Sans Tabou: dialogue, en quête de mirage
Alors que l’on baigne dans la douce euphorie d’une paix armée décrochée sur le front de Farabougou, avec la levée de 6 mois de siège et sa contrepartie d’ouverture des portes du Cercle de Niono à des prêcheurs Jihadistes, à Tessit, c’est l’horreur. En effet, ‘’la relève montante du poste de sécurité de Tessit, localité située à 55 km au Sud-Ouest de Ansongo a fait l’objet d’une embuscade tendue par des groupes armés terroristes aux environs de 13h30. Après de violents combats, le bilan fait état de 02 morts et 08 blessés côté FAMa. Les opérations de ratissage sont dans le secteur. Les évacuations des blessés sont assurées par la MINUSMA’’. C’est qu’indique un communiqué de la Primature qui donne un bilan identique à celui de l’Armée.
La relève est tombée dans une embuscade tendue par une centaine d’hommes à bord de pick-up et sur des motos, selon un récit fait antérieurement par l’armée sur les réseaux sociaux.
Hier, l’on apprenait qu’au moins 31 soldats maliens ont été tués dans le nord-est du pays, lundi 15 mars, dans l’attaque la plus meurtrière attribuée à des djihadistes contre les forces maliennes cette année, selon un nouveau bilan obtenu mercredi de sources militaires et locale. Un précédent décompte de l’état-major faisait état de onze morts, onze disparus et quatorze blessés.
Même les partisans les plus résolus de la paix et de la réconciliation ne reconnaitront que ce bilan qu’un bilan aussi lourd fait vaciller les convictions les plus inébranlables. C’est vrai que le Dialogue National Inclusif a recommandé le dialogue avec les chefs jihadistes maliens, en l’occurrence Iyad Ag Ghaly qui dirige le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et Amadou Kouffa, chef de la katiba du Macina. Bien avant, la Conférence d’Entente Nationale (CEN) avait fait une recommandation allant dans le même sens. «J’ai le devoir et la mission de créer tous les espaces possibles et de tout faire pour que, par un biais ou un autre, nous parvenions à un apaisement. Il est temps que certaines voies soient explorées […]. Nous ne sommes pas des gens butés, bloqués ou obtus », avait déclaré l’ancien président Ibrahim Boubacar KEITA, le 10 février 2020.
En face de la volonté politique, de la main tendue, au moment même où un accord de cessez-le-feu est conclu à Niono ; se trouve le canon des armes, la barbarie d’obscurantistes sanguinaires. Sans perdre la foi aux vertus du dialogue, cette attaque indique à reconsidérer les propos du Président MACRON dans un entretien donné à Jeune Afrique, en novembre 2020: « avec les terroristes, on ne discute pas. On combat. » La situation ressemble à une navigation dans la purée de pois.
A moins que les Maliens reniant leur fierté et prenant prétexte de recommandations souvent superfétatoires, ne choisissent de passer sous les fourches caudines. Parce que le déshonneur de la capitulation, c’est un choix ; mais très peu glorieux évidemment. Préférer le confort des bureaux climatisés, à l’inconfort des champs de bataille pour la reconquête de la dignité piétinée par des bandes de coupe-jarrets, est également un choix, quoique discutable et méprisable. Le Mali kura, c’est le Mali qui sait défendre ce qu’il a de plus cher : son honneur qui va au-delà des réformes politiques et institutionnelles qui ne sont en réalité perçues que comme le meilleur moyen d’accéder au pouvoir. Dans le ‘’Mali kura’’, la peur doit changer de camp. C’est en cela que nous serons dignes de nos illustres devanciers. Il ne s’agit là ni d’une incantation ni d’une prédiction ; mais de ce qui doit être.
PAR BERTIN DAKOUO
Info-Matin