Réserves sur le projet de la nouvelle Constitution : Quand des partis politiques revoient leur copie
Après une série de réserves des formations politiques sur le projet référendaire, dont la date du scrutin sera connue bientôt, c’est désormais la phase des revirements. Ou presque !
Lentement, mais sûrement, le pouvoir de Transition s’est activement mis en mission, pour faire aboutir le processus d’adoption de la nouvelle Constitution, que le Mali compte adopter.
En effet, en enclenchant la phase de vulgarisation du texte, les plus hautes autorités veulent jeter toutes leurs forces dans la bataille pour parvenir au oui lors du scrutin référendaire. C’est pourquoi, aucun effort n’est ménagé pour arrondir les angles et surpasser les réticences et oppositions au projet. Car, il semble que le Col Assimi Goïta et ses frères d’armes doivent leur avenir à l’adoption de cette future nouvelle Loi fondamentale. Ce d’autant que certaines dispositions de cette nouvelle loi fondamentale assurent une impossibilité de poursuites aux acteurs de l’ex-CNSP (entité à laquelle appartiennent les auteurs du coup d’Etat d’août 2020 et de mai 2021).
C’est dans ce sens que le pouvoir du Col Assimi Goïta met le pied sur l’accélérateur afin de convaincre tous les acteurs politiques réticents ou opposés à ce projet de changement constitutionnel. Et, selon nos sources, de nombreux partis politiques, organisations associatives et des personnes ressources sont entreprises pour adhérer au projet.
Il nous revient ainsi que les partis politiques comme le PARENA, l’ADEMA-PASJ et d’autres acteurs politiques ont été approchés pour revoir leurs positions hostiles au processus référendaire.
C’est dans ce sens que l’ADEMA-PASJ, dont le président, Marimanthia Diarra, et le Secrétaire général, Assarid Ag Imbarcaouane, sont des membres influents du Conseil national de Transition, l’organe législatif, a dû faire évoluer sa position. Ce parti, qui avait, à la phase de rédaction de l’avant-projet de texte constitutionnel, appeler à abandonner la réforme, a fini par ajouter de l’eau à son….gnamakoudji ! Le parti de l’abeille a-t-il fait de la realpolitik calculateur pour préserver ses éventuels privilèges et avantages lors les futures élections ? Trop tôt pour le dire. Mais ce qui est sûr, c’est que l’ADEMA-PASJ a désormais décidé de prendre acte du processus référendaire en chantier. Et ce, malgré les griefs que ce parti soulève par rapport au contenu même du texte. Ce qui a fait produire un communiqué plutôt ambigu par la Ruche, alors même que certains de ses hauts cadres rejettent le texte. Tel est le cas du vice-président du parti, l’ancien ministre Moustaph Dicko, qui affirme tout haut que la seule Constitution qu’il reconnait est celle en vigueur, la Loi fondamentale de 1992 ! Et le parti de l’abeille de conclure, dans ce communiqué, ceci : «… En conséquence, malgré ces réserves et commentaires pertinents ci-dessus formulés, l’ADEMA-PASJ soucieux de la stabilité et de la réussite du processus de transition en cours dans notre pays, prend acte du projet de Constitution ainsi finalisé et se fera le devoir d’en assurer une large diffusion auprès de l’ensemble de ses militants de l’intérieur et de la diaspora ». Sauf qu’il n’est pas aisé de comprendre comment l’on peut émettre des réserves sur un projet de nouvelle Constitution tout en « se faisant le devoir d’en assurer une large diffusion ». Sacrée incohérence du parti de l’abeille qui a habitué les Maliens au…. miel des volte-face et des entourloupes ! Ce qui pourrait faire jurisprudence, en attendant que l’AIGE ne propose la nouvelle date pour la tenue du référendum…
Par ailleurs, l’on signale que d’autres acteurs sociopolitiques, ayant au prime abord affiché leur opposition à ce projet de réforme constitutionnelle, se préparent à changer de fusil d’épaule, en embouchant la trompette de la …résignation ou de l’accompagnement pur et simple. Le besoin de refondation de l’Etat malien passerait peut-être par ces pirouettes ? Pour peu que les intérêts du peuple malien y soient préservés.
Boubou SIDIBE/maliweb.net