Centrafrique: après une journée de combats, le calme est revenu à Bangui
La vie reprend doucement son cours dans la capitale centrafricaine, après une journée de tirs dans plusieurs quartiers périphériques. Les assaillants ont été repoussés par les Faca et leurs forces alliées. Plusieurs d’entre eux auraient été tués. La mission des Nations unies déplore aussi la perte d’un casque bleu rwandais.
Avec notre envoyée spéciale à Bangui, Alexandra Brangeon
Bangui s’est réveillée dans le calme ce jeudi matin. Les habitants craignaient une nouvelle offensive des rebelles, mais elle n’a pas eu lieu. Par endroits, l’activité a repris timidement. Dans le centre-ville, des commerces sont ouverts, il y a toutefois moins de monde que d’habitude dans la rue. Le gouvernement interdit la circulation de toutes les moto-taxis, car les rebelles utilisent eux-aussi des motos pour se déplacer. Des milliers d’habitants de Bangui étaient donc privés de leurs moyens de transports ce matin.
Sur l’avenue de l’Indépendance, le grand axe qui mène vers le nord de la ville, il y avait également moins de véhicules. Policiers et gendarmes arrêtaient les taxis et les bus ce matin, pour effectuer des contrôles. En périphérie, les nombreux petits marchés sont encore ouverts.
Quid des groupes armés ?
Peu d’informations circulent sur l’état des groupes armés et leur présence. Ils ont été repoussés, annonçait hier le gouvernement. Le Premier ministre a parlé d’une trentaine d’assaillants tués, cinq capturés. Hier, à la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur a exhibé un combattant étranger capturé, sans préciser sa nationalité.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les moyens et la stratégie de ces rebelles qui sont descendus sur la capitale, en passant par la brousse, évitant ainsi les axes qui descendent sur Bangui et qui sont contrôlés par les Faca, les militaires centrafricains, appuyés par les Russes, les soldats rwandais et la Minusca.
S’agit-il d’une stratégie de harcèlement pour faire pression sur le gouvernement centrafricain et pouvoir négocier ? Le front, en tout cas, est toujours à Boali, à 85 kilomètres de la capitale. Mais hier, les rebelles ont montré leur capacité à se rapprocher de Bangui.
L’heure est grave. Notre pays est en guerre. Je vous lance un vibrant appel, pour que les populations elles-mêmes s’organisent pour protéger les acquis réalisés démocratiques et faire de telle sorte que, nous-mêmes, nous soyons la véritable armée. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une crise et à cette guerre qui nous a été imposée et déclarée. Face à cette situation, nous avons une seule voie, c’est l’unique voie. C’est que nous nous constituions en défenseurs de notre démocratie et faire de telle sorte que la route soit barrée à tous ceux qui vont se mettre en travers. Mais là, il faudrait que nous nous comprenions et que nous appartenions, effectivement, à cette nation qui est la République centrafricaine. La meilleure aspiration démocratique de l’heure, est celle qui voudrait que nous allions vers l’apaisement des cœurs.
Émile Gros Raymond Nakombo, maire de Bangui