Albinisme: le défi de l’accès à la crème solaire

À un an de l’échéance de la mise en œuvre du Plan d’Action régional sur l’Albinisme en Afrique (2017-2021), les organisations de défense des droits des personnes atteintes d’albinisme montent au créneau pour dénoncer le rejet des albinos par la société. Mais aussi et surtout, le faible, voire manque, de fermeté des pouvoirs publics vis-à-vis des crimes et autres violations des droits des personnes atteintes d’albinisme. Pour faire le point de la situation, les responsables de ces organisations étaient face à la presse ce 3 octobre 2020, à la Maison de la presse.

L’objectif de cette rencontre avec les hommes de média était de faire le bilan du Plan d’Action régional sur l’Albinisme en Afrique (2017-2021) et de dénoncer les nombreux cas de violations des droits de cette catégorie de personnes particulièrement vulnérable, à cause de la couleur de sa peau.
Cette conférence était animée par Mamadou SISSOKO, président de la Coalition des organisations des personnes atteintes d’albinisme (CORPA) qui avaient à ses côtés, Mme Maiga Aminata TRAORE, présidente de l’Association malienne pour la protection des albinos des personnes atteintes d’albinisme (A.M.P.A) ; Boubacar DOUMBIA, président de SOS-Albinos, avec le Dr Zouma TRAORE, modérateur.
Dans son intervention, Mme Maiga Aminata TRAORE, présidente de l’Association malienne pour la protection des albinos des personnes atteintes d’albinisme (A.M.P.A), a souligné que cette conférence marque le début d’un processus de plaidoyer que des organisations de défense des droits des personnes atteintes d’Albinisme entendent mener pour la mise en œuvre du Plan d’Action régional sur l’Albinisme en Afrique.
Sous l’égide de l’expert d’indépendant des Nations unies pour l’albinisme, 26 organisations du continent ont élaboré en 2017 un Plan d’action Plan d’Action régional sur l’Albinisme en Afrique. Ce plan est articulé autour de 4 axes principaux et les différents Etats du continent doivent mettre en œuvre. Déjà, en 2019, lors 35e session Assemblée générale l’Union africaine tenue à Niamey, le plan a été adopté.
Après cette adoption, les organisations de la société civile se donnent comme mission de faire des plaidoyers pour que le Gouvernement adopte ce plan d’action au niveau national. Selon elle, ce plan d’action prend en compte les besoins spécifiques des personnes atteintes d’albinisme. Il s’agit notamment des besoins sanitaires, des besoins en termes d’éducation, d’insertion économique et sociale. Il s’agit surtout de trouver des réponses aux attaques qui sont faites à l’encontre des personnes atteintes d’albinisme.
Selon elle, les personnes atteintes d’albinisme vivent toujours le martyr avec des cas discrimination, de marginalisation, d’abandon total même de certains parents et des fois d’assassinats.
Dans ce plan, dit-elle, il est demandé aux gouvernants de former certains acteurs des services publics à la prise en charge des cas d’albinos.
Aujourd’hui, le nombre de cas d’abandon croît de jour en jour au niveau de cette catégorie sociale généralement déficiente visuelle. Elle a aussi besoin des crèmes solaires et de l’assistance des professeurs et des camarades. En 2021, le combat de l’AMPA vise à faire en sort que les personnes atteintes d’albinisme de Kayes à Kidal puissent avoir accès aux crèmes solaires. Il s’agit d’avoir les crèmes solaires comme médicament essentiel et prise en charge par l’AMO. Enfin, elle a invité les médias à s’impliquer dans la campagne de plaidoyer pour l’adoption de ce plan.
De son côté, le conférencier, Mamadou SISSOKO, non moins président de la Coalition des organisations des personnes atteintes d’albinisme (CORPA), a fait le point de la mise en œuvre de ce Plan régional dans notre pays. Il a indiqué que l’adoption de ce plan d’action par la conférence des Chefs d’État du continent est déjà un challenge. En 2021, a-t-il expliqué, il s’agit de faire l’évaluation de ce document sur la période de 2017 à 2021 et engager les actions pour la mise en œuvre effective des autres points qui n’ont pas été réalisés. Il s’agit de mettre en place une nouvelle stratégie avec les pouvoirs publics et les organisations de la société civile pour l’atteinte de l’objectif.
En termes d’acquis, il a salué la création de l’hôpital dermatologique avec un siège pour les personnes atteintes d’albinisme au niveau du conseil d’administration. Nous souhaitons que nos militants puissent avoir le même traitement au niveau de l’IOTA. Aujourd’hui, le défi est de faire en sorte que ce plan d’action ne puisse pas rester comme un document de la société civile, mais de l’État et des pouvoirs publics. Selon M. SISSOKO, il doit être transformé en une politique nationale de promotion des droits des personnes atteintes d’albinisme. Selon une enquête réalisée par la CORPA, 78,57 % des albinos ont été victimes d’une discrimination, agression physique due à leur maladie. 32,78 % n’utilisent pas de crèmes solaires, et 50,37 % des répondants ont des taches noires sur la peau. De même, 89,74 % des répondants subissent des discriminations (injures, sabotages) à l’école. Par ailleurs, la grande majorité des répondants n’ont pas de verres corrigés, soit 82,23 %.

Par Abdoulaye OUATTARA

Info-Matin

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