Super Tuesday: la victoire des «mèmes» américains
Avec des milliers d’influenceurs sur les réseaux sociaux, une profusion de tweets politiques et des vidéos truquées en pagaille, le « Super Tuesday » des primaires démocrates aux États-Unis aura été celui de la démesure sur la Toile.
Cette débauche de moyens a déjà coûté la bagatelle de plusieurs centaines de millions de dollars. Parmi l’arsenal numérique à disposition des candidats en lice dans cette course à la Maison Blanche, se dégage une profusion de « mèmes ». Ces images humoristiques qui caricaturent à chaque élection les candidats sur les réseaux sociaux, que ce soit en bien ou en mal, se sont imposées depuis longtemps dans les messages politiques en ligne.
Le « mème » a été imaginé par le biologiste britannique Richard Dawkins en 1976 dans l’un de ses ouvrages. C’est la contraction du mot « mimesis » qui veut dire « imitation » en grec ancien, et du mot « gène », ces fragments et séquences d’ADN permettant à nos cellules de se répliquer.
Par analogie, il a largement été repris sur le Web. Il désigne toutes les réplications d’une idée ou d’un concept, comme un tweet publié « à la façon de », une parodie vidéo ou une image détournée de son contexte à propos d’une situation vécue par un personnage emblématique ou célèbre.
« Le seul candidat cool »
De Bernie Sanders à Michael Bloomberg en passant par Joe Biden, tous les candidats du « Super mardi » ont mis en scène leurs propres « mèmes » caricaturaux, afin de s’attirer les votes des jeunes électeurs.
L’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, a fait appel à la société Mème 2020 créée par des influenceurs sur Instagram pour capter contre rémunération des soutiens auprès des fans d’un célèbre rappeur. « Pouvez-vous poster un mème qui fasse savoir à tout le monde que je suis le seul candidat cool ? », leur a-t-il demandé avec une photo de lui en short et polo.
michael bloomberg has been paying meme-sharing accounts on instagram to post sponsored bloomberg memes that look like chats with bloomberg. here is an example of one of the sponsored posts.
Le groupe Facebook « Bernie Sanders Dank Meme Stash » utilise Giphy, le plus grand site de Gif sur la Toile, pour alimenter ses pages avec de petites animations humoristiques. Joe Biden lui se contente de laisser faire les internautes. Sa longue carrière politique lui a permis de devenir la muse des créateurs de mèmes depuis de nombreuses années.
Trump en Rocky
Mais la palme d’or du procédé revient au locataire actuel de la Maison Blanche. Donald Trump est un inconditionnel de la méthode. Par exemple, le photomontage de son visage sur le corps de Rocky Balboa, le boxeur incarné à l’écran par Sylvester Stallone, a fait le tour du monde de la presse et des réseaux. Cette image qu’il a publiée en 2019 afin de démentir les rumeurs concernant sa mauvaise santé, a été partagée illico 200 000 fois. C’est beaucoup plus que ses tweets intempestifs.
La présidentielle américaine de novembre se jouera-t-elle alors à grand coup de caricatures sur le Web ? Parodies contre parodies ! Mèmes contre mèmes et les électeurs des nations du monde entier finiront par ne plus jamais prendre au sérieux leurs représentants politiques, commenterait aujourd’hui sur les réseaux sociaux, Gandhi.
RFI