Régions du Nord: La France exploite-elle nos gisements de pétrole ?
Depuis la colonisation, pour rappel, l’organisation commune des régions sahariennes (l’OCRS) a été une collectivité territoriale créée par la France au Sahara de 1957 à 1963. Elle a été instaurée par la loi du 10 janvier 1957, et elle avait pour but « la mise en valeur, l’expansion économique et la promotion sociales des zones sahariennes de la République française ». Elle était délimitée dans la loi du 10 janvier 1957 de la façon suivante :
• la commune mixte et l’annexe de Colomb-Béchar, la partie de l’annexe de Gerville, située au sud des monts des Ksours, les communes indigènes et les cercles de Goudam, de Tombouctou et de Gao;
• Les parties sahariennes des communes mixtes de Laghouat et de Djelfa, les communes indigènes et annexes de Ghardaïa, El Goléa et Ouargla, les communes mixtes de Touggourt et d’El Oued;
• Les communes mixtes et annexes du Tidikelt, des Ajjers et du Hoggar ;
• la partie nord des cercles de Tahoua et d’Agadès, comprenant la totalité de la subdivision de Bilma, la région de Borkou Ennedi Tibesti.
Le ministre du Sahara, en qualité de délégué général de cette organisation a exercé par délégation les pouvoirs précédemment conférés dans leurs territoires respectifs au gouverneur général de l’Algérie, et aux hauts commissaires et gouverneurs de l’Afrique équatoriale française et de l’Afrique occidentale française.Son organisation a été modifiée par l’ordonnance du 4 février 1959 qui a redéfini son territoire en le limitant aux départements sahariens, tout en prévoyant des conventions « avec les États et territoires limitrophes qui accepteraient ses objectifs ». L’organisation commune des régions sahariennes a été liquidée par le décret du 26 mai 1963.
En mai 1958, avant l’arrivée de De Gaulle, 300 notables maures ont signé une pétition envoyée au président de la République pour fonder une région saharienne rattachée à la France parce qu’ils ne voulaient pas être gouvernés par la majorité noire du sud.
L’Union Soudanaise RDA, étant contre la création de l’OCRS, a mis le ministre de l’Intérieur à l’époque qui était Mamadou Madera KEITA en mission d’information et de sensibilisation contre toute tentative de rattachement des provinces du nord au Sahara. C’est ainsi que l’Amenokal de Kidal Attaher Ag Ili a déclaré en substance nous avons été colonisés ensemble par la France, ensemble nous irons à l’indépendance. Tous nos oueds coulent vers le sud, notre avenir est avec le soudan.
La France depuis cette période avait des visées économiques sur le nord de notre territoire, connaissant toutes les potentialités économiques de cette zone. Nous ne sommes pas surpris d’apprendre que l’agence panafricaine d’information a révélé que la compagnie pétrolière française « Total » serait actuellement en phase d’exploration pétrolière au Mali, confirmant l’inquiétude de l’opinion publique malienne sur l’enjeu des intérêts économiques de la France. Selon des sources autorisées, tel que le site maliweb.net, la France a acheminé depuis 2013 chaque jour dans la région de Kidal du matériel d’exploitation. L’article fait savoir que « Total » mène des activités exploratoires dans le bassin de Taoudéni aux confins des frontières du Mali et de l’Algérie, citant un responsable mauritanien, que l’Agence PANA a constaté en marge d’une conférence-exposition sur le secteur en Mauritanie.
L’Agence panafricaine affirme même que la facture pétrolière de la France, qui connaît un déficit de près de 48 milliards d’euros, pourrait ainsi être soulagée avec les futures activités de Total au Mali, qui n’avait pas bénéficié de licences en 2012 aussi bien sous le Président ATT que sous la transition.
Un esprit malin dirait que c’est la raison qui expliquerait pourquoi la situation au nord du Mali tarde à être clarifiée, malgré la présence de 4 500 militaires français et 15 000 hommes de la MINUSMA. Total, qui entre dans la danse, aurait donc aujourd’hui bénéficié d’autorisation pour mener ses activités d’exploration dans le bassin pétrolier de Taoudéni. Et il faut noter que, depuis quelque temps, la composition de l’attelage gouvernemental malien comprend un portefeuille dédié à cette ressource que d’aucuns appellent « la richesse du diable » en Afrique. Mais du côté du ministère des mines et du pétrole, il y a un black-out total sur le sujet. Il en est de même à Koulouba. Cela veut dire que la réalité de la situation au nord de notre pays nous est cachée par notre président qui ne pipe mot sur la question !
Badou S. Koba
Source: Le Carrefour