Burkina Faso : le président Kaboré débat avec les jeunes à propos de l’insécurité
Le président Roch Marc Christian Kaboré était face aux jeunes des 13 régions du pays dans un dialogue direct, à l’occasion du Forum national des jeunes qui se tenait à Koudougou, dans la région du centre ouest. Le thème de l’insécurité est souvent revenu au cœur du débat.
Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani
Cette année le forum était placé sous le thème « Réconciliation nationale : rôle et place de la jeunesse ». Face au chef de l’État, les jeunes ont dans un langage franc et sincère soumis leurs préoccupations. Hormis les doléances sur la réalisation d’infrastructure, l’emploi et la formation professionnelle les jeunes ont mis l’accent sur la sécurité. Les représentants des régions du Sahel, de l’Est, du Nord, des Cascades, du Centre Nord, ont tous fait cas de la montée de l’insécurité sur le terrain.
L’une des interventions qui marqué les participants à ce dialogue direct entre le président Roch Marc Christian Kaboré et les jeunes, c’est celle du représentant de la région du Sahel. Depuis 2016, cette région est soumise au dictat des groupes armés terroristes selon Aly Bocoum, président du Conseil régional des jeunes du Sahel. Sur 26 communes que comptent cette région, seuls les chefs-lieux des provinces sont encore habités.
« Nous vivons le martyr. C’est dommage de le dire, mais la région du Sahel est réduite à 4 communes. On ne peut plus aller ailleurs. Tu ne peux pas quitter Dori, tu ne peux pas quitter Seba… Aujourd’hui, 48% de la population du Sahel est déplacée interne. C’est pour ça que nous demandons au gouvernement d’agir. »
Kaboré appelle la jeunesse à se mobiliser
Pour le président Roch Marc Christian Kaboré, il faut éviter de dramatiser la situation et semer la psychose. Il invite les jeunes à une mobilisation pour défendre le territoire.
« C’est vrai qu’il y a des problèmes d’insécurité. C’est vrai qu’il y a des combats qui se mènent. Nous sommes tous au Burkina Faso. J’ai des amis qui vivent au Sahel et qui viennent jusqu’à Ouagadougou et qui repartent. Ne faisons pas comme si tout était fermé. Nous savons que les situations sont difficiles, mais je veux qu’en tant que jeunesse, vous portiez toujours l’espérance de votre pays, le patriotisme de votre pays, et que vous sachiez qu’il n’y a aucun sacrifice inutile pour la survie de votre pays. »
« Notre responsabilité, c’est de nous battre contre le terrorisme jusqu’à la victoire finale », a martelé le président Roch Marc Christian Kaboré face aux jeunes.
Schéma « Vérité et Réconciliation »
Concernant la réconciliation nationale, les jeunes engagés en politique ont demandé au président Roch Kaboré de choisir entre le modèle rwandais ou sud-africain, avec une justice transitionnelle pour aller vers la réconciliation. Proposition rejetée par le chef de l’État qui maintient le schéma « Vérité, Justice et Réconciliation ».
Quant au retour des exilés politiques, notamment l’ex-président Blaise Compaoré, il a expliqué avoir entamé les discussions pour son retour, mais celui-ci a refusé de rentrer en pointant du doigt l’ouverture du procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara.
« J’avais demandé au ministre d’État Zéphirin Diabré d’aller en Côte d’Ivoire pour rencontrer le président Alassane Ouattara avec qui nous avions eu des discussions autour de cette question pour que Blaise Compaoré revienne au bercail. Nous n’avons aucun problème pour ça. Mais avec le procès Thomas Sankara, les gens ont déclaré qu’ils ne viendront pas. Parce qu’il y a une loi d’amnistie et que rien n’est respecté au Burkina Faso. »
RFI