Politique/ Général Sinko Coulibaly parle : «IBK n’aime pas le Mali. Il n’aime, non plus les Maliens ! »
A la suite de ces révélations, l’on comprend mieux le désamour entre IBK et le Général démissionnaire. Moussa Sinko Coulibaly était sur les antennes de la Radio PEACE FM, occasion pour lui, de faire des révélations fracassantes en langue nationale Bambara sur IBK et les siens, les raisons de sa démissions de l’Ecole de Maintien de la Paix, etc. Voici l’essentiel de ses déclarations.
«J’ai toute les raisons d’affirmer aujourd’hui qu’IBK n’aime pas le Mali et non plus les Maliens. Une seule illustration pour démontrer cette affirmation : La loi de Programmation militaire !
Ladite Loi prévoit la construction d’un hôpital militaire. Mais à ce jour, une seule brique de cet édifice n’a été posée.
Alors que j’étais Directeur de l’Ecole de maintien de la Paix, nous avions eu la chance et le privilège, mes collaborateurs et moi, d’avoir la confiance des partenaires étrangers lesquels ont favorablement accueilli toutes nos propositions. Nous ne nous sommes pas limités aux activités au sein de l’EMP [Ecole de Maintien de la Paix ALIOUNE BLONDIN BEYE].
Nous sommes allés à leur encontre pour leur proposer plus : la construction d’un Hôpital Militaire. Sur la base de la même confiance, ils ont accepté.
Nous avons immédiatement entrepris le montage du projet. Les premiers travaux ont duré deux ans. C’est M. Diop qui a élaboré le plan architectural à hauteur de plusieurs millions F CFA. Avec les partenaires nationaux et étrangers, nous avons exécuté cette première phase du projet, un véritable joyau d’une valeur d’environ 100 milliards CFA, et n’ayant nulle part son pareil en Afrique. Et les partenaires se sont engagés de le construire gratuitement pour nous.
L’Hôpital en question avait initialement une vocation sous-régionale, appelé à servir le Mali ainsi que tout l’Ouest-Africain. Quoi de plus normal au regard de la présence des armées étrangères ici au Mali. Aussi, avec cet Hôpital, plus question d’aller se soigner à l’étranger. !
Tous les travaux théoriques de conception étaient désormais terminés. C’était le moment de présenter le projet aux autorités compétentes et obtenir leur feu-vert pour la phase d’exécution.
Je me suis alors rendu chez le Ministre de la Défense pour lui faire part de la situation. A ce stade, il revenait aux autorités compétentes des pays engagés, de prendre le relais. D’où ma présence chez le Ministre. Transparence oblige, je lui ai envoyé les collaborateurs, Ingénieurs et Architectes impliqués dans le dossier en vue de lui donner d’amples explications.
En retour le Ministre de la Défense, au moment des faits, indiqua avoir bien compris. De ce pas, nous avions rédigé et envoyé une correspondance aux partenaires concernés.
Quelques jours plus tard, j’ai téléphoniquement appelé lesdits partenaires lesquels ont indiqué n’avoir reçu le moindre courrier. J’ai plusieurs fois répété l’opération et j’ai toujours obtenu la même réponse : aucun courrier ne leur est parvenu.
Il s’avère que le document a été égaré entre le Ministère des Affaires étrangères et notre Ambassade dans le pays d’accueil des Partenaires. On a cherché la lettre en vain ! Sans succès ! Et pendant ce temps, les partenaires nous appelaient tous les jours pour demander de leur envoyer au plus vite ladite correspondance, à moins, disent-ils, que nous ne soyons plus intéressés par le projet.
Alors je suis reparti chez le Ministre de la Défense, entretemps un changement est intervenu à ce niveau et un nouveau ministre avait pris fonction-là. J’ai donc rencontré le nouveau ministre.
Nous avons eu une séance de travail et je lui ai tout expliqué. Il s’est montré disponible et a écrit une nouvelle lettre destinée aux partenaires qu’il m’a remis. Je me suis personnellement chargé de l’expédier par DHL, la première étant perdue en chemin, entre le Ministère des Affaires étrangères et l’Ambassade du Mali à l’étranger.
Quelques jours plus tard, ils m’ont envoyé un haut cadre du RPM. Ce dernier m’a demandé ce qu’il y a lieu de faire à propos de la construction de l’Hôpital en question ? Qui posera la première pierre de lancement des travaux ?
Je lui ai répondu n’avoir nullement besoin d’honneur pour la pose d’une première pierre. Le choix de cette personne nous importe peu. Nous n’avons non plus besoin de paraître à la Télé ou de recevoir un quelconque honneur lors de cette cérémonie. Que ce soit le premier Ministre ou le Président de la République, peu importe pour nous. L’essentiel étant notre Hôpital, le lancement effectif des travaux.
En vérité, ils s’étaient concertés avant de me rencontrer et se sont dit que la réalisation d’un tel projet profitera plus au Général SINKO qui en tirera toutes les dividendes politiques et ses corollaires auprès des militaires en l’occurrence. Toute chose qui constituera une menace pour leur pouvoir.
Ainsi, la semaine qui a suivi, le Ministre [de la Défense] m’a adressé une lettre avec un très long contenu pour me signifier d’abandonner ce projet qui n’est nullement compris dans la description de mes taches. J’ai reçu la correspondance le Vendredi. Le mardi, je me suis rendu chez le Ministre, au bureau. Et je lui ai fait part de ma totale incompréhension. Je ne comprenais pas du tout, d’autant qu’à la suite de sa nomination, je lui ai adressé des mots de félicitation et lui ai fait part de toute ma disponibilité à l’accompagner. Mais là, lui ai-je dit, je ne comprenais pas. Pas du tout !
Occasion pour moi de lui rappeler que c’est sur la base de la confiance et de l’estime que ce projet est arrivé. Et la confiance ne se décrète pas. Aussi, ils [les partenaires] n’ont rien demandé ou exigé ! Rien ! Ils veulent juste nous faire cadeau d’un Hôpital militaire.
Et tertio, moi Général Moussa Sinko n’a absolument aucun intérêt personnel dans cette affaire. Je ne suis pas médecin, Infirmier ou Aide-Soignant et ce n’est pas dans l’intention de faire soigner personnellement dans cet Hôpital. Et je ne possède non plus, d’entreprise de travaux publics devant postuler pour le marché de construction. Rien de tout cela ! Nous avions juste profité d’une situation au bénéfice des militaires et des Maliens en général. C’est tout ! Nous n’avions aucune autre préoccupation ou agenda. Ce qui m’importe surtout, c’est de ne perdre la confiance et l’estime des partenaires.
Et du coup, je l’ai informé de la prochaine visite du ministre du pays de résidence des partenaires. Il vient juste sur place, confirmer le financement du projet…
Mais eux, étaient toujours dans la logique de savoir combien le Général Sinko gagnera sur les 100 milliards représentant le montant le financement du projet ? Et le capital de sympathie qu’il gagnera auprès des militaires ! Et que se passera-t-il ? Enfin de compte, le projet a été purement et simplement annulé !
Comment comprendre qu’un Président de la République renonce à la construction d’un Hôpital pour ses citoyens, civils et militaires, refuser la santé à ses compatriotes et prétendre ensuite aimer son pays ?
Si d’aventure ce président de la République ignorait les faits, c’est pour lui l’occasion d’abréger son mandat… Je pense qu’il vaille mieux pour lui d’en être informé. Le contraire aurait été très grave.
Peut-il, à la lumière de ces faits soutenir aimer le pays et les enfants de ce pays ?
Je rappelle que la construction de l’Hôpital n’était qu’un petit aperçu de ce dont ces partenaires sont à mesure de faire pour notre pays. Mais tout simplement parce que le nom du Général SINKO figure dans le dossier, alors on annule tout.
Outre ce projet, beaucoup d’autres déceptions (cas de mauvaise gouvernance, d’injustice, de pauvreté, etc.) m’ont incité à la démission et à créer un politique en vue de conquérir le pouvoir et de faire profiter aux Maliens les nombreuses opportunités disponibles, en toute vérité.
Traduit et transcrit par Batomah Sissoko
(Sphinx No 755 du 17 octobre 2019)
L’Aube