Au Forum de Paris sur la paix, le défi de «refonder la coopération internationale»

Pour la troisième année consécutive, le Forum de Paris sur la paix veut rassembler les acteurs les plus importants de « l’intelligence collective mondiale ». Chefs d’Etat et de gouvernement, PDG de grandes multinationales et acteurs de la société civile, s’expriment sur la plateforme numérique du Forum, du 11 au 13 novembre 2020. Ainsi, le président sénégalais Macky Sall y a évoqué le terrorisme, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, la coopération internationale, une nécessité durant cette pandémie de Covid-19 et John Kerry, l’environnement.

Il y a cinq ans, jour pour jour, la France était frappée par les attentats les plus meurtriers jamais commis sur sol. Des attaques à Paris dans la salle de spectacle du Bataclan, sur des terrasses de la capitale, et à quelques kilomètres de là à l’extérieur du stade de France. Des attaques perpétrées par des commandos jihadistes qui feront 130 morts et des centaines de blessés. Cinq ans plus tard, la France est encore la cible d’attaques jihadistes. La dernière en date s’est déroulée fin octobre 2020 dans la basilique de Nice.

Cette question du terrorisme, il en a été question, hier à Paris lors de la première journée du Forum pour la paix. « Il faut que nous nous battions ensemble contre ces extrémistes », a notamment lancé le président sénégalais Macky Sall qui a également souligné qu’« il faut que nous acceptions les différences, mais que nous allions ensemble vers ce que nous voulons bâtir en commun. C’est comme ça que je vois la plateforme qui pourra nous permettre de combattre ensemble tous ceux qui sont contre ces valeurs communes que nous pouvons développer et qui se nourrissent de la haine qui veut créer discours hégémonique pour justifier leur forfait en utilisant la religion, alors que l’islam est la première victime. Parce que venez trouver des gens en train de prier dans une mosquée, vous mettez une bombe pour les tuer, on ne peut pas appeler cela l’islam ; ou  venir dans une église tuer des fidèles catholiques alors que le prophète Mohammed, pendant qu’il était à Médine, a hébergé dans sa mosquée des gens qui étaient en quête d’une zone de prière. »

« Il faut pas dire que l’islam, en tout cas l’islam que nous connaissons nous, au Sénégal, poursuit Macky Sall, qui est un islam de tolérance que nous assumons ne peut pas aller dans cette direction. Nous voulons aussi qu’il y ait la tolérance vis-à-vis de l’islam tolérant. Il faut que nous nous battions ensemble contre ces extrémismes, mais il faut aussi qu’on respecte la différence. »

Un appel pour faire du vaccin anti-Covid un bien public mondial

Le Forum de la paix de Paris a également lancé un appel pour faire du futur vaccin anti-Covid un bien public mondial. Une idée soutenue par la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo qui souligne en outre la nécessité de renforcer la coopération internationale : « En cette période de pandémie, un devoir s’impose à nous : refonder la coopération internationale. La crise sanitaire nous rappelle que la santé, son accès garanti à tous et toutes, est une priorité absolue. Alors que la course au vaccin contre le Covid-19 continue, je me joins à l’appel à en faire un bien public mondial, accessible à tous, sans restrictions quelconques. »

« Deuxièmement, continue Louise Mushikiwabo, nous devons remettre en route l’économie mondiale, cela ne se fera pas sans tous nos pays. C’est pourquoi nous devrons œuvrer à réduire le poids de la dette qui affecte les Etats les plus fragiles. La prolongation du moratoire sur son remboursement est une bonne chose. A plus long terme, il faut envisager sa restructuration. Pour tout cela, nous avons besoin d’un sursaut de coopération internationale. L’urgence est de bâtir un multilatéralisme rénové, renforcé, efficace. Au-delà des mots, il faut agir et la francophonie avec ses 88 Etats et gouvernements membres prendra toute sa part à ce renouveau »

Le coup de colère de John Kerry à propos du climat

L’Amérique des prochaines années n’aura rien à voir avec celle du mandat Trump, promet John Kerry, l’ancien chef de la diplomatie américaine. Celui qui avait signé l’accord de Paris au nom de Barack Obama appelle la communauté internationale à se réveiller. Et l’arrivée de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis ouvre, selon lui, un nouveau chapitre diplomatique. John Kerry très remonté à la tribune du troisième Forum pour la paix : « Ce ne sera pas une Amérique, je peux vous le dire avec certitude, qui agira avec l’arrogance de ces quatre dernières années, celle qui lance des guerres commerciales, qui se retire de tout, de l’accord sur le nucléaire iranien, de l’accord de Paris, de l’accord de partenariat transpacifique, et ainsi de suite… Sans raison, sans cohérence et sans fondement. Comment d’autres nations pourraient-elles nous prendre au sérieux si on ne les aide pas à franchir le pas technologique qu’on leur a promis à Paris ? Il faut une volonté politique ! Au G20 l’an dernier, on a débouché sur quoi ? Vingt millions de dollars pour l’Amazonie qui était en train de brûler. C’est une insulte ! On parle du G20 qui représente 85% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il faut que cette institution se pousse du col. On est dans une période de transition, cela va prendre 20 ou 30 ans, On le sait tous. Mais la seule façon d’y arriver, c’est du subventionner les projets et les causes qui en valent la peine. Pas celles du passé qui font partie du problème ».

Source: RFI

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