Situation sociopolitique : Comment sauver le Mali ?
«Chaque génération dans une relative opacité doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir».
On dit souvent que «celui qui veut abattre une nation s’attaque à son système éducatif et celui qui veut affamer son peuple procède au bradage de ses biens matériels». Et Sage dit: «On ne bouffe qu’une fois le patrimoine paternel». Il n’est plus un secret pour personne que les Sociétés et Entreprises d’État construites par le Président Modibo Keita ont été liquidées par l’apache régime de Moussa Traoré.
Le gage de celui-ci était d’enterrer l’œuvre gigantesque de construction d’une nation prospère et indépendante. Il a réussi son coup contre notre peuple travailleur en bradant ses Sociétés et Entreprises d’État. Alors bonjour la bamboula économique de l’infime minorité de bourgeois arrogants et la misère humiliante de l’écrasante majorité de nos masses laborieuses !
En lieu et place d’un Mali égal pour tous, Moussa a posé les pierres angulaires d’un pays, où ceux qui travaillent s’appauvrissent et s’enferment progressivement dans une misère endémique indescriptible et ceux qui ne font rien se frottent insouciamment les mains comme des bénits venus du ciel et largués sur une terre désormais ensanglantée par les avatars de la politique.
Moussa Traoré est chassé du pouvoir un jour historique de 26 mars 1991. Les mauvaises graines du bradage des biens de l’État qu’il a semé ont germé et fleuri sous le régime de celui que certains citoyens appelaient honteusement le «rouge». Il s’agit du premier Président démocratiquement élu, en 1992 Alpha Oumar Konaré.
Sous ce Président qui n’avait nul gage de servir le peuple et de respecter la mémoire de ceux des femmes et des enfants qui ont consenti le sacrifice ultime pour l’éclosion de la démocratie véritable, la liquidation des biens de l’État était devenue monnaie courante. La longue liste des biens bradés à des individus en dit long. C’était désormais une pratique nouvelle instaurée sous Alpha Oumar Konaré en mode de gestion des affaires: la dilapidation à vue des joyaux nationaux.
À titre d’exemple, les maires sous Alpha Oumar Konaré étaient devenus des vendeurs de parcelles à des particuliers aux dépens des masses travailleuses de notre pays. Pour fêter son second mandat, il a osé dire à la face du monde qu’il ne veut plus entendre que les maires ont vendu des terres. Mais il ne pouvait prendre le moindre risque de demander des comptes à ceux qui se sont déjà donné à cœur joie à la vente et au marchandage de ce bien commun qu’est la terre. Parce qu’il savait et parce que tous ceux qui se souciaient du bien-être du peuple malien savaient que le «rouge» n’avait que faire de la défense des intérêts supérieurs des masses laborieuses du Mali.
Pour éviter donc le séisme au sommet de l’État, Alpha Oumar Konaré ne pouvait que dire aux maires affairistes de ne plus vendre de terre. Par cet acte pour le moins antipatriotique, le comportement de son successeur était bien prévisible, le décor ayant été planté par Alpha Oumar Konaré.
Amadou Toumani Touré (ATT) avait donc choisi de dire qu’il ne va humilier aucun chef de famille. Oui, il ne pouvait entreprendre d’humilier au risque de se voir humilié et compris par ceux des enfants maliens qui disaient qu’ils étaient prêts à mourir pour ATT (ATT, an be sa i nòfè)
Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, ayant été forgé dans le moule de Alpha Oumar Konaré pour avoir été le Premier ministre pendant six (06) ans de celui-ci avait-il le courage suicidaire d’entreprendre une démarche contraire à celle de son prédécesseur et de son mentor vis-à-vis de la chose publique ? Tout sauf un tel courage politique. Mais, Si cette information se confirmait, ce crime vient achever la longue liste de bradage des biens du Mali pour le bien-être d’une bourgeoisie nationale sangsue de notre peuple travailleur. La fille d’Alpha Oumar Konaré, Kadiatou Konaré a-t-elle voulu trahir sa classe politique, démasquer une certaine politique mafieuse en cours au Mali où était-ce pour salir la personne d’IBK ?
En tout cas selon des sources concordantes, Kadiatou Konaré dite Atou a dit lors de son interpellation que l’Institut National des Arts (INA) a bien été vendu à un particulier, courant 2019-2020.Si cette information se confirmait, ce crime vient achever la longue liste de bradage des biens du Mali pour le bien-être d’une bourgeoisie nationale sangsue de notre peuple travailleur.
Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) est chassé du pouvoir par des jeunes officiers s’appuyant sur le mécontentement généralisé de tout notre peuple. Comme s’ils ont bien compris le cri de détresse de ce peuple. Si c’est bien le cas, et s’ils veulent une refondation du Mali à l’avantage du peuple malien, il n’y a pas mille détours à faire: en leur qualité d’honneur en arme ayant prêté serment de défendre les intérêts supérieurs du Mali même au prix de leur vie, ces jeunes miliaires de la Transition et auteurs du coup de force contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita doivent à présent entreprendre d’organiser et de faire tenir l’audit de la Nation.
De grands vampires de la politiques politicienne se sont mouillé la barbe et les seins dans des combines contre notre peuple travailleur dans des affaires sales comme la vente et l’appropriation des terres aux dépens des maliens dont le seul crime est d’appartenir à ce peuple. Il suffit de chercher à savoir les dessous et les dessus du partage des parcelles de l’ACI 2000 et les raisons de l’arrêt des démolitions entamées par le ministre des Domaines de l’État et des Affaires Foncières, Me Mohamed Ali Bathily. Le cœur aura grossi contre les pratiques illicites au cœur de la gestion des «démocrates sincères et convaincus».
Pour tout dire, les responsables de la Transition et leur président de Transition, le colonel à la retraite doivent exiger l’audit de la Nation. L’on peut s’inspirer, sans complexe de l’expérience patriotique des tombeurs du président Algérien, Bouteflika. Ils ont procéder simplement à la confiscation des biens mal acquis de l’entourage du Président. Voilà les caisses de l’État algérien renflouées de la coquette somme de 4920 milliards de FCFA. C’est dire que la refondation du Mali restera un vœu pieux à l’absence de l’audit de la Nation, sachant que le Mali continue à saigner par la gestion mafieuse de ses affaires par des politiciens rapaces et apatrides.
Si la transition ne réalise pas l’audit de la Nation avant de rendre le pouvoir, ce serait pour notre pays de faire un pas en avant et deux pas en arrière. Il importe à cet effet de rappeler cette réflexion guide d’un combattant de la liberté des peuples. Il disait: «Chaque génération dans une relative opacité doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir» (Frantz Fanon). En effet, pour une refondation véritable du Mali, l’audit de la Nation s’impose.
Fodé KEITA
Source: L’Inter de Bamako