TRANSITION D’APRÈS 25 MARS 2022:L’« opposition » fixe la nouvelle trajectoire
Le Cadre lance un vibrant appel à l’ensemble des forces vives de la nation à se retrouver après le 25 mars 2022 pour donner une trajectoire pour le salut de notre nation, faute de consensus entre les autorités de la Transition et la CEDEAO sur la durée et le chronogramme de la nouvelle Transition.
Le Cadre d’Echange des Partis Politiques et Regroupements de Partis Politiques pour une Transition Réussie entend prendre le taureau par les cornes à partir du 25 mars prochain, faute de compromis entre les autorités de la Transition et la CEDEAO. Le cadre l’a fait savoir lors d’une conférence de presse, le samedi 19 mars 2022 au Centre Djoliba de Bamako, sur l’évolution de la situation socio-politique du pays. Présidée par le président du Cadre, Dr Modibo Souaré, en présence des partis membres. Dans sa déclaration liminaire, lue par le représentant de l’EPM, Amadou Koïta, non moins président du Parti Socialiste (PS) Yelen Kura, le Cadre reste sur le qui-vive dans une démarche participative et constructive« face à la gravité de la situation, l’escalade permanente quasi quotidienne adoptée par le Gouvernement actuel comme mode de gestion, la violation des engagements pris par les autorités de la transition »
En effet,le Cadre dit constater, depuis le deuxième coup d’État du 24 mai 2021et la mise en place du Gouvernement Choguel, « une violation systématique des engagements » contenus dans cette Charte de la Transition, l’élection présidentielle au 27 février 2022 et la fin de la transition au 25 mars 2022. « Malheureusement, sous la conduite de ce Gouvernement, aucune action concrète n’a été entreprise dans le sens de l’organisation des élections, pour un retour à l’ordre constitutionnel. Une raison évidente de la rupture de confiance du Peuple et des partenaires du Mali », relève le Cadre. Selon lequel « les autorités de la Transition ont travaillé plutôt à mettre toutes les parties prenantes devant le fait accompli d’une prolongation, sans aucune discussion préalable. Alors que dans l’éventualité d’une prolongation, il aurait été bien céans d’ouvrir de franches discussions avec les forces politiques et sociales du pays, le pouvoir actuel a privilégié les menaces, les intimidations, les bras de fer, le mépris et les affrontements avec tous ceux qui ont une voix proposante ou discordante ».
Effets des sanctions
Pour le Cadre, la responsabilité des sanctions déplorables imposées par la CEDEAO incombe aux autorités de la Transition animée par « la volonté manifeste de confiscation et de se maintenir au pouvoir en entretenant un flou artistique sur les délais assorti d’une gestion opaque et discriminatoire ». Par conséquent, « la logique de confiscation du pouvoir a pris le dessus la levée des sanctions qui aurait surement soulagé la souffrance du peuple ». Cela est en train de provoquer la faillite de nombreuses entreprises, poumons économiques de notre pays, car des milliers de camions sont massés aux frontières sans que le Gouvernement en fasse une priorité, des pans entiers de l’activité économique du pays sont aux arrêts fautes de matières premières, les prix ont grimpé, surtout ceux du carburant. Ce qui « va amplifier la détérioration des pouvoirs d’achats » des populations, « engendrer une crise économique qui par conséquent entrainera une crise sociale » caractérisée par le chômage, l’augmentation de la délinquance, les vols, la corruption et les attaques à main armée d’honnêtes citoyens, la paralysie de l’administration publique par faute de moyen budgétaire suffisant « pendant que les autorités s’apprêtent à augmenter le nombre des membres du CNT et de l’équipe gouvernementale ».
Quid du Malikura ?
Pour Dr Modibo Soumaré et ses camarades, « le Mali vit dans le clivage à cause de l’invective permanente contre la grande majorité de la classe politique » que constitue le Cadre. « Le Malikura tant vanté se résume à la propagande et au populisme. Le Malikura, pour eux, c’est de nous dire qu’ils ont fait en 8 mois pour notre vaillante armée ce qui n’a été fait en 30 ans. Le Malikura, c’est la distribution des logements sociaux dans le clientélisme, le favoritisme et le népotisme. Le Malikura, c’est de faire le recrutement à la CANAM dans la concussion. Le Malikura, c’est d’exposer le pays à des sanctions économiques et financières dans la seule volonté de confisquer le pouvoir. Le Malikura, c’est l’isolement diplomatique du Mali », ridiculise le cadre.
Concernant la Gouvernance, le Cadre engage la responsabilité de l’ensemble des autorités de la transition sur le fait que « le Chef de l’Etat peine à fixer le cap et à siffler la fin de l’escalade, le CNT n’interpelle pas le Gouvernement sur la gestion catastrophique de l’isolement de notre pays et l’absence de mesures de soulagement des souffrances dus à l’embargo, le Gouvernement étale à la face du monde son incapacité à conduire la transition vers la réalisation des vraies missions ».
Le Cadre regrette que dix-huit mois après, les autorités de la Transition n’ont pas pu ramener le Mali à l’ordre constitutionnel normal et pour masquer son incompétence, le Gouvernement publie une auto satisfecit de quatre-vingt-sept (87) pour cent de taux de réalisation de ses objectifs, sur la période de Septembre-Octobre-Novembre soit un trimestre et non la totalité de la transition (18 mois). « Par insuffisance de résultat concret, le gouvernement a ignoré le bilan des 18 mois », souligne-t-on dans la déclaration.
Nouveau cap
Eu égard à ces raisons évoquées, le Cadre « exige la mise en place, à compter du 25 mars 2022, une nouvelle Transition avec la mise en place d’un nouveau Conseil National de Transition (CNT) et d’un nouveau Gouvernement de mission conduit par un Premier ministre non partisan. La nouvelle transition, à partir de cette date, doit être neutre avec un programme clair, centré sur le renforcement de la sécurité pour l’intégrité du territoire national, le retour rapide de l’ordre constitutionnel normal à travers l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes, l’apaisement du climat socio-politique, le renforcement de la relation entre notre pays avec ses partenaires. La nouvelle Transition, que le Cadre exige, sera conduite par un nouveau Gouvernement de mission dirigé par un chef de gouvernement non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays afin d’assurer une sortie honorable de notre pays de cette période de crise majeure unique dans l’histoire du Mali ».
Dans sa déclaration, le Cadre rejette le projet de loi non consensuelle de relecture de la loi électorale proposée au CNT et recommande l’adoption d’une loi électorale consensuelle qui avait été adoptée par la majorité de la classe politique avec le Ministère en charge de l’Administration Territoriale. Le rejet porte aussi sur la révision unilatérale de la Charte de Transition, conformément aux objectifs d’un pouvoir qui veut s’éterniser par tous les moyens.
La liberté d’expression en mal
Aussi, le Cadre dénonce les violations des libertés fondamentales, devenues la règle de la gouvernance actuelle, les arrestations arbitraires et les règlements de comptes politiques devenus armes régulièrement utilisées pour réduire au silence ceux qui osent apporter la contradiction. Comme cela a été les cas de l’ex Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, de l’économiste Étienne Fakaba Sissoko, de M.Issa Kaou Djim, de M. Abdoulaye Coulibaly, président de ICAP. Sans oublier la suspension de France 24 et de RFI.« Tout citoyen malien a le droit de jouir de ses libertés fondamentales », rappelle le Cadre face à « cette dérive totalitaire et cette dictature annoncée » et appelle le peuple à œuvrer pour la préservation des droits chèrement acquis, d’autant plus que « le principe de la séparation des pouvoirs doit prévaloir, laissant la justice faire librement son travail, sans influence aucune ».
Vers le bras de fer
Face à ce qu’il qualifie de « la dérive suicidaire imposée au peuple », le Cadre invite l’ensemble des démocrates et patriotes à se joindre à sa démarche pacifique et cohérente obéissant à la légalité constitutionnelle pour sauver notre pays. « Il s’agit d’un devoir historique, patriotique et républicain. Les forces démocratiques doivent se donner la main pour faire barrière à la montée de la restauration, des forces réactionnaires qui veulent plonger le Mali dans l’obscurantisme. La dictature annoncée n’épargnera aucun parti politique, aucun démocrate, aucun républicain. Nous devons engager ensemble et de façon solidaire, en toute conscience et au-delà de toute contingence, en conformité avec nos idéaux une lutte implacable pour sauver notre pays, notre démocratie si chèrement acquise », peut-on lire entre les lignes de la déclaration.
Pour y parvenir, le Cadre a lancé un vibrant appel à l’ensemble des forces vives de la nation à se retrouver après le 25 mars 2022 pour donner une trajectoire pour le salut de notre nation. « Le 25 mars, si la situation politique déplorable de notre pays ne changeait pas, le Cadre se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux pour défendre la Constitution et la République », ont prévenu les acteurs du Cadre.
Cyril Adohoun
Source: L’Observatoire