Réseau des defenseurs des droits de l’Homme : Exhorte les autorités au report du second tour…
Dans leur communiqué daté du 07 avril dernier, le RDDH dénonce des problèmes constatés lors du premier tour des élections législatives au Mali. Sans complaisance, le RDDH riposte vigoureusement et tape du poing sur la table pour rappeler à l’ordre le régime IBK. Lisez plutôt !
Le Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme (RDDH) composé
d’une cinquantaine d’organisations de la société civile après analyse du processus électorale sur la base des rapports d’observation des différentes organisations de la société affirme que la démocratie est menacée. Le peuple malien assiste pacifiquement à une parodie d’élection placée sous « la bannière de la résolution numéro un du dialogue national inclusif». Nous attirons l’attention de tous (acteurs nationaux du processus et communauté Internationale) sur les constats suivants :
En effet depuis la convocation du collège électorale le 22 Janvier 2020, l’une des premières préoccupations des différents acteurs étaient la sécurisation du processus électoral.
A cette préoccupation est venue se greffer l’urgence sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus.
- La Campagne
Aucun des acteurs n’a pu battre campagne selon les règles préétablies par la loi électorale
Il a été enregistré des attaques contre les individus, des enlèvements de bien et de personnes, des menaces morts etc…
Les candidats n’ont pas pu battre campagne à cause de l’insécurité à travers tout le pays (Nara, Koro, Bankass, Banamba, Macina et pratiquement tout le Nord du Mali).
Deux candidats à Bankass et Koro ont signalé la situation sécuritaire fragile de leur localité pour battre campagne.
A Nara, dans la région de Koulikoro, des candidats ont également signalé des incidents sécuritaires. Le convoi d’une candidate a été attaqué par des individus armés non identifiés à quelques mètres de la ville de Nara. La prétendante à la députation a crié sa colère et interpellé les autorités pour une meilleure sécurisation de la campagne.
A Niafounké, le chef de file de l’opposition a été enlevé créant la stupeur et la psychose au sein des états-majors des partis politiques et des candidats indépendants.
Face à la pandémie du Coronavirus les attroupements de plus de cinquante personnes ont été interdits par le gouvernement alors que la campagne draine des foules.
Toutes ces anomalies n’ont pu amener les protagonistes à se raviser pour prendre la décision de suspendre le processus électoral.
- Le jour du vote :
Des incidents sécuritaires graves ont été rapportés : – dans les régions de Mopti, Gao et Tombouctou plusieurs menaces de mort, des cas d’enlèvements de chefs de village, d’agents électoraux ont été signalés ; des destructions de matériel électoral ont été constatées. Ces incidents ont sérieusement entaché le déroulement du scrutin dans ces localités ; dans le cercle de Ménaka, centre de vote d’Essaina M’Bahou le Président, les Assesseurs et une observatrice de la COCEM ont été enlevés avec le matériel électoral. Ils ont été relâchés sains et saufs dans l’après-midi du jour de scrutin.
Dans le cercle de Tenenkou, région de Mopti, un chef de village a été menacé de mort si les élections se tenaient. Dans deux autres villages du même cercle, les bureaux de vote sont restés fermés à cause de l’insécurité. A Bonni, dans le cercle de Douentza, l’enlèvement des agents électoraux a été constaté, les bureaux de votes sont restés fermés.
Dans le village de Monzoga, cercle d’Ansongo (région de Gao), le matériel électoral a été brûlé et les agents électoraux enlevés.
Dans le cercle de Gao, centre de Farandjire, un individu possédant un lot de cartes d’électeurs a été interpellé ce qui a entraîné un arrêt momentané des opérations de vote.
Dans le cercle de Niafunké, région de Tombouctou, un chef de
village et le Président du bureau de vote ont été enlevés.
Dans les villages de Arabebe et Waki, cercle de Niafunké, les bureaux de vote n’ont pas ouvert. Dans la commune de Soboundou, cercle de Niafunké, la confiscation des cartes d’électeurs des citoyens par des hommes armés à la veille du scrutin a été rapportée.
Des menaces de mort à l’encontre de la population et des personnes qui oseraient aller voter le dimanche ont été notées.
Des cas d’enlèvement de matériel électoral et d’attaques de bureau de vote par des groupes armés, notamment dans les communes de Bellen (Cercle de Ségou), de Yeredon-sayona et Sokolo, dans le cercle de Niono (région de Ségou), à Boni dans le cercle de Douentza (région Mopti), à Youwarou, Niafunké,
Goundam, Tombouctou, etc.
Dans un bureau de vote dans le cercle de Kolokani (région de Koulikoro), un assesseur s’est fait représenter par un mineur.
Des cas de vote sans présentation de procurations ont été enregistrés dans plusieurs localités du Nord notamment à Ménaka, Kidal, Goundam, Diré et Gourma-Rharous.
Tous ces incidents ont été rapportés par les missions d’observation des organisations de la société civile.
Dans les grandes villes comme Bamako, Ségou, Sikasso, Kayes etc… l’achat des consciences et de votes se faisait au su et au vu de tout le monde comme en attestent des images diffusées sur les réseaux sociaux.
- La situation sanitaire :
Face à la pandémie du Coronavirus, le dispositif sanitaire tel que promis par le gouvernement n’a pas été déployé partout. (Manque de masque de protection, de gants, de gel hydro-alcoolisé etc…) L’utilisation multiple de l’encre indélébile par les citoyens.
Au regard de tous ces manquements le RDDH exhorte :
– les autorités au report du second tour du scrutin afin de mettre la période à profit pour corriger les disfonctionnements et manquements constatés
– Engager la réflexion avec tous les acteurs nationaux et internationaux pour sécuriser les élections.
– Ne reprendre le processus qu’après la libération des otages et la fin de la pandémie ;
– Exhorte les pouvoirs publics et la communauté internationale à s’impliquer avec détermination pour la libération du chef de file de l’opposition car il y va de l’honneur du Mali et de la communauté internationale.
En conclusion le RDDH rappelle l’article 1erde la Constitution du 25
février 1992, qui dispose que «la personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne ».
Fait à Bamako le 7 Avril 2020
La Présidente
Bouaré Bintou Founé Samaké
Source: Mali Demain