Transition et échéances électorales : Qui a intérêt au pourrissement de la crise ?
En réaffirmant sa détermination à s’affranchir de la domination néocolonialiste française, l’Etat malien a fait le pari d’une rupture sujette à tous les complots.
-maliweb.net- Le monde néocolonialiste occidental pourrait-il admirer la volonté d’affranchissement des autorités de la Transition malienne ? Rien n’est moins sûr. Puisque tout apparaît comme si les dirigeants maliens avaient donné un grand coup de pied dans la fourmilière avec le camouflet administré à la France par rapport à sa coopération paternaliste et condescendante.
En effet, en dénonçant les accords de défense avec Paris, en actant le renvoi de la force Barkhane et en administrant une cinglante expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Bamako a voulu prendre son destin en mains. Sauf que cette option sonnait comme une véritable déclaration de guerre aux yeux du président français, Emmanuel Macron.
Cette lecture élyséenne de la situation a pris de l’envergure avec l’escalade verbale entre les autorités des deux pays, tant au plan diplomatique bilatéral qu’au niveau de la communauté internationale. C’est dans ce sens que le complot ou les manœuvres des dirigeants français dans la crise sécuritaire malienne ont été éventrés et motivé une plainte retentissante devant les Nations-Unies. Cela sera considéré par Emmanuel Macron et ses amis comme un véritable crime de lèse-majesté.
En outre, le renforcement de la coopération entre La Russie de Vladmir Poutine (surtout en matière militaire) et le Mali sera le franchissement du rubicond. Et des élus français ont pu alors déclarer que Bamako va « payer » cet affront magistralement administré par le Col Assimi Goïta !
C’est pourquoi, dressé sur ses ergots, le coq français, soutenu par ses alliés, ne se font pas prier pour manœuvrer, afin que l’hippopotame malien tombe, ou trébuche tout au moins. Tous les moyens seront bons, pour peu que « le jeune Colonel » des bords du fleuve Djoliba morde la poussière ? Lui qui a osé fouiner dans des…dossiers de certaines multinationales à intérêts français !
Ce qui peut pousser les démocrates occidentaux à mettre des bâtons dans les roues des préparatifs électoraux ? Pourquoi pas, surtout si le chef de la Transition malienne nourrit une quelconque ambition dans l’agenda électoral. Des officines relais ne se sont-elles pas déjà affiché à faire échouer le projet référendaire pour l’adoption d’une nouvelle Constitution ?
C’est dans ce climat plutôt délétère que certains observateurs avaient déjà pronostiqué que la crise sécuritaire malienne pourrait connaître de nouvelles secousses. Cela ne s’est manifesté par les velléités de radicalisation des ex-rebelles de la CMA, qui se donnent des airs plus provocateurs à Kidal. Comme si cela ne suffisait pas, c’est désormais le réveil des attaques de convois et camps militaires et attentats kamikazes. Ce qui pousse à se demander de savoir qui a intérêt à un pourrissement de la Transition malienne. Tout ne semble-t-il pas mis en œuvre pour pousser le colonel Assimi Goïta vers une offensive militaire aux conséquences inestimables ? La France et ses alliés n’ont-ils pas un agenda pour le Mali ? Quid des insuffisances constatées et déplorées çà et là dans les actions de la MINUSMA sur le terrain ? Les jours de cette force onusienne ne semblent-ils pas comptés au sein de l’opinion malienne, tant son efficacité laisse à désirer ? Rien n’est sûr.
Et c’est là l’une des raisons qui pousse les forces du mal à plaider dans les instances internationales que les sanctions soient maintenues contre le pouvoir de Bamako. Histoire de conserver l’option malsaine de pompier pyromane. Un schéma que Bamako pourra se résoudre à mettre fin, pour sauvegarder, vaille que vaille, les intérêts du peuple. Et ce, malgré les défis qui s’amoncellent ! Comme quoi, le colonel Assimi Goïta est finalement condamné à une véritable équation du… ça passe ou ça casse !
Boubou SIDIBE/maliweb.net