer mon mécontentement. Et je ne voudrais pas que cela arrive ».
Adama TRAORÉ
Source: La Preuve