Plus que la vindicte de revanchards politiques et d’aventuriers islamistes: le complot du 5juin

Sur un ton incisif, l’auteur de cette tribune cloue au pilori les membres du Gouvernement pour déloyauté. Leur pacte politicard avec le Président de la République n’a pas n’a pas résisté à la charge des acteurs du M5-RFP. Ils se mettent sur répondeur, le temps que la bourrasque passe pour s’aligner après derrière celui qui tiendra encore débout. Lisez plutôt.
« Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle – S’il n’a l’âme et le cœur et la voix de Néron » Alphonse de Lamartine
Que répondre à Victor Hugo, lorsqu’il dit :
« Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s’en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité ! »
De palinodies en pantalonnades, l’équipe gouvernementale du Premier ministre Boubou Cissé n’arrive pas à rétablir une relation de confiance, de compréhension et de fidélité réciproque pour faire face aux problèmes du Pays. Nous avons comme chacun sait un gouvernement de prétention et de mièvrerie, mais pas une équipe d’ambition et de compétence pour faire face à la situation. Depuis un an, le Gouvernement a du mal à convaincre qu’il est capable d’empathie envers les Maliens. Pourquoi des cadres cooptés et parachutés parfaitement installés dans les fromages de la République s’amuseraient à ruer dans les brancards en donnant l’impression d’être hypnotisés, fossilisés, immobilisés on dirait le serpent devant son charmeur ? Devant tant de chamailleries et d’humiliations, ce type de comportement à un nom, il s’appelle soit : l’entrisme ou le manque de loyauté.
La défiance envers le Gouvernement
En effet, depuis une dizaine de jours, les organisateurs (la CMS, EMK et FSD) du 5 juin 2020 s’activaient pour tenir ce rassemblement à haut risque pour l’exécutif voire pour le pays entier. Malgré l’interdiction des manifestions de plus 50 personnes pour raison de prévention contre la maladie à Coronavirus, ils ont appelé au rassemblement et n’ont pas fait mystère sur leur intention : faire partir le Président IBK de Koulouba. En s’attaquant ouvertement à la première Institution de la République, les organisateurs n’ont fait ni plus ni moins qu’une tentative déguisée de coup d’État. Comme s’ils voulaient narguer le gouvernement et la majorité. Comme défi c’en est de trop pour la première institution à un moment où tout doit concourir à consolider le peuple dans un front commun contre le terrorisme et la pandémie du Covid-19. Des activistes de tout acabit, certains formés sur le tas dans la communication virtuelle ; d’autres aguerris dans l’affichage, se sont donnés corps et âme pour que ce meeting fasse date dans les annales de l’histoire politique contemporaine de notre pays. Ils ont voulu montrer leurs muscles; ils l’ont réussi fort bien et peut-être au-delà même de leur propre espérance.
Déloyauté ou trahison ?
Les organisateurs du 5 juin n’avaient pas les moyens, mais ils se sont donné ces moyens. Ils avaient promis et ils l’ont fait. Or pendant ce temps où étaient les ministres du gouvernement ? Trente-huit (38) femmes et hommes, alignés dans une équipe bénéficiant de l’entière confiance du chef de l’État, ont brillé par leur absence à ce moment crucial où leur présence active est plus que jamais nécessaire. On se pose la question de savoir si cette attitude n’est-elle pas assimilable à de la déloyauté ou à une trahison ?
N’ont-ils pas cru que ce meeting actait la fin du régime et qu’il faille pour eux garder le profil bas pour préserver leurs intérêts personnels et familiaux et conserver toutes leurs chances de se refaire une nouvelle virginité avec la nouvelle équipe qui arriverait. Si cela n’était pas de la déloyauté, comment faudra-t-il la qualifier ?
Comment comprendre que le ministre de la communication, chargé des relations avec les institutions et porte-parole, Yaya Sangaré comme il aime à se présenter, n’a rien pu pour empêcher la propagande des adversaires de prospérer. Baron de l’ADEMA qui a toujours été et roulé pour ses intérêts claniques a observé une attitude passive et intrigante comme si c’était la meilleure posture à tenir face à des ennemis déclarés du pays.
Quand on regarde l’efficacité de la communication de la CMAS qui ne dispose que d’une page Facebook et de volontaires engagés à ses côtés avec des moyens de bords, on en vient à conclure que le porte-parole du gouvernement a besoin de s’inscrire à leur école pour y apprendre. Soit il ne connaît pas son travail soit il a trahi.
Être porte-parole du gouvernement ne se résume pas à se barricader dans son douillet bureau pour signer communiqué sur communiqué, communiqués du reste qui sont non seulement de mauvaise facture, mais n’ont aucune chance d’être lus tant ils sont de piètre contenu et de mauvaise destination. Ceux qui attaquent le président de la République ne s’encombrent pas de formules démodées et méconnues de la génération qui marche et qui conteste.
Un manque de courage
Comment comprendre l’attitude du ministre de la Justice et des droits de l’homme, le justicier Malick Coulibaly qui est prompt à s’en prendre aux soutiens du président dans un populisme éhonté, mais manque le courage pour interpeller et arrêter ceux qui appellent publiquement au renversement des Institutions, ceux qui insultent… et injurient alors que l’ex-député Mamadou Awa Gassama aurait été écroué pour injure non publique à l’encontre d’un voisin fut-il magistrat. Il y a des postures qui intriguent.
Que comprendre dans l’autorisation du gouverneur de Bamako, le très Asmatique Baba Hamane Maïga en faveur d’une marche en porte-à-faux avec les mesures édictées par le gouvernement contre la propagation du coronavirus notamment l’interdiction de tout regroupement de plus de 50 personnes ! Le gouverneur a-t-il obtempéré à une injonction de la hiérarchie ou a-t-il pris des libertés de sa propre initiative. Dans l’une comme dans l’autre hypothèse, la question de la faute administrative demeure entière. Et le Gouvernement ridiculisé.
Pourquoi l’administration a été fermée à 11 heures et que les banques avaient choisi de baisser les rideaux ce vendredi-là comme la plupart des commerces à Bamako ? Intrigant !!! Intrigant car la désertion concertée des uns et l’éclipse à l’anglaise des autres a facilité la tâche aux organisateurs de la marche qui n’ont plus de souci à se faire quant aux éternels bouchons de fin de travail de début de week-end.
Le chaud et le froid
Où était le ministre des Affaires étrangères auquel aucune occasion n’échappait jusqu’ici pour justifier sa présence dans le gouvernement ? Que d’apparitions d’éclat pour rappeler à l’ordre Sidi Brahim Ould Sidaty ! Que de punch quand il s’agit de faire ravaler aux journalistes leurs langues ! Supposé proche du chérif de Nioro, Tiébilé Dramé n’a rien réussi à ce niveau pour « pacifier les sentiments » du vénérable leader religieux envers le régime à défaut d’obtenir son ralliement.
Grand contestateur devant l’Éternel, le ministre des Affaires étrangères serait le « fabricant » et le « coach » de tous ces activistes qui tiraient à boulets rouges sur le président. Il garderait encore le contrôle sur nombre d’eux … mais que fait-il depuis son entrée au gouvernement pour les contenir ? Lui qui animait des conférences de presse à minuit n’a pas pipé mot de toute cette affaire…! Pourquoi n’informe-t-il pas la communauté internationale ses amis de la menace salafiste que Mahamoud Dicko fait peser sur notre pays ? Sauf si par une alchimie verbale dont la diplomatie a les secrets, il nous expliquait qu’il est en train d’agir avec discrétion et efficacité… (sic !) !!! Était-il avec la Communauté internationale chez Mahmoud Dicko, il connaît tellement les contours et les détours secrets pour rencontrer urgemment et secrètement l’Imam sur les sujets sensibles. Comme ce fut le cas en février dernier !
L’attitude de Tiébilé Dramé ne donne-t-elle pas à penser que peut lui en chaud ce qu’entreprennent ces activistes pourvu que lui, soit ministre !
Où est le ministre de la Sécurité et de la protection civile le Général Salif Traoré pour faire respecter la loi par ceux qui contre toute logique, ont dirigé des marcheurs vers la résidence du chef de l’État ? Chut ! Il n’a pas encore fini de diriger sa cellule Com et relations publiques !
Que comprendre dans la lettre confidentielle du Chef l’État-major Général des Armées, le Général Abdoulaye Coulibaly qui a fait fuiter sur les réseaux sociaux (involontairement ou expressément), un message appelant l’Armée à une neutralité à la trame félonne dans une épreuve subversive où la position républicaine (le parti-pris) des FAMA aurait du s’imposer d’évidence : être au service des autorités civiles et de la République, et se retirer dans les casernes en abandonnant les institutions à la vindicte de revanchards politiques et d’aventuriers islamistes. Quelle neutralité doit-on s’invoquer face à des agresseurs de l’État ?
Qu’on le veuille ou non il ne doit pas avoir une fuite en avant pour ce qui est d’une éventuelle neutralité de l’Armée, soit elle soutient les institutions soit elle démissionne de sa mission régalienne. Intrigant !
Les propagandes foireuses
Où était-il le ministère de l’Économie numérique et de la prospective, elle qui fait assez de propagande sur ses startups, pour développer des stratégies pour contrer ces médias sociaux qui dans cette partie ont été catalyseurs, mobilisateurs, et relayeurs ? Ont-ils ou peuvent-ils avoir plus de moyens, plus de ressources humaines que tout un ministère dirigé par une dame qui, elle-même s’est déclarée aux Maliens par le biais des réseaux sociaux ? Il y a matière à réfléchir.
Que dire du ministre chargé des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile, Amadou Thiam, plus préoccupé par le retour de ADP-Maliba au sein de la majorité que de la gestion de son département ? Quand son chef de Cabinet M. Sory Ibrahim Traoré qui se croit toujours un agitateur de An tè A Bana dans une pantalonnade irrévérencieuse nargue la République : « mobilisons-nous pour la prise en compte des préoccupations légitimes du peuple dans le respect des Institutions de la République. » L’oxymore est de mauvais goût : il traduit l’entrisme et la déloyauté dans les plus hautes sphères de l’Etat !
Quid du divertissant ministre du Culte M. Thierno As Diallo, le garant de la laïcité, juste un silence assourdissant et scandaleux ! Au lieu de s’impliquer aux côtés du Haut Conseil Islamique, ici à Bamako, pour trouver des solutions à cette montée de mercure politico-religieuse, Thierno Hass Diallo choisit d’aller inaugurer des chrysanthèmes pardon des mosquées à Koutiala si ce n’est faire du tourisme.
Un Gouvernement spectateur
En définitive, le gouvernement se comporte comme un simple spectateur de la situation, il ne fait ni plus ni moins que de la figuration en constatant les problèmes tout en reconnaissant leur légitimité.
Or être ministre ne se résume pas à s’habiller pour paraître au journal avec ou derrière x ou y pour faire semblant de travailler et justifier le poste. Être ministre ce n’est pas être dans le gombo, c’est-à-dire paraître dans le gros plan aux côtés du président. Être ministre c’est être loyal envers le président de la République par la volonté de qui un ministre est ministre. C’est bien, et même succulent, d’être présent pour le meilleur, mais ça doit l’être aussi pour le pire. C’est défendre le président de la République au besoin et à tout moment. Quand le président de la République est attaqué, il ne saurait être envisageable et tolérable qu’un ministre puisse déserter et disparaître des radars comme tous l’ont été ces derniers jours. À quoi sert d’être ministre si à la première vague, on prend la poudre d’escampette ?
Ils ont tous disparu, du premier au dernier des ministres, croyant que Bilal avait sifflé la fin de la partie, pardon que c’était la fin du régime et qu’il fallait conserver toutes leurs chances de ne pas se compromettre ou être compromis aux yeux des nouveaux arrivants. La dignité commande de ne pas cracher dans la main qui nourrit. Comme on dit on n’est trahi que par les siens.
Mais Dieu veuille, il est et restera aux commandes : à quelque chose malheur est bon !
Ce malheur aura été peut-être le déclic !
Cette crise aura permis au Président la chance de connaître la profondeur de sa solitude, de la déloyauté de ceux en lesquels il a fondé sa confiance… Le président sait qui était là, qui sont là et qui seront là jusqu’au bout.
IBK reste IBK, il assumera le Mali devant l’Histoire envers et contre tous les déserteurs et les traîtres !

Moussa Traoré, enseignant
*Le titre et les intertitres sont de la Rédaction

Info-Matin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *