Violences faites aux femmes: à Rio, des cercles de parole pour briser la loi du silence
Au Brésil, « il n’y a pas grand-chose à célébrer » en cette journée de la Femme selon la ministre de la Femme, de la famille et des droits de l’homme. Cette année, plus de 105 000 signalements de violences contre les femmes ont été faits sur une plateforme gouvernementale. Des cercles de parole sur la question existent aussi, comme dans une communauté évangélique de Rio.
De notre correspondante à Rio, Sarah Cozzolino
Avec le confinement et l’augmentation du chômage, les victimes ont été obligées de vivre avec leurs agresseurs. Une étude révèle que cinq femmes par jour auraient été victimes de féminicides ou de violences en 2020. Pour sortir de ces situations d’extrême urgence, les femmes doivent déjà briser le silence. C’est l’objectif des cercles de paroles qu’organise Viviane, une pasteur évangélique, dans la banlieue de Rio.
Dans cette petite église évangélique aux murs blancs, cinq femmes sont venues partager un petit déjeuner et discuter. Marcele, 26 ans, a récemment réussi à quitter son mari après 9 ans de relation qu’elle décrit comme un enfer.
« Pendant la pandémie, ça a empiré. Parce qu’il n’avait pas de travail, donc il était obligé de rester à la maison. Quand je suis allée voir la première fois la pasteur Viviane, j’avais un œil au beurre noir. Tout ça, ça me tuait à petit feu », témoigne-t-elle.
Violence psychologique
Elle raconte aux autres femmes la violence psychologique qu’elle subissait chaque jour. « C’était par exemple quand je mangeais un repas, parfois le seul de la journée. Il arrivait et au lieu de m’aider il jetait un verre d’eau dans mon assiette pour que je ne puisse pas manger », poursuit Marcele.
Marcele avait demandé de l’aide aux pasteurs de son église évangélique, mais on lui a répondu qu’elle elle devait supporter tout ça pour « sauver » son foyer. Viviane Azevedo l’a accueillie dans son église, elle est souvent menacée par ses pairs.
« Une commission d’éthique de pasteurs est venue me dire que je n’avais pas le droit de faire ça. Ils viennent parce que je dérange leur système. Et ce n’est pas tout, il y a aussi les menaces d’hommes, des agresseurs qui font partie de la communauté religieuse. Donc, ils savent où je suis. La plupart du temps, je ne peux pas me promener seule », assure Viviane.
Viviane est aussi assistante sociale juridique. Elle regrette de ne pas pouvoir aider toutes les femmes qui la sollicitent et lance un appel pour former plus de leaders communautaires, au sein des églises et des favelas, à ce genre d’accompagnement.
RFI